Le voilà enfin ! Dire que ce septième album de Shining se sera fait attendre relève de l’euphémisme. Et une telle attente (presque deux ans quand même !) n’étant pas particulièrement une bonne chose, je me dis que cela n’aurai pu que jouer contre VII Född Forlorare (que l’on pourrait traduire par « Born Looser ». Tout un programme qui sent une de fois de plus la déprime enragée et l’ironie à la Kvarforth). A trop attendre on se retrouve souvent déçu une fois l’occasion d’écouter la galette enfin venue…

Et pour être tout à fait honnête, j’ai presque été déçu lors des premières écoutes. Mais « presque » seulement. Car je me suis vite aperçu que ce sentiment mitigé des premières écoutes n’était en fait pas du à la déception, mais plutôt à la déstabilisation. Je m’explique.
Alors que les précédents albums avaient un impact direct et squattaient immédiatement et irrémédiablement l’esprit (le paroxysme de l’efficacité ayant été atteint avec l’indispensable et magique V Halmstad), VII Född Forlorare demande plus de temps et de patience pour faire son effet. Il évolue au fil des écoutes et ne se livre qu’après un certain temps. Pourquoi ? Parce que Shining, discrètement, évolue sur chaque album et ne nous propose jamais deux fois la même chose, c’est indéniable. Ce septième album marque peut être une évolution plus forte que les précédents. Il fait d’ailleurs appel à quelques guest prestigieux qui démontrent l’ouverture d’esprit que le groupe à su acquérir au fil des années, jugez par vous-même : Erik Danielsson de Watain aux vocaux sur « Tiden Läker Inga Sår », Chris Amott de Arch Enemy au solo sur "Människa O'Avskyvärda Människa", Nordman (Pop star suédoise) aux vocaux sur "Tillsammans Är Vi Allt" et Peter Bjärgö (Arcana) au Piano, Mellotron and guest vocals sur "I Nattens Timma". Même si d’habitude je suis d’avis que la multiplication des guest n’est pas forcément une bonne chose pour l’homogénéité, je dois avouer qu’elle est ici très bien gérée et qu’elle ne dessert pas l’album, au contraire.

Je parlais donc d’ouverture d’esprit : un élément important pour ce nouvel album des suédois, qui nous proposent leur ensemble le plus paradoxal, car le moins homogène mais peut être le plus intéressant artistiquement parlant. Chacun des six morceaux possède son propre esprit mais tient si bien sa place dans l’ensemble que les six morceaux forment au final un bloc dont il n’y a absolument rien à retirer. Un délice : insidieux, vicieux, prenant. Un album à part dans la discographie du groupe. Le plus osé en tout cas, cela ne fait aucun doute. Shining ose, et Shining élargi un peu plus son champ d’action, avec cet album qui est le plus mélodique et le plus nuancé du groupe. Et Shining tape en plein dans le mille, car l’ensemble qui apparait au départ comme peu homogène acquiert au final une cohérence sublime dans la démarche et l’atmosphère. Quelle ambiance ! Passé la déstabilisation du début, en réécoutant les albums précédents, je ne peux m’empêcher de penser bien fort qu’il s’agit là du meilleur album du groupe, avec le génial V Halmstad. Et si mes oreilles ne me trompent pas, il me semble que le dernier morceau mystérieusement nommé « FFF » tient une place importante parmi les six pièces de cet étonnant VII Född Forlorare, car on y trouve une montée en puissance et une profondeur qui donnent à mon sens un aspect épique et progressif, mais aussi une tension dramatico-théâtrale (ces chœurs !) jamais atteinte auparavant par le groupe…jouissif !

Que dire de plus ? Il me semble évident que VII Född Forlorare rejoint V Halmstad au rang des albums indispensable du groupe. Shining est au sommet de son art. Espérons que les bouleversements de line-up qui ont suivi l’enregistrement de cet album ne fragiliseront par ce groupe génial.

Sheol 8,5/10

Sites officiels http://www.myspace.com/shininghalmstad , http://www.facebook.com/shiningofficial

Season of Mist / 2011
Tracklist (42 min) 1. Förtvivlan, Min Arvedel (Despair, My Heredity) 2. Tiden Läker Inga Sår (Time Heals No Wounds) 3. Människa O'Avskyvärda Människa (Man, Oh Despicable Man 4. Tillsammans Är Vi Allt (Together We Are Everything) 5. I Nattens Timma (In the Hour of Night) 6. FFF