Interview avec LYCOSIA (Christi Scythe – chant & guitares)

 

1. Quel est votre état d’esprit quelques semaines après la sortie de Midnight Rock Celebration ?

Christi Scythe : On a tous hâte de remonter sur scène. Les premières dates se sont bien passées. On travaille à ajouter certains titres de nos anciens albums pour les concerts. On a aussi commencé à coucher des titres pour le prochain album. Greg (batteur) approfondi les percussions. Je commence à maquetter les nouveaux titres chez Jesse (guitare) et Sly (basse). On sait tous qu’on a énormément de travail à abattre pour revenir sur le devant de la scène mais on est tous prêt à relever le défi.

 

2. Que pouvez-vous nous dire des sessions d’enregistrement ?

C.S : Midnight Rock Celebration a été enregistré au studio Rive K à Paris avec Vincent Brunello. L’album a été produit par Stéphane Lumbroso (PONY PONY RUN RUN, THE HIVES, LENNY KRAVITZ, M…). On est entré en studio en Juillet. J’avais d’abord enregistré une guitare témoin de tout l’album. On a enregistré les batteries en dix jours. Puis une semaine et demie pour toutes les voix et guitares. Sly a fait les basses en deux jours. En studio j’aime toujours les moments où on a des arrangements de dernière minute qui transforment un titre. C’est ce qui s’est produit sur « Divine Embrace » et « Burn Da Bitch ». Ces moments arrivent souvent quand on vient de terminer les prises de son, juste avant le mix.

 

3. Selon vous, quelles sont les principales évolutions entre Apokalipstik et Midnight Rock Celebration ?

C.S : L’évolution vers un son plus rock s’est tout de suite imposé dès que nous avons commencé l’enregistrement démo des titres de notre nouvel album. Sur Apocalipstik la production des titres aux accents indus fonctionnent mieux selon moi. Après coup je voudrais reproduire un titre comme « Follow Me » avec une texture sonore plus proche de Midnight Rock Celebration. Sur ce nouvel album on revient aux instruments turcs de manière plus prononcée. Sur Apocalipstik cette facette de notre style avait été mise en retrait au profit plutôt des sons électro. La voix est mieux travaillée sur Midnight Rock Celebration.

 

4. Avec Apokalipstick, vous êtes allés assez loin dans le trip glam/gothique. Avec le nouvel album on sent plus de retenue, de sobriété. Comment comprendre ce cheminement ?

C.S : Sur Apocalipstick le son était très saturé en général. Certains sons se sont retrouvés écrasés au mastering. Certaines fréquences se mélangeaient pour faire un bloc. Sur Midnight Rock Celebration le son est plus épuré, limpide. Cette production est plus « à l’anglaise ». Elle met l’accent sur la rythmique basse/batterie où se posent les voix bien présentes. Les claviers et les cordes ressortent bien. Contrairement au côté synthétique d’Apocalipstik on a utilisé plus d’instruments acoustiques : piano, xylophone, saz et violon. J’aime bien la texture des saz et des violons sur « Stareïe Kachtane » et « Steppe’s Reflexion ». On va développer de plus en plus ces orchestrations.

 

5. Pourquoi ce choix de proposer une chanson chantée en russe ?

C.S : C’est une démarche qu’on avait entamé à partir du troisième album avec la chanson « Scythia ». C’est une langue orientale qui fonctionne bien pour notre style de musique. On peut varier les ambiances en fonction de l’accent. On pourrait jouer sur le côté martial ça donnerait un effet plus RAMMSTEIN ou donner un accent plus oriental plus marqué genre caucasien. C’est ce qu’on entend sur « Sareïe Kachtane ». C’est une langue qui a plusieurs facettes : mélancolique, agressive, épique. Pour nous les européens ça donne une sensation exotique et énigmatique parfois. A travers ces sonorités je veux donner au public cette impression qu’on peut ressentir quand on est dans la grande steppe en Sibérie. C’est un pays très vaste où on peut ressentir les choses de manière différentes par rapport à ici. Musicalement et vocalement c’est une importante source d’inspiration pour tout le groupe désormais. J’espère qu’il y aura plus de titres dans cet esprit à l’avenir.

