Entretien avec André Olbrich

   

Ne croyez jamais, jamais les rumeurs que vous pouvez entendre sur les groupes. Par exemple Blind Guardian: ça fait des années que j’entends dire qu’ils ne sont pas très bavards en interview, presque hautain. A tel point que ça m’avait découragé de faire leurs sorties de concert pour me faire signer des broutilles. Résultat, en interviewant André Olbrich, je me retrouve face à un moulin à paroles adorable. Pendant ce temps, Hansi Kürsch joue à la pipelette à côté pour un autre média. Après ces interviews en parallèle, les deux se plient très gentilment au jeu de la séance photo post-interview. Quand on vous dit qu’il n’y a rien de pire qu’une rumeur!
Ca tombe bien qu’ils soient si bavards après tout: en 11 ans de fanatisme acharné j’en ai accumulé des questions à leur poser à l’occasion. La sortie d’At The Edge Of Time, leur nouvel album, me donne l’occasiond’obtenir une réponse à certaines… 

Metalchroniques: Quelles ont été vos inspirations pour votre nouvel album?
André Olbrich: Nous n’avions pas de plan particulier sur ce que nous devions faire. Nous avons laissé la porte ouverte et laissé les choses venir, naturellement. Si vous décidez trop de choses avant d’entrer en studio, vous finirez par avoir une « musique chargée de neurones », ça n’est pas ce que nous voulons. Nous voulons faire une musique créée à partir de sentiments et qui inspire des émotions. Alors il faut se laisser aller et ça viendra avec l’humeur du jour. Par exemple si je me réveille un jour avec le soleil qui brille bien haut dans le ciel et que je suis plein d’énergie, j’écrirai sans doute une chanson type speed metal, très rapide avec des riffs très hard. Nous voyons juste ce qui sort, et essayons de monter ces éléments pour les amener au niveau supérieur.

M.: Pourtant il y a beaucoup d’ « extrêmes » dans cet album : ça peut être extrêmement harmonieux, extrêmement violent, extrêmement symphonique, voix extrêmement aiguës, etc… Est-ce quelque chose que vous cherchiez plus ou moins à atteindre dès le départ, ou c’est juste venu comme ça ?
A. O.: Disons… les premières chansons sont juste sorties comme ça. Nous devions écrire cette chanson pour un jeu vidéo, « Sacred Worlds », puis une autre pour ce même jeu, « War Of The Thrones » [note: pour Sacred 2]. Elles n’étaient même pas prévues pour l’album, mais on a fini par penser que l’on pouvait les amener à un niveau supérieur en termes de production : le résultat final était tellement que ça aurait vraiment été dommage de ne pas les avoir sur l’album. C’était le début de l’écriture de l’album. Après je crois qu’on a fait deux ou trois autres chansons, et nous avons commencé à voir de quelles autres autres chansons nous allions avoir besoin pour faire un album qui marcherait vraiment. Un peu comme un album concept, musicalement parlant. Au final, avec les deux ou trois dernières chansons, vous êtes déjà bien dans l’album, à essayer de rendre le tout harmonieux. Mais dès le départ, quand nous avons commencé à travailler dessus, il n’y avait pas de concept du tout. C’était plutôt : « ok, allons-y et voyons ce qui arrive. »

M.: Les structures des chansons sont peu évidentes à saisir parfois, surtout à la première écoute de l’album. N’avez-vous pas peur que les gens se perdent dans tout ça, et ne donnent pas forcément une deuxième chance à l’album ?
A. O.: Les nouveaux auront ce problème. Ceux qui n’ont pas l’habitude d’écouter la musique de Blind Guardian, peut-être même que ça sera le premier album qu’ils écoutent. Ils seront peut-être un peu perdus quand ils l’écouteront pour la première fois. Mais je pense que nous avons des refrains parfaitement calibrés pour être repris en choeur, comme toujours dans nos chansons, et j’espère que ça sera la clé pour eux, et qu’ils lui accorderont une nouvelle chance au moins dix fois supplémentaire ! (rires)  

Les fans de Blind Guardian fans en ont l’habitude. Je veux dire que tous nos albums ont des chansons complexes et ils doivent les écouter plus souvent avant que la sauce ne prenne vraiment. Au moins est-il plus facile d’entrer dans cet album que dans A Night At The Opera ou A Twist In The Myth, parce qu’il est très émotionnel et qu’il créé une sorte de bande originale : vous suivez la trame et elle amène toujours quelque chose de nouveau, qui maintient votre intérêt. Si vous écoutez de la première à la dernière seconde de l’album, vous aurez presque le sentiment qu’il y a un concept derrière, comme une bande originale, vous aurez cette vision de la musique.

