Interview avec IN FLAMES (Daniel Svensson – Batterie) à l’Olympia (Paris), 28 Novembre 2011

 

01. Après des mois de travail, l'album est sorti il y a 6 mois de cela. Quel est votre sentiment le concernant ?

Nous sommes au milieu d’un cycle de tournée et tout arrive en même temps. Nous n’avons donc pas vraiment le temps de revenir sur le passé et sur l’album. Mais nous sommes très heureux du résultat, les critiques sont positives et les ventes sont bonnes. Nous étions numéro 1 en Allemagne par exemple et déjà disque d’or en Suède. Le retour a dépassé nos attentes jusqu’à présent.

 

02. Que pouvez-vous nous dire sur les sessions d'enregistrement de ce nouvel album ?

Ce fut facile pour nous. Nous possédons notre studio ce qui simplifie beaucoup les choses, nous n’avons pas la contrainte du temps. Nous pouvons y travailler autant que nécessaire. En gros, Björn (Gelotte – guitares) arrive en studio avec un ensemble de riffs ou des idées de chansons. Nous nous asseyons tous ensemble pour écouter ces idées et nous commençons à construire des chansons à partir de cela. Nous faisons de rapides démos pour graver le tout avant de laisser passer un peu de temps avant de réécouter les démos et faire les modifications nécessaires. Nous faisons une seconde production puis l’enregistrement final. Ce fut la session la plus intense, celle qui a nécessité le plus de travail et de temps depuis les débuts d’IN FLAMES.

 

03. De ton point de vue, quelles sont les plus importantes évolutions entre A Sense Of Purpose et Sounds of a Playground Fading ?

Je ne sais pas trop. C’est plus facile pour quelqu’un d’extérieur au groupe de juger. Nous essayons toujours de continuer à nous développer en tant que musiciens et comme groupe et nous ne souhaitons ne pas nous répéter. C’est une évolution naturelle d’IN FLAMES. Ce n’est pas si différent d'A Sense Of Purpose, certains titres sont aussi expérimentaux à la manière de « The Chosen Pessimist ». Nous essayons de proposer quelque chose de nouveau et c’est le son actuel d’IN FLAMES.

 

04. C’est un processus naturel comme tu le dis ou le résultat d’une discussion concertée entre vous après la tournée et un peu de repos ?

Nous allons être sur la route sans doute encore deux ans pour cet album. Ensuite nous nous reposerons et nous ne serons pas en contact les uns avec les autres pour quelques semaines pour recharger les batteries. C’est un processus naturel. A la fin d’un enregistrement, il est dur de penser déjà à faire mieux pour le prochain mais quand le temps vient, nous recommençons ce processus et cela vient assez facilement jusqu’à maintenant. C’est dur à expliquer mais nous aurons besoin de repos sans aucun doute à la maison après la tournée.

 

05. Comment travaillez-vous sur vos pochettes d’album ? Vous transmettez le titre des chansons, les paroles et les laissez travailler ou vous les guidez pas à pas pour obtenir exactement ce que vous voulez ?

Auparavant, nous demandions simplement une pochette et nous acceptions ou refusions le résultat. Maintenant il y a plus de travail en amont. Tout part des paroles d’Anders, il faut discuter avec lui pour savoir ce qu’il veut dire, c’est souvent assez personnel. Il a partagé et échangé des idées avec Dave Correia. Je ne pense pas que Dave ait écouté l’album en amont. Il y a beaucoup de discussions avant que nous soyons satisfaits. Il est important que cela épouse le sentiment général et la musique de l’album, la vibe.

06. La pochette est assez sombre, gothique avec ce corbeau, la mort. Partagez-vous cette vision de l’album ?

Pas au niveau musical car les chansons sont presque heureuses et entrainantes. Par contre au niveau des paroles, les thématiques sont plus lugubres. Mais cela convient bien à cet album et reflète avec justesse l’atmosphère du disque.

 

07. Que peux-tu nous dire de l’enregistrement des clips « Deliver Us » et « Where The Dead Ships Dwell ». Y prenez-vous du plaisir ou est-ce une épreuve ?