6. Dans ma chronique j’affirme que le son de LYCOSIA s’est un peu assagi avec des influences coldwave plus prononcées. Etes-vous d’accord avec ce constat ?

C.S : C’est surtout dans la manière de mixer et le fait d’avoir atténué les distorsions qu’on peut certainement ressentir plus de dynamique. Le jeu de Sly, le bassiste, et les effets chorus renforcent cette idée. C’est ce que je ressens notamment sur « When the Sun dissappears » et « A Way through the stars ». Sly et moi, on a de nombreuses influences communes dans ce domaine. On se comprend bien. On est des fans inconditionnels de CURE, JOY DIVISION, SISTERS OF MERCY. Quand je joue un riff, son jeu de basse suit naturellement. Il arrive à anticiper sur mon intention.

 

7. Une aura de mystère entretenue plane autour du groupe. Peu d’informations sont disponibles sur le groupe ou ses membres. Quel intérêt y trouvez-vous ?

C.S : Avec Midnight Rock Celebration on revient de cinq ans d’absence discographique. On s’est reconstitué progressivement. On avait un peu abandonné le circuit médiatique. On revient progressivement dans la scène actuelle. On a de plus en plus de dates. Les médias s’intéressent à nouveau à nous. J’ai préféré reprendre les rennes du groupe en prenant le temps de retrouver des bases saines et solides. Le milieu de la musique en général est malheureusement infesté de gens toxiques et fourbes. LYCOSIA en a déjà fait les frais de nombreuses fois. De plus le genre de musique qu’on développe a un pied dans plein de styles musicaux mais il est difficile à rattacher à une mode. On n’a donc jamais bénéficié d’un réel effet de mode pour se hisser. Ca aurait pu nous aider mais on a fait des choix différents et on assume même si c’est pas toujours facile.

 

8. Pouvons-nous espérer vous voir bientôt le groupe sur scène en France et en Europe et continuerez-vous à proposer un show très travaillé, aussi bien au niveau sonore que visuel ?

C.S : Actuellement on se concentre sur les dates. On sera en tournée dans le sud au mois de mars et dans le nord et la région parisienne fin mars et vril. Parallèlement on travaille sur de nouveaux titres. Sur scène on joue les titres du nouvel album et d’autres tirés de nos quatre précédents albums. On va pouvoir tester des nouveaux titres. On utilise de plus en plus les instruments traditionnels en concert. Ca donne de bonnes séquences tantôt métal puis goth tribales. On peut transporter notre public dans plusieurs univers, varier les ambiances. On essaye de donner du relief à nos shows. On sera parfois accompagnés d’actrice X pour illustrer visuellement certains titres. On s’amuse bien…

 

9. Vous avez à votre actif de nombreuses dates nationales et internationales. Quelles sont celles qui vous laissent les meilleurs souvenirs ?

C.S : On a plein de bons souvenirs, des déboires aussi… C’est marrant parce que les salles de concerts je les vois de la manière suivante. Dans une petite salle on se sent plus dans une ambiance répétition où ça fume partout et avec un contact plus proche du public. C’est la langue étrangère qui va surtout marquer une différence par rapport aux autres endroits. Dans des grosses salles ou sur des festivals on est plus en mode touriste. Enfin ça dépend des situations. A Prague on avait visité des clubs sympas et la vieille ville est agréable. Le top c’est quand on a tous fait un bon show que le public s’est bien éclaté. Après ça on peut faire la teuf et des fois part en vrille… mais bon ça s’est une autre histoire hé hé hé !!!