M.: Plus le temps passe et plus vous allez vers des structures inhabituelles, voire étranges, de même pour les mélodies : ne vous sentez-vous pas comme emprisonnés ou piégés par le genre heavy-metal parfois ?
A. O.: Oui, nous amenons toujours de nouveaux éléments et nous n’avons pas peur d’expérimenter. Par exemple sur A Twist In The Myth nous avons emprunté des voies très différentes pour un groupe comme le notre. Mais je ne crois pas que nous subissions des limites parce que c’est vraiment la musique que nous adorons faire, nous ne voulons pas faire de la musique pop ou quoi que ce soit d’autre. Nous ne suivons pas une structure fixe dans nos chansons, nous n’avons pas un schéma précis à suivre. Prenez « Wheel Of Time » par exemple : il y a deux refrains, vous ne savez pas vraiment où la chanson commence et où elle prend fin, comme une histoire avec beaucoup de différentes parties dynamiques; et pourtant vous avez l’impression que c’est une seule et même chanson avec des parties qui s’imbriquent les unes dans les autres. C’est ça que nous avons cherché à faire. Alors je pense que nous avons toujours la liberté de tout faire, ou nous la prenons : pour du metal nous allons déjà très loin. Pour ma part je ne me sens pas limité de quelque manière que ce soit.

M.: Sur « Wheel Of Time » justement vous utilisez beaucoup de sonorités arabisantes, pour la toute première fois il me semble : qu’est-ce qui vous a amené à aller dans cette direction, après tellement d’années sans rien chercher de ce côté-là ?
A. O.: J’avais écrit différentes parties de cette chanson et… Cette chanson a été très étrange : elle devait figurer sur notre album instrumental, que nous allons bientôt sortir…

M.: Oh, donc il n’a pas été abandonné en chemin?
A. O.: Non, nous y travailllons toujours, nous avons même déjà commencé la production. Donc cette chanson était censée être écrite pour cet album, mais ensuite Hansi a dit qu’elle ne passait pas avec l’orchestre, ça ne marchait pas : nous devions essayer quelque chose d’autres. Alors j’y ai amené des éléments thrash pour les combiner avec la musique orchestrale. Et d’une manière ou d’une autre, des mélodies arabiques se sont retrouvées dans les guitares. Charlie [note: Bauerfeind, producteur de Blind Guardian depuis… aussi longtemps que je me rappelle] a dit en écoutant la version demo de cette chanson : « Mmh, j’aime ces mélodies arabiques. » Je n’avais pas remarqué qu’il y en avait même une seule alors je lui ai répondu : « Quelles mélodies arabiques, de quoi est-ce que tu parles ?! » Il m’a dit : « C’est complètement arabique, suivons cette direction pour la production, concentrons-nous là-dessus et dirigeons tout l’orchestre dans cette direction. » Je me suis dit que ça pourrait marcher, ça pouvait être une excellente idée, alors nous nous sommes lancés là-dedans ! En fait c’est surtout Charlie qui nous a poussés dans cette direction.

