viva_hysteria_deluxeChacun à son panthéon musical personnel. En hard rock, le mien est notamment constitué de Rising de Rainbow, d'Operation Mindcrime de Queensrÿche, de Rust In Peace de Megadeth, d'Extreme Agression de Kreator et… d'Hysteria de Def Leppard. Voilà pour le mélange des genres… Je n'ai pas découvert Hysteria à sa sortie, en 1987 mais sept ans plus tard, alors que Pantera et Alice in Chains commençaient à faire la loi sur les ondes de MTV. Une découverte à contre-temps. Depuis, je ne m'en suis pas lassé malgré les sonorités extrêmement datées du disque, des sonorités qui faisaient entièrement « corps » avec une époque en quelque sorte. 

Coup de neuf sur un disque essentiel

Il faut être lucide : malgré les qualités de Slang, d'Euphoria ou de Songs From The Spark Lounge, Def Leppard vit encore sur le succès d'Hysteria et de Pyromania plus de vingt ans après les faits. Il était donc logique qu'à la manière d'un Deep Purple reprenant in extenso son mythique Machine Head pour complaire à son public, Def Leppard en fasse de même avec son chef d'œuvre. Le groupe a toujours tendu au classieux, tant en terme de production que de concert. C'est ce qui l'avait d'ailleurs incité à proposer une scène au centre des salles de concert pour la tournée Hysteria, ce dont on peut avoir un aperçu sur la vidéo tirée des shows de l'époque, In The Round, in Your Face. Il s'agissait toutefois de faire mieux que In The Round, In Your Face.

Ici le groupe pour marquer le coup, a mis les petits plats dans les grands en enregistrant ses récents concerts de Las Vegas avec un son colossal, bien plus puissant que l'original, et débarassé de certaines sonorités trop datées comme la réverbération à tout va. Du coup, ce disque est fortement à conseiller à ceux qui voudraient découvrir Hysteria aujourd'hui. « Pour Some Sugar On Me », « Armageddon It » ou « Women » profitent d'un toilettage exemplaire qui leur donnent une nouvelle jeunesse. Les guitares de Cambell et de Collen s'en donnent à cœur joie, le premier s'appropriant notamment très bien les parties de feu Steve Clark. Les temps ayant changé, on remarquera que les deux guitaristes sont plus bavards que ne l'était la paire originelle à l'époque. Et c'est tant mieux. Personnellement, j'ai toujours goûté les parties solos de Collen, un guitariste de très bon calibre trop méconnu. 

Les ombres aux tableaux

Réécouter en entier Hysteria est l'occasion de réentendre un classique vite abandonné des set-lists comme « God Of Wars » mais aussi des titres moins connus comme « Don't Shoot Shotgun » et sa verve revigorante ou le nerveux « Run Riot ». On remarquera cependant sur ces deux morceaux que le chant d'Elliot, tout à fait convenable généralement, souffre franchement dans les montées ; c'était déjà le cas au début du concert sur « Rocket » et « Women ». C'est le lot des chanteurs vieillissants.

L'autre ombre au tableau est l'inintéressant « Excitable », bel et bien là. Je n'ai jamais compris pour ce titre avait atterri sur Hysteria et non des morceaux bien supérieurs comme « Ring Of Fire » ou « Desert Song » que l'on trouvera sur Retro Active. Mais malgré ce titre, ce sont les difficultés d'Elliot quand il n'est pas dans les médiums – où à mon avis il est meilleur que jadis –, qui empêchent de faire de cette réinterprétation d'Hysteria un must complet. Au moins, on rendrera grâce à Elliot de ne pas avoir trop « triché » à base d'overdubs à foison. Et puis la qualité exceptionnelle des chœurs du groupe palie souvent au problème. 

Redécouvrir deux excellents opus

Ce concert se suffirait déjà à lui même mais il y aussi sa première partie : un concert en lui-même effectué par un faux tribute band incarné par les cinq musiciens de Def Leppard, les Ded Flatbird. Les cinq de Sheffield y interprètent un répertoire de titres rares ou issus des premiers disques du groupe, On Through The Night (1980) et High 'n' Dry (1981), deux albums souffrant d'un son faiblard et d'une inteprétation balbutiante. S'il est plaisant de réentendre « Slang » ou « Promises », redécouvrir ces classiques trop longtemps délaissés et dotés cette fois d'un son énorme qui les transcende totalement constitue un pied intégral pour le vieil amateur. « Rock Brigade », « Let It Go » ou « On Through The Night » sont méconnaissables de puissance. Rien que leur présence sur Viva ! Hysteria justifie de s'intéresser à ce live. Mais c'est loin d'être son seul argument. 

Viva ! Hysteria effectue le tour de force de dépasser l'exercice convenu de réinterprétation d'un classique en entier pour devenir une acquisition indispensable pour les fans mais aussi autement recommandable pour les autres. 

Baptiste (8,5/10) 

 

Site officiel

Frontiers / 2013

Tracklist CD 1 (67:00) : 1. Women 2. Rocket 3. Animal 4. Love Bites 5. Pour Some Sugar On Me 6.  Armageddon It 7. Gods of War 8. Don’t Shoot Shotgun 9. Run Riot 10. Hysteria 11. Excitable 12. Love and Affection 13. Rock of Ages 14. Photograph

Tracklist CD2 (67:00) : 1. Good Morning Freedom 2. Wasted 3. Stagefright 4. Mirror Mirror (Look Into My Eyes) 5. Action 6. Rock Brigade 7. Undefeated 8. Promises 9. On Through The Night 10. Slang 11. Let It Go 12. Another Hit And Run 13. High ‘n’ Dry (Saturday Night) 14. Bringin’ On The Heartbreak 15. Switch 625.