Oraidersa

Dans la vie d'un couple il est d'usage de dire que le point de rupture arrive avec la septième année d'union. En cette année 2008 j'en arrive justement à cette septième année fatidique d'union avec ce festival: j'y reviens en effet chaque été depuis 2002 et autant dire que j'avais un peu peur avant d'arriver à Dinkelsbühl ce mecredi car l'affiche ne m'intéressait pas énormément. Je m'y rends donc comme toujours en pélerinage mais avec cette fois-ci un petit peu d'appréhension.

Comme tout bon pélerinage qui se respecte je suis passé brûlé un cierge avant de quitter Strasbourg non pas pour arriver sur le site sain et sauf mais pour éviter de subir les soucis du départ de l'an dernier (en vrac: départ avec 2h de retard, bouchons sur l'autoroute et embouteillage monstre à l'entrée du site). Cela n'a visiblement servi à rien car à plus de 15km de Dinkelsbühl, nous sommes bloqués dans un impressionnant embouteillage comme des milliers d'autres festivaliers. A force de tourner dans le centre ville, de prendre des petites routes de campagne, nous parvenons enfin à rallier le site (que dieu bénisse l'inventeur du gps). Enfin rallier ne signifie pas qu'on y est car on doit encore subir un controle de routine de la part de la sécurité qui constatera une fois encore que nous n'avons pas emporté avec nous de bouteilles en verre (strictement interdit dans ce fest).

Le temps de prendre possession de nos pass, de s'ouvrir des bières, de monter nos tentes et nous nous retrouvons rapidement sur le site du festival encore vide (le calme avant la tempête). Des engins de chantier y sont encore présent et les bottes de foins sont déjà prêtes à être piétiner dès le lendemain par des milliers de metalheads. L'organisation a eu la bonne idée de faire débuter cette année les concerts dès le mercredi après-midi. En effet les hostilités ont été entamé dès 16h dans la party tent avec des petits groupes. L'ambiance qui y règne est excellente, la bière coule déjà à flots et le son n'y est pas trop mauvais. On retiendra notamment la prestation des néerlandais de Hail Of Bullets (composé par la dream team hollandaise de la scène death). Une soirée courte mais déjà intense en retrouvailles, boissons et conneries.


On arrive sur le site en ce premier jour en début d'après-midi pour voir le concert d'All Ends (1). Les suédois ne se débrouillent pas trop mal, les deux chanteuses occupent bien la scène mais en font un petit peu trop quand il s'agit d'interpeller le public (on se serait cru à un concert de Lacuna Coil). Bien sympa pour entamer en douceur cette journée et de la douceur on en avait besoin car c'est maintenant au tour des bouchers belges d'Aborted (2) de jouer. Malgré un son brouillon et une faible assistance, ils ont réussi à mettre l'ambiance grâce à un set débordant d'énergie. La part belle a été faite au dernier opus Strychnine.213 sorti quelques semaines avant. A voir en live car ça envoit rudement bien le steak!

Ceux qui n'envoient pas le steak par contre ce sont les membres du groupe suivant Saltatio Mortis, un énième ersatz d'In Extremo, qui sont sur le point de fouler la grande scène. A défaut donc de me faire saigner les oreilles, j'ai décidé avec d'autres de me faire péter le bide :p On reviendra un peu plus tard pour regarder du coin de l'oeil le concert bien mais sans plus de Graveworm  et celui poussif de Soilwork.  Un groupe que j'apprécie sur cd mais qui en live me déçoit à chaque fois. Ils jouent correctement, sont carrés sur scène mais il manque malgré tout un petit quelque chose. Histoire de se changer les idées on se dirige à présent vers la party tent pour assister au set de Negura Bunget qui sont soit dit en passant nos voisins de camping! L'ambiance confinée dans cet endroit fut parfaite pour leur concert; un show pas intimiste mais presque qui leur a permit de déployer tout leur talent.

On se serait cru par moment comme transportée par leur musique (bon ok faut avouer qu'à ce moment de la journée, j'avais déjà pas mal bu mais même sans l'effet euphorisant de l'alcool, j'aurai ressenti la même chose, enfin je crois). La demi heure de concert est passée vraiment trop rapidement et on se dit que l'on parviendra probablement à les soudoyer cette nuit pour qu'ils nous fassent rien que pour nous un concert au camping (bien évidemment on a oublié de le leur demandé …). 