M.: Vous passez toujours beaucoup de temps à travailler sur vos albums : n’en avez-vous pas marre de vos chansons au bout d’un moment, après avoir passé tellement de semaines et de mois dessus ?
A. O.: C’est difficile parfois bien sûr. Mais il y a tellement de passion derrière tout ça… nous voulons atteindre ce but de vraiment rendre une chanson parfaite. Moi et Hansin aimons ce qui est parfait, nous ne pouvons rien faire contre ça. Si bien que même si vous devez écouter une chanson 100 fois, et que vous y changez des petits détails à chaque fois, vous ne vous ennuyez pas et vous ne voulez rien faire d’autre en fait, parce que vous avez tellement besoin d’être complètement dedans pour atteindre un niveau supérieur. Je veux dire… je rêve de ces mélodies, je vais dormir et toute la nuit même dans mon sommeil j’écoute la chanson d’une certaine manière ! (rires) Je ne peux pas me l’enlever de la tête avant qu’elle ne soit vraiment finie ! Par contre une fois qu’elle est finie j’arrête de l’écouter. Maintenant que l’album est terminé, je ferai peut-être écouter l’album à des amis chez moi mais je ne l’écouterai plus moi-même. Je suis satisfait de ce que nous avons fait, c’est vraiment, sous tous les angles, comme ça que je voulais qu’il sonne. Mais avant d’avoir atteint ce résultat, je ne peux pas m’arrêter. Avant que ça soit terminé pour de bon, et même s’il n’y a qu’une seule note qui ne me satisfait pas, je serai comme « Aaaah non, laissez-moi travailler, laissez-moi travailler ! » C’est là que j’écoute l’album et que je ne veux pas qu’il me sorte de l’esprit.

M.: Même plusieurs années après vous n’écoutez pas vos anciens albums ?
A. O.: Non, c’est une passion, je veux dire… à la seconde où la production est terminée j’arrête de l’écouter. Les seules exceptions sont quand je mets un album pour des amis, ou sur scène quand on les joue évidemment. Mais je mettrai jamais, jamais un album de Blind Guardian quand je veux écouter de la musique chez moi. Jamais.

M.: Le livret de l’album sera apparemment entièrement illustré, pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ?
A.O.: Nous avons trouvé un type vraiment extraordinaire, Felipe Machado. Hansi l’a rencontré parce que c’est un grand fan de Blind Guardian. Si bien qu’il sait tout ce que représenter Blind Guardian et il a de très bonnes idées sur ce qu’il pourrait faire pour le groupe. Il a montré des esquisses à Hansi qui ont émerveillé tout le monde : nous nous sommes dit qu’il pourrait faire quelque chose. Il a réalisé la couverture de l’album et ensuite Hansi lui a fait passer les paroles et il a créé une image pour chacune, et elles se sont toutes avérées être vraiment bien ! Alors maintenant nous avons un gros livret, le plus gros que l’on ait jamais eu, avec toutes ces images à l’intérieur. Qui correspondent tout à fait aux chansons.

M.: Il s’est lancé là-dedans de son propre chef, ou il l’a fait parce que vous le lui aviez demandé ?
A. O.: C’est lui qui en a eu l’idée, nous n’avons rien demandé. Il avait seulement été engagé, disons, pour faire la couverture, mais ensuite il nous a présenté de plus en plus de choses en nous demandant : « est-ce que vous aimez ça ? », « et maintenant, qu’est-ce que vous pensez de ci et ça ? » Parce que c’est un fan, il voulait être le meilleur possible. Et j’adore ça parce que pendant toutes ces années tout s’axait surtout autour de la musique, mais maintenant le visuel entre en jeu, et ça vient d’un fan ! J’adore ça.

M.: « A Voice In The Dark » est certainement une de vos chansons les plus violentes depuis des années, pourtant elle va sortir en single dans quelques jours, alors que ce sont plutôt des chansons plus douces qui sont choisies pour ça en général… pourquoi ce choix ?
A. O.: Ma foi, disons que nous ne faisons pas de single pour des raisons commerciales, disons. Parce que les singles pour les groupe de metal ne marchent pas de toute manière : on ne nous diffuse pas en radio ou nulle part ailleurs. Alors la seule raison pour laquelle nous sortons des singles est que nous voulons donner aux fans un avant-goût de l’album. Après reste le problème du choix, puisque nos chansons sont tellement différentes : si vous écoutez une seule chanson, vous ne pouvez pas dire que vous savez de quoi il en retourne sur l’album. Nous sommes vraiment dans une situation étrange. C’est pourquoi nous avons décidé que le mieux serait de prendre une chanson où les gens pourraient sentir l’esprit du groupe. Et notre esprit en ce moment est… nous aimons les chansons rapides, nous adorons « Tanelorn », nous adorons « A Voice In The Dark ». Bien sûr nous adorons aussi les chansons épiques et pleines d’emphase comme « Sacred Worlds », mais les fans la connaissent déjà à travers le jeu vidéo : nous aurions pu la choisir mais ça n’aurait rien apporté de la sortir en single. « Wheel Of Time » est le chef d’oeuvre absolu, je dirais même le coeur de l’album : nous ne voulons pas l’offrir avant même que l’album ne sorte. Au final le meilleur choix était entre « Tanelorn » et « A Voice In The Dark », nous nous sommes dit que « A Voice In The Dark » était vraiment agressive et nous espérons que les fans aussi l’aimeront. 

