Interview à Paris de Casey Grillo (batterie – KAMELOT), novembre 2012

01. Comment se déroule la tournée jusqu’ici ? Et que peux-tu nous dire des concerts récents aux USA ?

Jusqu’ici cette tournée a été géniale. Aujourd’hui c’est la troisième date et les foules ont été très amicales et réceptives, c’est une super expérience. Et cela va être de mieux en mieux plus la tournée va avancer. En ce qui concerne la tournée nord-américaine, là aussi nous avons pris notre pied. C’est toujours gratifiant de tourner dans son pays, de découvrir des lieux pour la première fois. Tout est plus simple dans son propre pays. Tu peux passer un coup de fil chez toi et cela ne te coûte rien alors que d’ici en Europe les communications sont très onéreuses… C’est toujours super de pouvoir performer dans son propre pays.

 

02. Les publics nord-américains et européens sont-ils différents ? Continuez-vous à rencontrer plus de succès en Europe qu’aux USA ?

Effectivement il est évident que nous sommes plus populaires en Europe mais ces dernières années nous avons grandis aux USA. Nous venons par exemple de finir la tournée en compagnie de NIGHTWISH là-bas. Donc nos shows sont désormais plus gros et le public répond plus positivement à notre musique. Nous nous sommes beaucoup amusés et cela commence à se rapprocher de l’Europe pour la première fois. Mais l’Europe a toujours été là pour nous soutenir.

 

03. T’attendais-tu au départ de Roy Khan et avez-vous eu le moindre doute quant au fait que KAMELOT allait poursuivre l’aventure ?

Je n’ai jamais eu aucun doute sur l’avenir du groupe. Nous adorons tous faire de la musique et nous voulons continuer à tracer notre route quoiqu’il arrive. C’était aussi simple que cela. Et si un membre n’a plus les même objectifs que nous tant pis. C’est tout. Son départ a été une vraie surprise.

04. Après les gros succès des derniers albums et des tournées associées, avez-vous ressenti beaucoup de pression à l’entame de cette nouvelle aventure avec Tommy ?

Non pas vraiment, nous étions tous rassurés après l’avoir entendu chanter et après avoir constaté sa contribution à la composition des nouveaux titres. C’était très important pour nous de voir quel type de compositeur il était. J’ai écouté une première chanson avec sa voix dessus, c’était « Song for Jolee », et d’emblée j’ai été convaincu, Tommy m’a impressionné. J’ai su que le résultat allait être très spécial, à même de nous combler. Ce disque est de loin mon album préféré de KAMELOT.

 

05. Vous aviez deux options avec l’arrivée d’un nouveau chanteur : continuité avec le passé ou un nouveau départ. Comment avez-vous trouvez l’équilibre ?

Nous voulions toujours sonner comme KAMELOT. Nous nous voulions révolutionner notre musique et ainsi désorienter les fans mais en apportant de la fraicheur. Et je pense que nous avons atteint notre but. C’est toujours du KAMELOT, avec notre patte facilement identifiable, mais une approche et une voix différente.

 

06. Que peux-tu nous dire des sessions d’enregistrement de Silverthorn ?

J’ai enregistré toutes les parties de batterie en Floride, à Tampa, aux Morrisound Recording Studios. Nous étions deux, simplement Tom (NDLR : Youngblood – guitares) et moi. C’est ma contribution à ce disque. Nous n’enregistrons pas tous ensemble sachant que certaines parties et la production finale est réalisée en Europe par Tom et Tommy. J’enregistre à partir des démos réalisées, elles me guident pour poser mon jeu de batterie. Parfois la mélodie vocale est présente, parfois non et je suis bien souvent le premier à enregistrer mes parties pour un nouvel album.

 

07. De ton point de vue, quelles sont les principales différences entre Poetry For The Poisoned & Silverthorn ?

Sans critiquer l’album précédent, je pense que nos compositions sont plus solides, plus fortes sur Silverthorn. Nous sommes revenus vers des choses plus mélodiques tant en maintenant un son très heavy c’est vraiment métal. Nous avons ajouté différents éléments, certaines passages sonnent presque funky à d’autres moments le groove est très important. Ce petit côté LED ZEPPELIN me plait bien. C’est assez nouveau pour KAMELOT et cela apporte un vrai plus.

