BloodyMary_WeRockYouSuckDu hard rock français. C’est déjà quelque chose en soi de poser son oreille sur une galette fraîchement sortie des fournils de notre beau pays dont le hard rock est un peu trop souvent vu comme limité à Trust. Mais pas de faux pas, ici on ne parle pas d’un chant en français, d’années ’80 ayant plus ou moins bien vieillies selon les avis… Ici le patriotisme fait rapidement un pas en arrière pour laisser la place au côté international des influences, à la modernité résolue et à la puissance d’une production faite maison. 
Parce que ce groupe envoie du lourd, il fallait le dire vite, mettre les choses au clair. Et tout cela prend encore plus d’importance quand on découvre que le son tiens le choc, et est même plutôt très bon. Malgré, il faut le souligner, une voix qui gagnerait à être plus chouchoutée de temps à autres.
Alors pourquoi Bloody Mary peut aisément se revendiquer comme international ? Premièrement, et il faut le souligner, la scène française a un peu trop souvent tendance à être taxée d’amateurisme, mot qui n’a pas sa place ici. Les musiciens poutrent sévère, maîtrisent leur sujet et n’ont strictement aucun complexe à avoir. Le chant en anglais est excellent, la guitare posée avec justesse, et avec un guitariste reconnu (prof au MAI) qui se reconvertit pour l’occasion au bassiste, on sait que le son bien posé de la batterie sera soutenu avec brio.
Deuxièmement, il est impossible de passer à côté de l’élégant travail fourni par le groupe pour faire de cet album, de ce premier essai, quelque chose de virevoltant. On retrouve ainsi les bases du bon vieux hard rock à l’européenne, modernisé pour l’occasion, et difficile de ne pas penser à de très gros calibres comme Shakra dès les premières notes… De ne pas relever les chœurs millimétrés à la façon du Crüe ou encore des jeunes flingueurs que sont les suédois de Hardcore Superstar et Crashdïet. Difficile également de ne pas se laisser emporter par les rythmes posés, précis, par ce sens du riff à l’américaine qui fleure bon le Lies des Guns n’ Roses, l’esprit de Poison, de Cinderella…
Le groupe s’articule comme un power trio, et assume ce choix en proposant une approche à leur musique dépouillée (à prendre dans le bon sens), directe, sans compromis. Tout fonctionne, et les riffs s’enchaînent avec une facilité déconcertante, parfois étonnante. On pourrait parler d’une nonchalance bluesy, d’un rock qui ne se cherche pas mais se trouve à chaque instant. Sur les mélodies entraînantes de Big City Lights, la baisse de tempo limite stoner de Living it Large qui emportera sûrement avec le temps la palme de meilleur morceau de l’album. Une ballade s’est fait une petite place obligatoire sur la septième piste, mais Restland ne dénature pas l’ensemble, il vient s’intégrer naturellement et solidement. Reste un On My Own tubesque et un Love is Addictive qui fait figure de single, et qui justifiera cette appellation en s’ancrant dans votre tête pour de longues heures dès la première écoute.
Un album résolument intéressant donc, vivant et précis, plaisant et concret. Il ne lui manque qu’une chose à cette petite galette, la chaleur du live pour un groupe qui doit à coup sur prendre une toute autre dimension une fois installé sur scène.

Necrogunslinger (08/10)

myspace.com/bloodymaryrockband

Autoproduction / 2008

Tracklist (45 minutes) : 01. Mary go round 02. On my own 03. Llove is like addictive 04. This time tomorrow 05. Showtime 06. Hollywood 07. Restland 08. Tequila 09. Big city lights 10. Living it large