M.: Est-ce que vous vous intéressez même un peu aux jeux vidéo ou est-ce que vous avez fait cette chanson pour Sacred 2 juste parce que… une opportunité s’est ouverte à vous ?
A. O.: Je m’y intéresse beauuuuucoup. Surtout aux jeux sur ordinateur. Et surtout aux jeux de rôle.

M.: Du genre de Sacred 2…
A. O.: Sacred est un JDR sur PC et j’y jouais déjà en tournée parce qu’on peut y jouer seul offline, et je suis sûr de l’avoir terminé jusque dans le moindre recoin.

M.: Et vous jouez plutôt à quel type de jeux ?
A. O.: Je suis un accroc à World Of Warcraft. J’y joue tous les jours. Un vrai nerd.

M.: Et est-ce que vous avez composé « Sacred Worlds » spécialement pour ce jeu ou…
A. O.: Oui. C’est pour cette raison que nous avons commencé à écrire pour le nouvel album aussi tôt. Nous avons eu l’opportunité d’écrire quelque chose pour ce jeu et nous avons accepté parce que je connaissais déjà Sacred 1, j’y ai joué bien sûr (rires), si bien que j’ai pu dire que ça valait le coup de faire quelque chose. Le dirigeant de cette entreprise était un fan de Blind Guardian : il avait toujours voulu nous demander ce genre de choses mais il n’avait pas de contact pour nous en parler. Puis il en a obtenu un, nous a demandé si nous pouvions faire quelque chose et nous avons accepté. Ensuite nous avons fait cette chanson, qui s’est avérée excellente et ils en étaient plus que satisfaits. Quand ils ont écouté la chanson il l’a tellement aimée qu’il a commencé à parler de faire des versions animées de nous, de créer une nouvelle quête avec nous, etc… Il est vraiment devenu dingue ! C’était génial. Evidemment nous avons accepté, c’était tellement bien. Et maintenant nous sommes dans le jeu, et c’est génial, j’adore ça!

M.: Pourquoi y a-t-il tellement de versions de cet album ? Etait-ce votre choix ?
A. O.: Nous voulions proposer quelque chose de spécial. La version normale de l’album est déjà de très bonne qualité grâce à cet excellent livret, avec toutes ces images. Ensuite il y a tous les bonus qui sont de vraiment bonne qualité cette fois-ci : nous travaillons maintenant avec un système qui nous permet, dès le moment où nous écrivons, de faire des démos. Ce qui nous permet de proposer toutes ces versions géniales, je pense que ça serait vraiment dommage de les laisser dans un coin. Alors nous avons pensé à faire une édition limitée, que Nuclear Blast [note: leur maison de disques] voulait de toute manière : nous avons décidé de proposer nos meilleures démos. Et c’est une bonne manière de faire les choses, comme une sorte de making-of de l’album, avec de interviews de moi et Hansi. D’autant plus que nous avons beaucoup filmé pendant la production.

Il y aura aussi une autre version de « Curse My Name » sur l’édition limitée, parce que cette chanson a beaucoup évolué pendant la production. Ce côté irlandais, « folkisant » n’était pas autant affirmé. Au départ ça tournait plus autour des guitares et les choeurs n’étaient pas aussi imposants. C’était une chanson acoustique plus basique, d’une certaine manière. J’aime beaucoup l’originale, et ensuite elle est devenue cette nouvelle version… que j’aime beaucoup aussi ! Au final, quand vous mettez toutes ces choses qui auraient à la poubelle bout à bout, vous obtenez le deuxième cd qui est plein de trésors et je crois que c’est très intéressant pour les fans.

Ensuite Hansi a eu cette idée de vinyle, parce que c’est un collectionneur de vinyles, il continue à préférer les vinyles par rapport aux cds. Et il dit que si vous voulez vraiment avoir le meilleur son possible, vous ne pouvez pas vous contenter d’un double album pour une heure de musique, il faut un quadruple album. Quatre albums vynils. Et c’est tellement cher de faire ça, avec tous les graphismes et tout ce que nous faisons maintenant que ça n’est définitivement pas du vol : nous n’allons pas gagner d’argent avec ça.

