Attention, attention. OVNI en vue. Raunchy prend un malin plaisir à mélanger les styles et le résultat final est globalement plutôt réussi. Ce 'Confusion Bay' n'est de toute façon pas leur coup d'essai, les six danois déjantés (qui viennent d'ailleurs de changer de chanteur) ont déjà enfanté un album et moult singles et démos.
Ce second opus se situe donc aux confluents du cyber-power-metal, du néo, du metal extrême et de la musique électronique. Et même si leur dorénavant ex-chanteur Lars Vongstrup met un point d'honneur à ce que le groupe ne soit en aucun cas comparé, le premier nom qui vient à l'esprit est Fear Factory. Que ce soit la double épileptique et saccadée de Join the Scene ou l'ambiance 'electro-dark-indus-rock' de The Devil, le spectre de l'usine à peur californienne n'est jamais bien loin…
 
Nos danois jouent cependant sur bien d'autres tableaux, notamment deux côtés plutôt contradictoires : Une facette neo-metal guillerette, sautillante et bourrée de contretemps de charley qui donnent envie de se trémousser sur une piste de danse le vendredi soir, mais aussi une facette totalement extrême et déjantée à base de tempos infernaux, de blast-beats et de rythmiques purement thrash (c.f Insane par exemple). C'est cette deuxième facette notamment qui évoque sans conteste Devin Townsend dans ses moments les plus furieux, avec S.Y.L par exemple. La première facette, plus dansante et gentiment barje est probablement due à une écoute intensive des projets les plus barrés du sieur Mike Patton. Elle rappelle même par moments les deux premiers albums de nos chers compatriotes de Mass Hysteria. Il n'est pas impossible que Raunchy s'en soit inspiré étant donné que leur batteur adule Gojira…
Cessons cependant de chercher à les comparer à tout prix, sous peine de se voir coller un procès au derrière par celui qui leur a servi de chanteur pendant leurs 10 premières années d'existence.
 
En ce qui concerne la composition, pour synthétiser, il faut retenir que Raunchy mélange les guitares tronçonneuses accordées 7 octaves en dessous de la moyenne avec une section rythmique du genre sous amphétamines, chirurgicale et complètement triggée en ce qui concerne la batterie. Le clavier et les samples sont prépondérants dans cet album. Ce sont eux qui, la plupart du temps, déterminent l'ambiance d'une chanson ou d'un passage en particulier, les rendant tour à tour, sombres, majestueux (à la limite du pompeux) ou plus sobrement dansants.
Pour finir, la voix de Lars V. est très à propos dans le registre clair, dans les aiguës comme dans les graves. Cette capacité impressionnante à changer de registre lui permet de coller parfaitement aux nombreuses variations d'ambiance et d'apporter une très grosse dimension mélodique aux compositions. Un petit bémol cependant, la voix 'agressive' de Lars manque singulièrement de puissance à mon avis. Dans un registre assez proche de celle du chanteur de Killswitch Engage, a savoir oscillant entre éructations thrash, grondements death et phrasés hardcore, celle-ci se révèle pourtant plutôt plate et on se rend vite compte que ce sont la production (très bonne soit dit en passant) et les nombreux effets qui la rendent globalement crédible dans ce marasme de chaos sonore
Un album qui frôle donc la mention excellent mais que certains petits détails agaçants rabaissent au rang de bon album d'un groupe prometteur. Pour peu que le nouveau chanteur maîtrise mieux les gargarismes, il faut s'attendre à une véritable déferlante Raunchy dans les années à venir. A écouter absolument pour tous ceux d'entre vous qui aiment la musique extrême et mélodique mais qui ne sont par réfractaires aux sonorités modernes, aux éléments synthétiques ou dansants et au groove.
 
Rano (08/10)
 
 
Nuclear Blast – M10 / 2004
 
Track listing (52:05)
1. Join The Scene 2. I Get What I see 3. Summer Of Overload 4. Watch Out 5. 9 – 5 6. Show Me Your Real Darkness 7. Confusion Bay 8. The Devil 9. Insane 10. Morning Rise And A Friday Night 11. Bleeding #2