Les Deftones ne sont pas un groupe comme les autres, avouons-le. Depuis ses premiers efforts pendant l’âge d’or du Néo, la bande à Chino n’a eu de cesse de se bâtir une réputation en béton et une discographie tout aussi solide. Adrenaline, Around The Fur, White Pony, Deftones, Saturday Night Wrist, Diamond Eyes… Combien de groupes peuvent se targuer d’avoir aligné autant d’albums aussi efficaces, aussi variés ? Aucun. Au panthéon des groupes majeurs, Deftones mérite une place de choix, une place de pionnier curieux, et ce Koi No Yokan magistral vient encore asseoir la réputation du groupe.

Une nouvelle fois, Chino et ses comparses font fi de toutes les barrières inter-genres, de toutes les contraintes et abattent les murs qui pourraient entraver leur liberté de mouvement. Qu’ils aient envie de laisser libre cours à leur colère ou, au contraire, de nous prendre par la main et de nous faire rêver, les ricains piochent dans tous les registres et peuvent surtout compter sur un Chino à nouveau au sommet de son art. Le bougre n’est certes pas un amateur, et nous avons pu apprécier à l’envi la variété de son registre sur les albums précédents (je me souviens encore de la double claque « Elite » et « Pink Maggit » sur l’album White Pony et de la schizophrénie vocale du sieur Moreno), mais il me subjugue à nouveau tout au long de ce nouvel album, même s’il est quelque assagi (ce qui, vu l’évolution musicale du groupe, est en somme logique).

Koi No Yokan est un kaléidoscope de sensations capturées en musique, un voyage onirique au plus profond de soi-même. Les Deftones ont beau avoir adouci leur propos et canalisé leur énergie des débuts (au risque de décevoir les fans de la première heure, ceux qui ont passé leur adolescence avec « Head Up » ou « Be Quiet And Drive » dans les oreilles), ils n’en restent pas moins une des formations les plus prenantes, les plus efficaces depuis des années déjà… et ce Koi No Yokan vient nous rappeler qu’un groupe peut parfaitement évoluer sans pour autant renier son esprit initial ou son identité. Un chef-d’œuvre.

Jäkelunge (9/10)

Site officiel
Myspace officiel

Reprise Records – 2012
Tracklist (51:50) 1. Swerve City 2. Romantic Dreams 3. Leathers 4. Poltergeist 5. Entombed 6. Graphic Nature 7. Tempest 8. Gauze 9. Rosemary 10. Goon Squad 11. What Happened to You?