Voici un album attendu au tournant par plus d’un. Après l’esquisse de retour aux sources proposé par Machine Head sur le précédent opus, il était de bon droit de se demander si la tendance allait se confirmer ou s’inverser à nouveau pour retourner vers des contrées plus néo comme à l’époque de The Burning Red et Supercharger.
N’y allons pas par quatre chemins, ce sont bien les fans de ces deux derniers albums qui risquent d’être les plus déçus. The Blackening, le Machine Head cuvée 2007, est un cocktail explosif de power/thrash/heavy moderne, savamment composé et exécuté par la bande de Flynn. Et pour couronner le tout, le groupe se permet le luxe de hausser le niveau technique et d’expérimenter un côté légèrement épique qu’il n’avait jamais laissé entrevoir auparavant. La stabilité du line-up et l’apport de Phil Demmel y sont sûrement pour beaucoup.
 
Sur 8 titres, 4 dépassent ou avoisinent les 10 minutes de temps. Le premier, en guise de mise en bouche, « Clenching the Fists of Dissent » donne un avant-goût parfait du reste des compositions. Alternance de riffs thrash, de passages ultra lourds, de mélodies bien senties mais aussi de soli particulièrement recherchés et de quelques passages plus atypiques pour le Machine Head que nous connaissions jusqu’à présent : nombreuses guitares harmonisées typiquement heavy et duels de leads. Vu comme ça, l’ensemble pourrait paraître tel un amalgame douteux de genres entremêlés les uns aux autres mais force est de constater que les enchaînements et les breaks sont particulièrement peaufinés et le morceau passe comme une lettre à la poste, les changements de tempo, d’ambiances et de rythmiques sont parfaitement réussis.
 
Les 4 titres suivants, plus courts et peut-être plus accessibles sont véritablement taillés pour la scène, entre un « Beautiful Morning » avec sa double au taquet et son refrain accrocheur et un « Aesthetics of Hate » très thrash et speed dans ses deux premières minutes avant de nous offrir de superbes arrangements de guitare très techniques et mélodiques ainsi que des changements d’ambiance qui prennent à la gorge, il ne fait aucun doute que MH est plus inspiré que jamais.
Si « Now I Lay thee Down » est sans nul doute le titre le plus mélodique de l’album, néanmoins très réussi et pas gnangnan pour un centime d’euro, « Slanderous » est plus mid-tempo et MH s’évertue de nouveau sur ce morceau à nous démontrer ses nouvelles inspirations heavy et l’utilisation optimale des deux guitares de manière dissociée.
 
L’album s’achève par trois morceaux longs et épiques d’environ dix minutes reprenant toutes les recettes citées précédemment. Mention particulière à « Wolves » et son refrain en tapping totalement entêtant. « A Farewell To Arms » reprend les choses là ou « Descend the Shades of Night » les avait laissées. Un morceau commençant dans la douceur avant de sombrer dans la lourdeur et l’oppression. Mais pour ne pas déroger à la règle, les soli entremêlés et les guitares harmonisées font une dernière apparition dans un déluge de breaks et de variations d’ambiances afin de ne pas lasser l’auditeur.
 
The Blackening nous présente donc un Machine Head peut-être à deux doigts du sommet de son art. S’il n’atteint pas la violence et la qualité de composition inouïe de Burn my Eyes, cet opus est de loin le deuxième meilleur album du combo de la Bay Area. Les nouvelles perspectives offertes par la technique et le sens du riff et de la mélodie de Demmel, l’affirmation d’Adam Duce en très bon bassiste et ses chœurs si typiques (c.f «Now I Lay thee Down »), la hargne intacte de Flynn à la voix et la légendaire machine de guerre Mac Lain derrière les fûts nous laissent présager d’une tournée et d’un avenir radieux pour un groupe qui trouve ici sa seconde jeunesse.
 
Rano [08/10]
 
Site Officiel : /www.machinehead1.com
 
Myspace Officiel : www.myspace.com/machinehead
 
Roadrunner Records / 2007

 

Tracklist (61:01) :
01. Clenching The Fists Of Dissent 02. Beautiful Mourning 03. Aesthetics Of Hate04. Now I Lay Thee Down 05. Slanderous 06. Halo 07. Wolves 08. A Farewell To Arms