AntrBeyPho_012011J’avais été bien enthousiaste à l’écoute de la demo 2010, qui en l’espace de douze petites minutes, laissait entrevoir un bon potentiel de la part d’Antropofago, et une personnalité intéressante. Plus rapidement que je ne le pensais, le groupe nous revient avec son premier album signé sur le label hollandais Miceli records, fort de douze nouvelles compos et remontés à bloc.

Une nouvelle fois le travail est très pro : l’artwork en jette, la production est soignée, et le son est très propre (peut être un peu trop d’ailleurs) et on peut discerner tous les instruments nettement, comme sur la démo, avec notamment une basse bien audible. On appréciera dès lors le travail qui a été fait sur chaque compo, avec un niveau technique assez élevé ; une guitare sans faille, une basse très carrée et relativement mise en avant dans le mix, et une batterie hyper précise (le rendu est parfois d’ailleurs peu naturel, je me demande si le groupe n’a pas un peu retouché ça par la suite). On appréciera également le retour des vocaux très particulier de Melmoth the wanderer, qui se caractérise par un registre très personnel pour du Brutal Death, une sorte de mélange entre le growl et le chant Black, qui semble cela dit lui aussi peu naturel. Ma foi, ca passe plutôt bien comme ça, même si les vocaux manquent légèrement de puissance et de nuance : à la longue les lignes de chant paraissent assez monotones. Il me semble que comme la guitare, elles auraient mérité d’être mises un peu plus en avant dans le mix, pour se sortir des lignes de basse et de batterie par exemple.

Le fait de passer d’une démo de douze minutes à un album trois fois plus long induit également quelques travers qui n’étaient pas vraiment discernable sur un quart d’heure, mais qui deviennent évidents ici. Le genre de « défauts » qui sont totalement imputables à un premier album. Une certaine impression de répétition et de linéarité par exemple. Beyond phobia manque un peu d’accroche et de passages marquants. Sur quatre morceaux, ca passe, mais sur un album entier ce n’est pas le cas. Le groupe fait pourtant un bon travail technique, la maitrise est évidente et constante tout au long de l’album (il y a une évolution flagrante par rapport à la démo qui justifierai que l’on rajoute un « technique » derrière le Brutal Death) et il fournit l’effort d’inclure quelques samples ainsi qu’un instrumental qui aère intelligemment l’ensemble (« Nightfall thoughts »), même s’il arrive légèrement trop tard. Pourtant le sentiment qu’Antropofago se répète est bien là, car le problème vient premièrement des compos elles mêmes, qui donnent l’impression de suivre toutes un peu le même schéma et d’être bloquées en mode blast un peu trop souvent, et ensuite du traitement du son, qui donne un ensemble un peu trop homogène. Il manque quelques breaks avec un tempo moins élevé, dans le style de « My darkest hour » ou de « Burnt alive » qui sort un peu du lot, et quelques gros riffs velus simples et faciles à retenir. Beyond Phobia souffre d’un défaut majeur qui nuit à l’ensemble : le manque de variation et de naturel dans le son.

L’album nous offre quand même de très bons moments (« Arachno », « My darkest hour » par exemple) et démontre une personnalité déjà bien marquée, et c’est ce que nous retiendront. Je réitère ce que je disais dans ma chronique de la démo de 2010 : Antropofago à un très beau potentiel, et Beyond Phobia, au-delà des défauts inhérents au manque d’expérience et de cette critique exigeante qui en découle, est un bon premier album.

Sheol (07/10)

myspace.com/antropofagometal

Miceli Records / 2011

Tracklist : 1. Intro 2. Hundred eyes 3. Ghost in the closet 4. Arachno 5. My darkest hour 6. Diabolus ex machina 7. Wrinkled skin 8. One more second 9. Panic room 10. Burnt alive 11. Nightfall thoughts 12. Paranoid visions (part II)