On ne s'attardera pas sur le show d'Arch Enemy déjà vu à maintes reprises et on en profitera pour aller faire un tour au metal market toujours très bien fourni, enfin trop bien fourni pour moi comme d'habitude.
Place aux poids lourds maintenant avec Behemoth. Très bonne prestation des polonais emmené par un Nergal déchainé. Un set en tout point excellent, violent et malsain. Marduk qui passe sur cette même scène quatre heures plus tard a intérêt à faire fort pour rivaliser avec eux. C'est de loin le meilleur show que j'ai pu voir du combo et Nergal (qui dans la mythologie est le seigneur du royaume des morts, dieu des enfers et de la destruction) a parfaitement rendu honneur à son titre ce soir. On va se repose les esgourdes à présent en compagnie de Paradise Lost. Les anglais toujours menés d'une main de maître par le très souriant Nick Holmes nous proposeront un set de bonne facture avec une set-list piochant dans nombre d'albums du groupe. A noter que les lights étaient particulièrement soignées et que l'ambiance dans le public se prêtait plus à un concert de metalcore (au vu du nombre de slammeurs) qu'à un gig de dark gothic metal (si bien sur on peut qualifier les compos de Paradise Lost par ce style).  

Nouveau moment de recueillement dès 22h devant la pain stage car s'apprête à entrer en scène ce que l'Irlande a fait de mieux depuis bien longtemps: Primordial . L'adjectif primordial sert à définir quelque chose qui est de première importance, bref quelque chose de capital, de vital, de fondamental et même d'indispensable.

Dans le cas présent, il était indispensable d'être à ce concert. Ce concert fut en tout point magistral. Aucune comparaison avec le show déjà très réussi que j'avais vu il y a moins de 15 jours à Wacken. De par leurs compos et le charisme de leur frontman, ils ont délivré en ce jeudi soir une prestation que nous n'oublierons pas et qui fera sans aucun doute date dans l'histoire du festival. On s'est senti tout au long de leur set, comme habité voire transporté par leur musique. C'est de l'émotion à l'état brut, du bonheur qui a fait coulé des larmes et qui a permi une certaine communion notamment pendant les interprétations de As Rome Burns, Gallow's Hymn, Empire Falls. Tout autour de moi, beaucoup fermaient les yeux, et chantaient le poing levé les hymnes des irlandais. Ce ne fut non pas une claque ni même un bataillon de panzers qui nous a mis dans cet état ce soir là mais bien un moment divin. A moins d'un miracle, il est peu probable qu'un autre groupe parvienne à me donner pendant le reste du festival un aussi beau moment.

Autant dire qu'au sortir de ce show, on n'est pas prêt à se laisser à nouveau submerger par d'autres émotions, on a qu'une seule et unique envie: faire durer cet instant, en parler encore et encore. On loupera donc le concert d'Helloween (4) pour ressasser le concert de Primordial. A vrai dire on en loupera même le début du set de Marduk (5). Comme d' habitude les suédois délivreront un show hargneux, sombre et violent. Ce sera même plus brutal que lors de leur dernier concert à la laiterie. Arioch excelle toujours autant en tant que chanteur et n'a rien perdu de son côté malsain. C'est la première fois depuis le départ du précédant chanteur (Legion en décembre 2003) que je parviens à assister à un concert du groupe sans le regretter. On partira avant la fin pour écouter le dernier titre de Tyr qui joue sous la party tent mais on arrive hélas trop tard. On prend notre mal en patience autour d'une bière en patientant jusqu'au dernier concert (pour nous) de la journée qui sera celui de Cult Of Luna

 

 En live le groupe donne à sa musique une toute autre dimension, une réelle émotion se dégage de la scène, et je me prends d'un coup à apprécier le post (glourps!). Les suédois occupent parfaitement la scène, ils font même appel lors d'un titre à un instrument que je n'avais encore jamais vu sur scène: une trompette. Bref un show idéal pour finir cette première journée de festival.

Deuxième jour / troisième jour.