Nous n’aimons pas filmer de vidéos c’est un des mauvais côté du business. Nous voulons juste jouer notre musique et la partager. Mais il faut réaliser des vidéos, c’est important et nous le comprenons. Nous souhaitons toujours proposer un produit pour lequel nous pouvons être fiers. Nous avons eu cette drôle d’idée de tourner dans cette grande roue de manège. Ce fut une idée commune bien qu’à l’origine elle vienne d’Anders. Cette roue est à Göteborg où nous habitons donc à force de la voir, nous avons eu cette envie. Nous voulions faire quelque chose de spectaculaire et différent des autres groupes, ne pas être cliché. Et le jour du tournage, en réalité tu t’assieds et tu attends toute la journée le temps de positionner les caméras… Mais je trouve que le résultat est bon et avant j’avais peur de l’altitude et depuis je suis guéri. Lors du tournage nous avons dû faire plusieurs tours de roue pour enregistrer les différentes séquences. C’était finalement amusant. Pour la deuxième vidéo, nous avons travaillé vite pour nous adapter à la sortie du deuxième single «Where The Dead Ships Dwell». Nous n’avions pas le temps, la tournée arrivait donc nous avons demandé à nouveau à Patrick (Ullaeus – réalisateur) de proposer une idée adaptée à la chanson. Et finalement le résultat est lui aussi très bon. C’est une des rares vidéos où le groupe n’est pas présent. Nous lui faisons confiance et nous travaillons avec Patrick depuis 2004. Il est très bon.

 

08. Pourquoi avoir quitté Nuclear Blast et qu’avez-vous trouvé chez Century Media que vous n’aviez pas chez NB ?

Nous avons eu une très longue relation avec Nuclear Blast, je ne sais plus, 15 ans au moins ? Mais parfois il faut changer les choses pour que de nouveaux événements puissent intervenir. Century Media avait un projet intéressant pour nous, des propositions prometteuses et créatives pour vendre nos albums. Ils connaissent le boulot et nous les avons déjà côtoyés, le business de la musique n’est pas si grand. Ce fut une transition facile.

 

09. Quelle a été votre réaction à l’annonce du départ de Jesper Strömblad (Guitares) après avoir travaillé 15 ans avec lui ?

Je n’ai pas vraiment été surpris car cela grandissait depuis des années. Nous nous y attendions tous et cela est venu lors d’une période de calme où nous ne faisions rien, entre des tournée et avant de commencer le processus d’enregistrement. C’est dommage car il était et reste une partie importante du groupe. Il a fait ce qu’il devait faire. Et maintenant Niclas (Engelin – Guitares) est avec nous et il fait du très bon boulot. Il était déjà là pour la précédente tournée et la transition entre Jesper et Niclas n’a pas été éprouvante. C’est dommage mais c’est ainsi.

 

10. Niclas a été un choix évident ?

Oui car nous avions déjà travaillé ensemble pour plusieurs tournées quand il a remplacé Jesper. Et cela se passait si bien au niveau personnel et professionnel que nous n’avons même pas envisagé quelqu’un d’autres. Nous lui avons proposé et il a accepté.

 

11. Que pourrais-tu nous dire de l’évolution musicale du groupe depuis ton intégration juste avant l’enregistrement de Colony ?

Je ne sais pas. Comme je l’ai déjà précisé ce serait plus simple de demander à quelqu’un extérieur au groupe. Pour moi, vu de l’intérieur c’est dur à dire et à analyser. Comme je l’ai déjà précisé nous essayons toujours de suivre notre propre démarche et cela nous a aidés. Nous n’avons jamais suivi aucune tendance. Le succès peut arriver en une nuit mais tout peut disparaitre aussi vite. Nous avons notre propre méthode pour composer, produire et jouer notre musique.

 

12. Votre son s’est nettement assagi depuis Colony. Est-ce un processus naturel car vous avez tous vieillis et êtes plus matures ?

Oui, et cet album est dans un certain sens beaucoup plus mature. Je ne sais pas si cela vient de notre âge, c’est possible. Mais surtout le point principal est que nous avons voulu écrire des chansons adaptées à la scène, à un environnement live. Ce n’était pas le cas pour les premiers albums. Les chansons étaient bonnes sur disque mais fonctionnaient mal sur scène. Mais comme nous sommes un groupe de scène, désormais nous mettons l’accent sur cet aspect lors de l’écriture de nouvelles chansons. Cela fait partie de notre évolution.

 

13. Le DVD Used and Abused, In Live we Trust est sorti en 2005. Depuis vous avez sorti 3 albums. Avez-vous un projet d’album live dans les tuyaux ?