 

10. Comment voyez-vous la scène métal française ?

C.S : Traditionnellement on n’est pas considéré comme un grand pays du rock pourtant le vent tourne. Il y a des groupes qui arrivent à faire quelques percées. Perso, je ne suis pas fan des groupes qui chantent en français : question de goût ! Il ya tout de même des groupes qui passent bien comme BLACK BOMB A. Je trouve que la scène française est maintenant plus originale que de nombreuses scènes étrangères. Les français doivent redoubler d’efforts pour espérer sortir du lot. La scène française est donc plus inventive que d’autres contrairement aux américains qui s’appuient trop sur leurs acquis. En France on a digéré de nombreuses influences pendant des décennies. Avec la crise le soutien des médias (presse, web, radio) existe toujours mais leurs situations financières restent fragiles. On manque surtout d’appuies en France pour pouvoir mieux nous exporter. LYCOSIA existe depuis 15 ans et comme beaucoup d’autres on survie. Peut être qu’un jour notre heure viendra… Tant que j’ai des choses à exprimer je continuerai à faire de la musique. Les gros médias nous ferment les portes et nous empêchent de nous imposer mais la scène underground continue à produire des choses intéressantes. Un groupe comme GOJIRA montre qu’il ya quand même des possibilités mais c’est très rare.

 

11. Pensez-vous proposer dans l’avenir un Cd/DVD live ? Aimez-vous ce type de produit ?

C.S : C’est un de nos objectifs. On aimerait sortir un DVD live avant la sortie du sixième album. Avec LYCOSIA on pourrait présenter un aspect différent de notre musique. Souvent c’est en live que le public comprend que nous avons toujours eu une ligne directrice. Chaque album de LYCOSIA a une production différente. C’est à travers le live qu’on pourrait rassembler tous nos albums avec un son unique.

 

12. Tradition oblige, on vous laisse le mot de la fin …

C.S : Merci à Métal Chroniques pour votre soutien à LYCOSIA et à la scène métal. A bientôt sur la route ! Keep on rockin !

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

 

1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques,…)?

CS : Waoo c’est chaud, il ya tellement de perles !!! Alors 1981 « Too Fast for Love » de MÖTLEY CRÜE pour le titre et aussi l’album!!!

Jesse Richard (guitare) : « Shine on You Crazy Diamond » de PINK FLOYD

Sly (Basse) : Il y en a tellement! Pour l’album je dirais Appetite for Destruction de GUN’S AND ROSES et le titre: « Paradise City »

Greg (Batterie): BEHEMOTH « At the Left End ov God »

 

2. Premier album acheté?

C.S : Je devais avoir 10 ou 12 ans : AC/DC Flick of the Switch

J.R : Blood Sugar Sex Magic de RED HOT CHILI PEPPERS

Sly : Kick de INXS

Greg : The Final Countdown de EUROPE

 

3. Dernier album acheté ?

C.S : Viva la Lola! de LOLA ANGST

Sly : The Great Mass de SEPTIC FLESH

J.R : N-plant de BIOSPHERE

Greg : Midnight Rock Celebration de LYCOSIA

 

4. Quel son ou bruit aimez-vous ?

C.S : Le son des nouveaux titres de LYCOSIA en répétition après avoir fait : Un, deux, trois, quatre !!! Boom !!!

J.R : Le son des feuilles dans les arbres.

Sly : Les glissés de David Gilmour sur « On the Turning Away ».

Greg : La voix féminine…

 

5. Quel son ou bruit détestez-vous?

C.S : La sonnerie du réveil de mon téléphone elle est pourrie. Ca m’énerve alors je me lève pour l’éteindre. Et parfois je m’endors à nouveau.

J.R : Le son d’un avion qui passe au dessus de ma tête

Sly : Le larsen

Greg : Le son de mon réveil le matin

 

6. Si le paradis existe, qu’aimeriez-vous entendre Dieu vous dire à votre arrivée ?

C.S : Midnight Rock Celebration !!!

J.R : Bienvenue !

Sly : T’inquiètes pas…

Greg : Vous vous êtes trompé !