M.: Est-ce qu’il y aura tous les dessins, ou images, sur cette version vinyle ?
A. O.: Je n’en suis pas sûr, je n’ai pas encore vu la version finale. J’ai juste vu les quatre vinyles, qui seront tous des picture discs, mais je n’ai pas vu la version définitive de cette édition.

Et bien sûr il y a la boîte spéciale, où il y a aussi ces images et toutes ces choses… Ca sera vraiment un objet pour collectionneurs, pour sûr. Et je pense que c’est vraiment sympa d’avoir toutes ces versions différentes. Il y a des fans qui demandent des choses comme ça, pour leur collection. D’autres se plaignent parce que ça serait une dérive commerciale, comme du vol, mais personne ne leur demandent de les achetez, choisissez la version normale et ça sera parfait !

M.: En interview, vous prenez toujours le temps de détailler votre travail en studio, où vous passez en effet énormément de temps, alors que vous ne parlez pas tellement de vos concerts ou de vos tournées. Au final… on peut avoir l’impression que vous préférez penser à la musique, composer, enregistrer et toutes ces choses plutôt que jouer sur scène ?
A.O.: Non, ça n’est pas le cas. Nous avons passé 18 mois sur notre tournée précédente, qui a été vraiment intense. Mais il n’y a pas grand chose à dire là-dessus parce que chaque jour ressemble énormément à la veille. Bien sûr on se fait plaisir etc…, mais tous les jours vous êtes dans le tour-bus, vous allez de A à B, vous jouez un concert, le concert est vraiment bien… et qu’est-ce qu’il y a d’autre à dire ? Alors que l’on peut dire beaucoup de choses sur le processus créatif, parce que le groupe se concentre avant tout sur les chansons, sur ce que nous créons. Et la manière avec laquelle nous créons tout ça… il y a tellement de choses à en dire ! Alors je pense qu’il est normal que nos interviews tournent surtout autour de notre créativité, mais ça ne veut pas dire que nous aimons ça plus ou moins que les concerts. Pour ma part j’aime les deux aspects, je ne voudrais pas en manquer un seul. Si nous sommes en tournée, après quelques mois nous voulons être à la maison et répétons : « oh mon Dieu, je ne peux plus rester dans ce bus. » Puis quand nous sommes à la maison, nous répétons : « je veux repartir en tournée, je veux être avec les fans, je veux de l’action. » Le mieux serait de tout faire sur des périodes courtes, par exemple trois mois sur scène, trois mois en studio, trois mois sur scène, etc… Ca serait l’idéal mais c’est impossible. Nous devons faire ces longues tournées, la dernières a pris 18 mois, ensuite nous devons nous concentrer sur ces productions particulièrement intensives, qui prennent 18 mois pour l’écriture et 6 mois pour l’enregistrement. Nous ne pouvons rien y changer, vraiment. Ceci-dit nous avons essayé de mélanger la production et l’écriture cette fois : nous écrivions des chansons, nous les enregistrions, puis nous écrivions d’autres chansons, enregistrions à nouveau, etc… Si bien que les sessions d’enregistrement n’ont jamais pris plus de deux mois. C’était vraiment relaxant.

M.: Comme vous l’avez dit, toutes ces chansons sont très différentes: vous comptez en utiliser combien sur votre prochaine tournée ?
A. O.: Nous avons déjà fait une répétition générale avec le groupe entier, dont Michael et Oliver [note: Michael Holzwarth et Michael Schüren sont les bassiste et claviériste de scène de Blind Guardian], et nous avons répété « Wheel Of Time », « Tanelorn », « A Voice In The Dark » et « Sacred ». Je pense que, pour une première approche, c’est déjà très bien : nous n’avons jamais eu quatre chansons du nouvel album en partant en tournée. Et je pense que nous ajouterons encore deux supplémentaires dans la deuxième partie de la tournée. Mais nous ne les jouons jamais toutes en une nuit. Nous cherchons toujours à mélanger les anciens classiques et peut-être deux ou trois chansons du nouvel album. 