Non, nous n’avons discuté d’aucun projet tous ensembles. Il y aura forcément des choses dans l’avenir mais rien n’est planifié pour l’instant. Et je n’aime pas les albums live. Ils sonnent plus mal que le live, tu ne peux pas faire l’expérience d’un concert via un disque. Et pour de nombreux albums, les groupes retravaillent le son et réenregistrent des parties en studio. Par les fans hardcore, c’est un élément de collection mais personnellement cela ne m’intéresse pas et je n’en achète pas. Le DVD c’est différent car tu as aussi l’aspect visuel. Cela viendra mais rien n’est décidé pour le moment. Nous enregistrons toujours des shows pour des besoins dans l’avenir, les gros shows en Suède par exemple ou des séquences backstage mais pour le moment pas de projet en vue.

 

14. Vous fêterez en 2013 les vingt ans de la sortie du premier album d’IN FLAMES Lunar Strain. Avez-vous déjà discuté entre vous pour définir ce que vous pourriez proposer pour cet anniversaire ?

C’est beaucoup trop loin pour nous. Nous nous concentrons sur le présent et sur la tournée actuelle. Nous vieillissons et il devient dangereux de se projeter si loin dans l’avenir. Mais 20 ans c’est une longue période et un anniversaire important donc nous ferons sans doute quelque chose mais rien n’est encore planifié.

 

15. Quand vous avez commencé avec SACRILEGE en 1995 espériez-vous vendre des disques et faire le tour du monde en tournée 16 ans plus tard ?

Non bien sûr, c’était juste un loisir. Je ne gagnais pas d’argent avec SACRILEGE. Mais j’étais déjà à cette époque un grand fan d’IN FLAMES et quand ils m’ont proposé de rejoindre le groupe c’était énorme pour moi. Ce n’était encore qu’un petit groupe et quand je vois maintenant ce que nous avons fait c’est impressionnant. Je n’aurais jamais pu rêver aller aussi loin. Si tout s’arrêtait aujourd’hui je serai très heureux et reconnaissant pour ma carrière. J’ai eu tellement d’expériences, je suis très heureux.

16. Quels sont vos attentes et espoirs pour l'avenir d’IN FLAMES ?

Que nous puissions rester uni en tant que groupe, proposer une bonne tournée et poursuivre notre développement. Surtout ne pas stagner et conserver cette colère pour grandir. Je suis confiant, nous n’avons pas de problème de motivation. Cela se passe très facilement en ce moment, nous avons survécu à beaucoup de choses, les fans sont à nouveau rassemblés et si nous pouvons poursuivre sur cette lancée et sortir de bons albums, je serai très heureux.

 

17. Avec l’espoir secret de voir revenir Jesper ?

La porte reste ouverte mais tu ne sais jamais ce qui peut arriver. Il s’agit de nous cinq pour le moment et ce ne serait pas juste de dire cela vis-à-vis de Niklas. C’est désormais un membre permanant et nous n’allons pas le virer. Cela reste hypothétique.

 

Le "Quiz Metal Chroniques Quiz" pour conclure cette interview:

1. Quelle est votre chanson préférée ?

Ah c’est dur, cela change selon les périodes de ma vie. « Arise » de SEPULTURA n’est peut-être pas ma chanson favorite mais cela a été une grande influence et inspiration quand j’ai commencé à jouer. Je l’ai tellement écouté.

J’ai toujours été intéressé par la musique et comme mon frère jouait de la batterie mes parents avaient acheté un kit. Je n’étais pas spécialement intéressé par la batterie, je n’avais pas d’idoles batteurs, c’est le hasard qui m’a poussé vers cet instrument. Mais sans cela je ne serais pas ici avec vous.

 

2. Premier album acheté ?

Inside the Electric Circus de WASP

 

3. Dernier album acheté ?

Le nouvel COLDPLAY (Mylo Xyloto). J’aime beaucoup, en particulier les titres plus mélancoliques.

 

4. Quel son ou bruit aimez-vous ?

Les vagues et les mouettes.

 

5. Quel son ou bruit détestez-vous ?

Les gens qui ronflent dans le tour bus.

 

6. Si le Paradis existe, que voudriez-vous entendre Dieu vous dire à votre arrivée ?

Savoir que j’ai été un très bon parent. En tout cas je l’espère, ah ah !

 

Merci à Valérie pour son aide.

Lien vers la chronique de l'album ici