Que vient faire un disque live d'Alan Parsons sur les rivages de Metalchroniques ? Le disque d'Alan Parsons peut sembler complè-tement égaré sur le site tant l'on sait que le compositeur/producteur n'a jamais, au grand jamais, flirté avec le hard rock. Toutefois, Alan Parsons Project a touché, à une époque, au rock progressif malgré l'orientation rock/pop/électro globalement dominante du combo à deux têtes. Et malgré une optique musicale généralement dépouillée et des formats de chanson assez compacts, les volontés d'expérimentation, notamment sonore, ont caractérisé une majorité des disques d'Alan Parsons Project, tout particulièrement les premiers opus (I Robot ou Tales Of Mystery & Imagination). Cela explique peut-être le fait que Frontiers ait signé Alan Parsons, alors que les horizons du label napolitain relèvent plutôt de l'AOR, du sleaze ou du hard mélodique. 

Ne boudons pas notre plaisir puisque Alan Parsons livre ici une prestation de très bonne qualité. Certes Eric Woolfson a déserté les rangs depuis bientôt depuis vingt ans et Alan Parsons a pris en charge 80 % des parties chantées tout en s'entourant d'un backband très solide bien que constitué de personnalités médiocrement connues. Même si la voix de Parsons – déjà présente sporadiquement sur certains albums d'Alan Parsons Project – est moins riche de nuances que celle de Woolfson, elle joue très bien son office. Par ailleurs, la plupart des musiciens sont capables de prendre le micro sur ce Eye 2 Eye Live in Madrid avec succès. 

Quant à la setlist, les connaisseurs remarqueront qu'elle contient quasiment tous les hits du groupe (et ils furent nombreux dans les années 80), dont évidemment « Don't Answer Me », « Damned If I Do » avec son clavier toujours aussi pompeux, et inévitablement le classique « Sirius/Eye In The Sky » dont l'intro fera frissonner la plupart d'entre vous. Les aspects progressifs de la musique d'Alan Parsons sont peu représentés ici au détriment des titres les plus pops. On ne se délectera d'autant plus de la présence de « The Raven » (intégré à « Breakdown »), de la fine ballade « Time » et évidemment de « The System Of Dr Tarr And Professor Fether », et on déplorera qu'Alan Parsons n'ait pas cherché à allonger ses titres en concert et permis à ses musiciens quelques explorations un peu novatrices. Remarquons que les conditions du live ont légèrement alourdi la musique d'Alan Parsons qui se montre parfois ici plus rock que d'habitude (« Psychobabble » est plus vigoureux tout comme « Game People Play ») ; peu le regretteront.

Au final, ce live n'amène rien de neuf à une carrière riche de plus d'une trentaine d'années de succès musicaux et commerciaux. Il s'écoutera avec plaisir parmi les amateurs. Les curieux, habitués avant tout aux productions souvent un peu trop formatées de Frontiers, devraient se pencher dessus avec plus d'intérêt.  Et peut-être aller jeter un œil à tout ça sur scène en juin, à l'Olympia, malgré le prix de la place quasiment indécent. 

Baptiste [8/10]

 

Site Officiel

Frontiers / 2010

Tracklist (60:13) : 01. I Robot 02. Can't take It With You 03. Don't Answer Me 04. Breakdown/The Raven 05. Time 06. Psychobabble 07. I Wouldn't Want To Be Like You 08. Damned if I Do 09. More Lost Without You 10. Don't Let It Show 11. Prime Time 12. Sirius/Eye In The Sky 13. The System Of DR Tarr And Professor Fether 14. Games People Play