Les r'voilà ! Ouais, les r'voilà, et déjà tu te sens mal. Il s'est encore rien passé pourtant, mais avant même que ça commence, tu appréhendes… Rien que pour cette pochette… Cette photo… Malsain, non? Et ce n'est que le début… Tu vas finir malade mon grand… Tu le sais… 



On se prend incontestablement cet album dans la gueule. Dès le début, ça tape à coups de tesson dans la jugulaire. « ΩLow » introduit parfaitement la suite. L’adrénaline monte, comme dans une bagarre de rue… pas de triche, prise de risque maximale. Ouais, ils prennent des risques. Car A.N.T.I ne pique absolument pas la même veine que Virus STN, du moins musicalement. C'est pas vraiment du «meutal», et c'est tant mieux. Ouais, pas du metal, pas de ce truc chiant à mourir… galvaudé, épuisé, resucé… Le groupe expérimente, comme avec la drogue. Va falloir vous y faire : ici elle est PARTOUT. Je parle de l'expérimentation, bien sûr. Entre arrogance d'un rap de cité mal branlé et crasse grandiloquence d'un indus expérimental, on en visite des chemins boueux… Des coupe-gorges mal éclairés… Que ça soit par le chant – clair, éraillé, faux, braillé – ou par les instru – incisives, étouffantes, planantes. Et bien entendu, les paroles ne sont pas en reste…
« Peste », par exemple, me fait penser à ma vie. À nos chiantes existences… Aux déceptions… Aux pétasses, aux connards… On sent le vécu… l'autobiographie n'est pas loin… celle d'une fin de race. Du cul, du sang, de l'alcool, de la sueur, et de la drogue, ça tourne autours de ça. Beaucoup. Mais pas que… On est surpris parfois par la beauté des tournures, par leur simplicité désarmante. On les hurle, souvent. Dans la tête de Toxik règne la contradiction… Ou il contre ses addictions… Je ne sais pas vraiment. Mais si Antonin Artaud ne vous l'avait pas déjà prouvé, cet album montre qu'un esprit malade peut pondre des textes subliment dégueulasses. D'ailleurs, je crois qu'on ne veut pas vraiment savoir comment ces paroles sont arrivées là… L'album se suffit à lui même – on en prend assez dans la gueule pour le moment. De la haine… SATAN… Ouais, SATAN… c'est un peu sa playlist pour la banlieue. Les morceaux défilent, et on est relativement surpris par la fluidité déconcertante des enchaînements. Je m’attendais à ce que ça soit hasardeux, mais les quelques skits contribuent à l'harmonie de l'ensemble. Ils permettent de sortir un peu la tête de l'eau… Juste le temps de reprendre ce qu'il faut d'air pour arriver (presque) vivant à la chanson suivante… On est en permanence assommé par les riffs et les paroles. Une chanson pleine d'accents orientaux vient rompre la terrible agonie : «Kmkz», un sorte de délire qui te confronte aux illuminés, dans un royaume désert de toute moralité… À aucun moment on ne voit le temps passer. Or voilà « A.M.A.C.C », paroxysme du glauque. La pédophilie… Le thème ultime, peut-être… À l'heure où l'on rêve de voir les pédophilies pendus par les couilles, Diapsiquir te dis MERDE. La même chanson il y a vingt ans, personne n'aurait tiqué… Aujourd'hui c'est un peu comme foutre une énorme croix gammée sur ta pochette : tu sais d'avance que ça va faire chier… Qu'on va jaser… C'était peut être même trop facile, mais comme ça marche…

Puis viennent les crédits, car oui, ils sont récités : ceux qui téléchargent savent à qui ils doivent leur viol auditif depuis près d'une heure. Et enfin, l'outro.Trop courte, putain, beaucoup trop courte. Comme une sensation de manque… qui prend aux tripes… L'album est une demi-sangsue qui te pompe de l'intérieur,   un demi-ténia qui fait partie de toi.
Tu sais qu'après il n'y a plus rien, que le vide, que l'ennui; alors tu replonges. Même si on sort complètement sali par l'expérience, souillé par le foutre, la sueur et le sang… ALCOOL, DROGUE et SODOMIE sur mineure. Ouais, on est décalqué. Prêt à flinguer… à se flinguer… Mais on relance encore une fois le disque, car comme l'héro c'est addictif, comme l'héro c'est jouissif, et comme l'héro la descente est difficile.

Ymishima (09/10)

http://www.myspace.com/diapsiquir

End All Life Productions / Necrocosm Productions 2011

Tracklist (57:24): 1.Ωlow 2.Peste 3.Fuel 4.A.N.T.I. 5.Ennui 6.Avant 7.Fais-le 8.Seul 9.Jet 10.Kmkz 11.Абcoлютний 12.A.M.A.C.C.