M.: Comme vous l’avez dit, à nouveau, votre set-list change souvent entre deux concerts : comment décidez-vous que telle chanson sera jouée et telle autre laissée de côté ?
A. O.: Tout dépend de l’humeur de Hansi. Et parfois… Par exemple quand nous avons dix concerts d’affilée, et que sa voix commence à s’éteindre, il ne prendra pas le risque de faire celles qui vont dans les aiguës. Il les passera et choisira plutôt d’autres classiques. Nous en avons suffisamment de toute manière, nous avons répété quelque chose comme 45 chansons pour le moment, ce qui est suffisant pour trois sets : nous pourrions jouer trois soirs d’affilée sans jouer une seule chanson deux fois ! C’est ce que nous avons répété jusqu’à maintenant, et Hansi peut choisir ce qu’il veut. Il écrira quelque chose, et nous jouons !

M.: Pendant des années, nous avons pris l’habitude de vous voir avec les mêmes cheveux, les mêmes têtes, les mêmes vêtements ou presque… et maintenant Hansi a des cheveux courts et Marcus a une barbe ?! Que s’est-il passé ?
A. O.: Je dois dire que Hansi n’a pas vraiment eu le choix, parce que ses cheveux n’étaient plus les mêmes qu’à cette époque lointaine ! (rires) Le temps passe, nous n’y pouvons rien. Tant que ça ne touche pas sa voix ça me va très bien. Il peut chanter même avec des cheveux courts. Nous sommes un groupe qui s’est toujours défini à travers sa musique de toute manière, et je pense que la musique parle d’elle-même, que quelqu’un ait une barbe ou non. Ca m’est complètement égal dans les autres groupes et ça m’est complètement égal chez nous. J’aime mes cheveux longs comme ils sont et je ne les couperai pas, soyez-en sûrs.

M.: On ne sait jamais, Hansi a coupé les siens!
A. O.: Oui, mais il n’avait pas le choix, moi je l’ai. (rires)

M.: Il a perdu beaucoup de poids aussi, j’espère que ça n’est pas une histoire de santé ?
A. O.: Non, non, il a juste repris le sport, ça joue beaucoup. Et il s’est mis au sport parce que… si nous partons en tournée pour 18 mois pour jouer énormément de concerts, nous devons être en bonne condition physique : ça se travaille.

M.: Une question qui est probablement devenue traditionnelle maintenant : pouvons-nous espérer un nouveau festival Blind Guardian, bientôt avec de la chance ?
A. O.: Oui, peut-être, il y a une chance, nous y réfléchissons. Mais ça sera lié à l’album orchestral. Parce que nous réfléchissons à une manière d’amener cet album orchestral sur scène : peut-être que nous pouvons le faire juste une fois, lors de notre propre festival. Hansi chanterait avec l’orchestre une nuit et la deuxième nuit Blind Guardian jouerait quelques chansons. Peut-être que nous jouerions les chansons épiques comme « Wheel Of Time » ou « Sacred Worlds » avec l’orchestre aussi. Quelque chose comme ça. Nous aurions un festival vraiment excellent si nous pouvions faire ça, mais nous en sommes juste à la réflexion pour le moment, rien n’est prévu et nous ne sommes pas sûrs de pouvoir le réaliser. Parce qu’un orchestre comme celui que nous avons sur l’album représente 90 personnes en train de jouer et c’est… juste impossible à financer (rires). Donc nous devons trouver une solution qui marche et qui reste excellente pour la musique. Nous devons encore prendre des décisions sur ce que nous pouvons réaliser ou non, mais ça serait notre rêve, de faire ça comme ça.

M.: Un dernier mot? Pour les lecteurs, ou quelque chose que j’ai oublié…
A. O.: Nous sommes vraiment, vraiment satisfaits de notre nouvel album et nous espérons que nos fans ici en France l’aimeront aussi. J’espère que nous rencontrerons certains d’enter vous à l’Elysée-Montmartre quand nous y jouerons [le 28 septembre], et peut-être que nous jouerons des concerts supplémentaires l’année prochaine, nous prévoyons de revenir et peut-être même que nous jouerons au Hellfest… rien n’est encore décidé mais il y a de bonnes chances.

-Entretien réalisé par Polochon, le 10 juin 2010.-