Avec Communion, Septicflesh avait fait un retour remarquable. Il s’agissait à mon sens d’une belle réussite, doublée d’une grosse claque : cet album avait pris une bonne place dans mon top 10 de l’année 2008. Dire que j’attendais avec impatience son successeur relève donc de l’euphémisme. Mais c’est aussi avec une légère appréhension que j’accueillais The Great Mass…C’est souvent le cas quand un album nous marque : on a peur que son successeur ne soit pas vraiment à la hauteur. Mais en sachant que le groupe avait fait appel au grand Peter Tägtgren pour produire ce nouvel album, et que le Prague Filharmonic Orchestra était de la partie, on pouvait s’attendre à un opus marquant.
 
Mais je vais être honnête : je reste encore aujourd’hui, après de très nombreuses écoutes, sur un sentiment quelque peu mitigé. Le travail effectué sur The Great Mass est indéniablement époustouflant au niveau des orchestrations, à ce niveau on s’en prend plein la tronche, si tant est qu’on soit amateur. Septicflesh a placé la barre très haute en ce qui concerne le côté épique, grandiloquent et classieux : la collaboration avec l’orchestre philarmonique de Prague est belle une réussite, une fois de plus. J’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit là de l’album le plus ambitieux du groupe à ce niveau. La production est également une réussite indéniable, qui met bien en valeur tout ce travail d’orchestration. Le père Tägtgren nous met une fois de plus une bonne claque tant le boulot est impressionnant : une écoute au casque devrait suffire à vous mettre d’accord. Puissance, profondeur, et précision, la prod est taillée sur mesure pour faire ressortir toute la théâtralité des compos de ce nouvel album, et l’osmose entre l’orchestre et le groupe est optimale. 
 
Là où je reste tout de même déçu, c’est sur le manque de brutalité purement Metal de cet album. Communion, tout comme les albums précédents, nous donnait quand même droit à de bons tabassages en règles, avec quelques morceaux bien virils, et indéniablement extrêmes. The Great Mass manque de gros riffs accrocheurs, et j’ai trop souvent le sentiment que les guitares, la basse et la batterie ne sont là que pour soutenir les orchestrations alors que ca devrait être le contraire, non ? Je m’attendais à un album clairement plus viril, plus bourrin, plus…Death Metal quoi, à la façon des précédents albums, qui tout en étant très théâtraux, très grandiloquents, gardaient leur allégeance au Metal extrême clairement prépondérante. Avec The Great Mass, les grecs font un pas de plus vers les orchestrations et soignent particulièrement les ambiances, mais s’éloignent de ce fait un peu de l’aspect Death Metal. Cet album manque de guitares, pour moi, c’est évident. Notons également que le chant clair de Sothiris est ici moins sollicité que sur le précédent album. De plus, j’ai l’impression d’une légère irrégularité concernant la qualité de l’ensemble : un morceau comme « Rising » n’est, à mon avis, pas du même niveau que le reste, et se démarque de ce fait des autres compos. Cependant, il faut être clair sur le fait que toute chose est relative : même si The Great Mass me déçoit un peu par certains aspects, peu de groupes seraient capables de nous proposer un tel album. Même quand Septicflesh se montre perfectible, il reste un groupe à part, au dessus du lot dans son style.
 
Avis mitigé donc, sur ce huitième album de Septicflesh où les orchestrations somptueuses et le traitement du son dantesque semblent avoir pris le pas sur le reste, notamment sur les guitares qui sont ici trop discrètes à mon goût. L’ensemble reste d’un très bon niveau, mais j’ai l’impression que Septicflesh aurait pu aller plus loin. J’écoute cet album avec plaisir et je me délecte même de certains passages, sans pour autant avoir le sentiment de me prendre de grosses claques comme ce fut le cas sur Communion ou Sumerian Daemons.
 
Sheol (07,5/10)
 
Site Officiel: www.septicflesh.com/
 
 
Season of Mist / 2011
Tracklist (43:35 mn) 1. The vampire from Nazareth 2. A great mass of death 3. Pyramid God 4. Five-pointed star 5. Oceans of grey 6. The undead keep dreaming 7. Rising 8. Apocalypse 9. Mad architect 10. Therianthropy