 

08. Tu as un frère et une sœur qui tous les deux jouent aussi de la batterie. As-tu hésité étant plus jeune quant à l’instrument que tu voulais pratiquer ?

Oui tu as raison, la batterie s’est imposée d’elle-même, toute ma famille ne jure que par cet instrument. Comme tu le disais, mon frère et ma sœur jouent et donc il y avait toujours une batterie installée quelque part dans la maison. J’ai su très tôt que je voulais être batteur. Je jouais de la batterie à ma mère et elle s’endormait devant moi alors que je jouais. J’espère que je ne l’ennuyais pas à ce point-là. Elle aimait tellement cela que le son de batterie était naturel pour elle et elle pouvait l’oublier et s’endormir. Il y a toujours eu beaucoup de bruit à la maison en fait ! J’ai commencé à jouer à 8 ou 9 ans.

09. Quelles ont été tes principales influences au nouveau de la batterie ?

A la maison, mon frère écoutait beaucoup des groupes comme LED ZEPPELIN avec John Bonham ou CREAM avec Ginger Baker. Tous ces merveilleux groupes m’ont bien sûr influencés. Maintenant, je préfère des batteurs plus heavy comme Ray Luzier de KORN par exemple. Je suis très admiratifs de ces batteurs super doués.

 

10. En 1997, à l’âge de 21 ans, tu as été choisi pour rejoindre KAMELOT à la place de l’un des membres fondateur Richard Warner. Comment as-tu vécu cette période et cela a-t-il représenté une grosse pression pour toi ?

A cette époque je ne connaissais pas très bien le groupe. Ils m’ont vu dans un club lors d’une performance avec un autre groupe. Ils sont alors venus me voir pour me demander si je pouvais travailler avec eux en studio et j’ai répondu, bien sûr ! Et ils m’ont demander si je maitrisais la technique de la double pédale de grosse caisse et j’ai menti en répondant positivement. Je jouais alors dans un groupe pop et je n’avais jamais essayé ni expérimenté cette technique. Je ne connaissais pas le groupe et ils ne rencontraient pas le même succès qu’aujourd’hui, il n’y avait pas d’internet à cette époque-là. Dans ma carrière j’ai remplacé beaucoup de batteurs donc c’était facile pour moi de m’intégrer au groupe. J’avais déjà fait de nombreux remplacements à cette époque-là donc je connaissais le métier, pas de pression particulière.

 

11. Ta maîtrise technique est très impressionnante. Tu es très talentueux mais tu es assez peu connu. Es-tu déçu de cet état de fait, de ce manque de reconnaissance ?

Merci pour le compliment. Je voudrais bien être plus reconnu pour mon travail et mes qualités sur la scène métal mais pour l’instant ce n’est pas arrivé. Le timing n’est peut-être pas le bon ou je ne suis pas au bon endroit au bon moment. J’ai de nombreux amis parmi les batteurs les plus célèbres, ils évoluent dans des groupes à gros succès. Tant mieux pour eux, ils le méritent. Je ne sais pas trop, je n’y ai jamais pensé et je ne sais pas comment m’y prendre. Je m’assieds et je joue et si cela doit arriver cela arrivera. Je voudrais passer un cap, changer de dimension et devenir un grand nom de la communauté des batteurs mis je ne connais pas la recette et je suis pris dans ce paradoxe. Il faut avoir le soutien de grosses sociétés…

 

12. Tu réalises régulièrement des drum clinics principalement aux USA. Est-ce une activité que tu apprécies ?

J’adore faire ça c’est très amusant et je souhaite pouvoir en faire beaucoup plus. J’ai assuré une performance lors d’un de ces événements récemment, juste avant de venir en Europe pour cette tournée. Cela se déroule principalement aux USA mais parfois aussi en Europe, plus récemment aux Pays-Bas.

 

13. En dehors des tournées, pratiques tu quotidiennement ton instrument ?

Il est toujours important de s’entrainer et de réviser ses gammes. Je ne le fait malheureusement pas autant que je le voudrais mais je continue à beaucoup jouer. En dehors de tournée, je réalise souvent des sessions à la maison. Je continue à jouer pendant plusieurs heures 4 ou 5 fois par semaine. Cela permet de rester en forme.

