L’attente a été longue mais il est là, enfin, le nouvel album des Four Horsemen. Je ne ferais pas parties de ceux qui tenteront de refaire l’histoire du groupe. On connaît tous plus ou moins la discographie de Metallica, ainsi que les succès et les déceptions qui vont avec. Succéder à un album comme Saint Anger ne relève pas forcément de la panacée et les dix-douze, dernières années ayant été ce qu’elles ont été pour le groupe, la pression inhérente à la sortie d’un nouvel album pour Metallica a dû être énorme. Quoiqu’il en soit il est évident que ce nouvel album revêt une importance non négligeable dans la carrière du groupe. Reste à savoir quel visage peut bien avoir le Metallica cuvée 2008. Cinq ans pour composer un album c’est long, et si le résultat n’est pas à la hauteur des attentes…vous voyez ce que je veux dire. Enfin, assez tourné autour du pot, je pense que vous êtes impatient de savoir de quoi il en retourne.

Bon, d’emblée le constat est rassurant : Metallica est en forme et semble avoir tiré les enseignements d’un St Anger en demi teinte, et c’est avec un sourire aux lèvres que l’on pense aux premiers efforts du groupe à l’écoute des nouveaux titres. Mais pas seulement, car on sent aussi que Saint Anger est passé par là. Le groupe semble en fait avoir composé Death Magnetic avec l’esprit tourné vers le passé, il semble avoir écouté les disques à succès de sa discographie pour en retirer les éléments positifs et les remettre à l’ordre du jour. Pas étonnant dans ce cas que l’on se dise « tiens, cette ligne mélodique me fait penser au Black Album… tiens, la structure de ce morceau me rappelle Master of Puppets, tiens ce refrain me fait penser à St Anger etc. ». Une sorte de melting pot du meilleur, selon le groupe lui-même aidé par un bon boulot de Rick Rubin. L’album démarre fort, et ça fait du bien de se dire que Metallica est de retour, mais cela n’empêchera pas une légère impression de recyclage sur certains passages. Les  vocaux sont hargneux, la guitare rythmique puissante et acérée et les structures des morceaux rappellent la grande époque, et même si l’album souffre ici et là de quelques longueurs (surtout « Suicide and Redemption » qui aurait mérité  quelques lignes de chant) on pourra apprécier une certaine rage et une énergie renouvelée qui fait vraiment plaisir ainsi qu’un bon paquet d’excellents riffs catchy (« The End of the Line », « Broken, Beat & Scarred ») et surtout, surtout le retour d’un son de batterie normal, car comme le disait Mister Patate dans un moment d’inspiration poétique « Sur St Anger la batterie ne sonnait pas Metal / On aurait plutôt dit une casserole Tefal » ! Enfin, ouf, les choses se sont améliorées de ce côté-là, heureusement, même si Lars Ulrich lui, ne s’est pas amélioré… C’est d’ailleurs une des chose qui fâche sur Death Magnetic : la pauvreté des lignes de batterie. Ulrich nous ressort toujours les mêmes plans, toujours la même frappe, et n’est pas subtile pour un sou… bref, les compositions du groupe gagneraient vraiment en intensité avec un batteur à la hauteur, ayant de la technique et sachant varier son jeu. Mais cela ne date pas d’hier… Dommage, je dirais même énervant, une fois de plus.

Les écoutes s’enchaînent, agréablement, confirmant les qualités de l’album mais dévoilant aussi peu à peu certains points faibles. Ainsi, on pourra aussi apprécier le retour des solis de guitare, même si Kirk Hammet est, lui aussi, décevant et peu inspiré, loin en tout cas du niveau d’antan. Et pour continuer sur ma lancée je ne finirais pas sans un mot sur la quasi invisibilité de Trujillo. La basse est certes discernable dans le mix, mais excepté sur les premières secondes de « All Nightmare Long » (excellentes intro d’ailleurs) et de « Cyanide » on ne le remarque presque pas. Trujillo place ses lignes, fait son boulot proprement comme à son habitude, mais rien de plus. On peut se demander pourquoi ses talents ne sont pas mis à profit depuis son intégration dans le groupe. La moindre des choses quand on a un bassiste de cette trempe c’est de laisser s’exprimer un peu. A mon avis il doit un peu s’emmerder le Robert avec de telles lignes de basse… surtout quand on a vu de quoi il était capable avec Suicidal Tendencies. Mais pour nuancer mes propos, je dois dire qu’au-delà de ces remarques individuelles sur les musiciens, l’album pris dans son ensemble reste quand même efficace et largement convaincant.  

Ne vous y trompez donc pas, malgré ces quelques zones d’ombre évoquées plus haut, le constat final est tout de même plus que positif et Death Magnetic, sans être exceptionnel, marque le retour d’un Metallica tel qu’on ne l’avait plus vu depuis un bon bout de temps. Espérons qu’ils poursuivent sur cette lancée et que la suite soit à la hauteur des espoirs fondés sur ce nouvel album.

Sheol (8/10)

 

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2008 – Universal Music

1. That Was Just Your Life, 2. The End of the Line, 3. Broken, Beat & Scarred, 4. The Day That Never Comes, 5. All Nightmare Long, 6. Cyanide, 7. The Unforgiven III, 8. The Judas Kiss, 9. Suicide and Redemption, 10. My Apocalypse