Je le savais. J’aurais dû m’en douter. C’était trop beau pour être vrai, il fallait que, tôt ou tard, mes espoirs se cassent la gueule. C’est moche. The Powerless Rise, dernier véritable méfait d’AILD en date (si l’on oublie Decas, la compilation inutile) avait laissé miroiter un certain potentiel terni par une production un peu faiblarde et j’avais espéré que le groupe saurait capitaliser sur cette base encourageante et évoluerait dans le bon sens, malgré ses quelques défauts (le chant clair étant, bien entendu, un défaut. Si tu veux du chant clair, retourne écouter Epica). Hélas, il semble qu’il existe une règle tacite selon laquelle tout groupe ricain de Metalcore finira toujours, invariablement, par se laisser séduire par les sirènes du grand public… et ça ne se passe jamais sans grincements de dents.

Le potentiel reste toujours présent, en filigrane. Ainsi, leur beugleur nous gratifie toujours d’une bonne prestation, bien dans les clous : ni trop bourrin, ni trop fiotte, son ton passe parfaitement. Malheureusement, il tolère toujours à ses côtés le chant clair de son bassiste. Ce duo, c’est un peu la batte de base-ball enduite de confiture de prunes : ça cogne, certes, ça peut faire mal, mais ça colle aux doigts et n’apporte aucune valeur ajoutée à l’impact. Pour faire encore plus mal, autant tremper sa batte dans une mixture de colle et de verre pilé. Ça, ça ferait de l’effet ! Donc, note pour le prochain album : arrachez les cordes vocales de ce bassiste, svp. Et si vous n’êtes pas convaincus, écoutez ses woo-hoo sur « Tear Out My Eyes » ou son intervention sur « A Greater Foundation ». Plus gay que ça, tu écoutes des duos de Georges Michael et Elton John en te tartinant du beurre de cacahuètes sur le sexe.

Niveau musical, le constat est identique : maîtrise indéniable des instruments, mais quelques travers « trendy » dont on se serait bien passé. Je pense plus particulièrement à ce passage breakdown pataud en rupture totale avec le reste de « Cauterize » qui commençait pourtant plutôt bien. Honnêtement : quelle est la valeur ajoutée de ce breakdown ? Ici aussi, batte de base-ball et confiture : on ajoute un ingrédient inutile pour faire « original », sans se demander si cela en vaut vraiment la peine.

Cet album est une déception. Tous les défauts de l’effort précédent n’ont pas été éradiqués. Au contraire, ils prennent encore de l’ampleur et empiètent sur les qualités du combo. Même la prod’ est à la traîne. Bordel, on est en 2012, As I Lay Dying est un de ces groupes bankables aux States, et ils sont pas foutus de nous en fourrer plein les esgourdes ! Je leur conseillerais bien de prendre exemple sur Suicide Silence, mais bon… est-ce vraiment indiqué ? Par ailleurs, j’imagine qu’il existe un public pour ce genre de galettes. Les charts nous le diront… mais il faudra plus à As I Lay Dying qu’une place dans un Top 100 des ventes pour vraiment me convaincre à nouveau.

 
Mister Patate (4,5/10)
 
 
Metal Blade Records – 2012
Tracklist (42:54) 1. Cauterize 2. A Greater Foundation 3. Resilience 4. Wasted Words 5. Whispering Silence 6. Overcome 7. No Lungs to Breathe 8. Defender 9. Washed Away 10. My Only Home 11. Tear Out My Eyes