 

 

14. Le clip vidéo réalisé pour « Sacrimony » est impressionnant par sa qualité. Il y a beaucoup d’attente mais apprécies-tu cet exercice ?

C’est vraiment cool et très très amusant ! Bien sûr il y a beaucoup d’attente car tu tournes ta partie puis c’est au tour d’un autre donc tu patientes… Mais j’aime personnellement les clips vidéos, j’ai fait quelques productions pour KAMELOT. Je me suis bien amusé et le réalisateur est un sacré personnage.

 

15. Est-ce difficile de décider de la setlist de cette tournée européenne ?

Le plus dur est de retirer des chansons. Sinon, nous jouerions des heures et des heures. Chaque fois nous nous réunissons et nous passons un long moment à choisir, « nous ne pouvons pas enlever celle-ci et celle-ci non plus… ». La décision est très rude et il faut en plus introduire de nouveaux titres du nouvel album donc effectivement c’est chaque fois un gros défi mais c’est une bonne chose finalement, cela montre que nous aimons ce que nous jouons.

 

16. Le nouvel album est très sombre. En tant qu’artiste trouve-tu plus de créativité dans ces sentiments négatifs ? KAMELOT pourra-t-il proposer un jour une chanson joyeuse ?

Je pense que nous avons déjà fait dans le passé des titres positifs, presque joyeux. Les thèmes choisis pour Silverthorn sont tristes, la mort d’un enfant, et donc cela rejaillit sur l’ambiance générale de la musique. Il est plus facile de composer autour de la douleur bien sûr Mais nous ferons peut-être un jour une chanson légère et amusante…

 

17. Vous avez proposé l’album sous différentes formes. Est-ce important pour vous d’offrir ce type d’éditions limitées ou est-ce un choix business imposé par la maison de disque ?

En tant que fan j’aime avoir le choix et pouvoir me procurer des versions limitées avec des bonus. C’est cool. Ce n’est pas qu’un disque mais il y a aussi de la vidéo, un poster, des précisions dur l’histoire… La version vinyle est belle même si je n’ai pas de quoi le lire à la maison. C’est vraiment pour les super fans les autres peuvent se contenter de la version standard de l’album. Si nous ne faisons rien les gens vont se plaindre, si nous proposons des éditions limitées les gens vont aussi se plaindre. Dans tous les cas, il y a la version japonaise avec des bonus donc les fans ultimes vont vouloir l’acheter. C’est ainsi. Et notre label propose une vrai bonne affaire avec l’édition limitée de Silverthorn, elle est disponible a un prix raisonnable c’est cool ! Nous en sommes très fiers.

 

18. Vous allez être quelques semaines en Europe au moment de l’élection présidentielle américaine. Pas de frustration de ne pas être chez vous pour cet événement ?

Oui c’est vrai mais j’essaye toujours de rester en dehors de la politique. J’ai déjà voté pour l’un des candidats mais je ne me prononce pas sur les questions de politiques et de religion, c’est plus prudent ! Si tu votes pour le mauvais candidat certains vont te haïr à jamais donc motus et bouche cousue

 

Comme d’habitude, le questionnaire Métal Chroniques pour conclure cette interview:

01. Quelle est ta chanson favorite ?

Peter  Gabriel c’est sûr, je dirais « In Your Eyes », j’adore cette chanson…

 

02. Premier album acheté ?

Maximum Security de Tony MacAlpine

 

03. Dernier album acheté ?

Sans doute le nouvel album d’OZZY… euh non non c’est KORN, c’est mon pote qui joue dessus…

 

04. Quel son ou bruit aimes-tu ?

Ah je sais d’où cela vient, James Lipton n’est-ce pas ? Pour répondre à ta question, ce que j’aime c’est le son de la voix de ma femme.

 

05. Quel son ou bruit détestes-tu ?

Un bébé qui pleure dans un avion…

 

Merci à Roger pour avoir rendu cette interview possible.

 

Site officiel

Chronique de l'album

Live Report du concert au Bataclan (04/11/2012)