377606« La scène française regorge de talents », dit-on souvent. À juste titre, d’ailleurs, tant on constate une montée en puissance des groupes gaulois. Toutefois, demandez au metalleux moyen de vous citer le premier groupe français qui lui passe par l’esprit et vous aurez invariablement la même réponse : Gojira. Et derrière ? On vous citera souvent Loudblast, Hacride, One Way Mirror et Mnemic (Guillaume Bideau oblige), les arbres qui cachent la forêt… (1). Cependant, comme le dit un proverbe flamand, « Hoge bomen vangen veel wind ». Plus un arbre est grand, plus il offre une prise au vent et plus il risque d’être déraciné lorsque la tempête se lève, et c’est un peu ce qui est arrivé aux groupes précités. Parmi les gros noms de la scène française, un seul a su se maintenir. Un groupe sur lequel je n’aurais pas misé un balle. Dagoba.

Avec Post Mortem Nihil Est, Dagoba est en effet parvenu à éviter les écueils dans lesquels se sont vautrés ses concurrents. Là où Gojira et Hacride se sont égarés en expérimentations hasardeuses et en redondances, Dagoba a su rester affuté. Les compos ont beau être dans l’ensemble assez longues et travaillées, elles parviennent à capter davantage l’audition qu’un Enfant Sauvage. Par ailleurs, contrairement aux projets de Guillaume Bideau, Dagoba est plus mordant, moins apprivoisé. One Way Mirror noyait son propos dans le sucré, Dagoba relève le sien avec la petite pointe de tabasco qui donne de la saveur sans pour autant arracher désagréablement la gueule.

Et pourtant…

Malgré ses qualités, Post Mortem Nihil Est n’est à aucun moment en mesure de truster les premières places dans les classements des albums de l’année 2013, et ce à cause de son incapacité à s’inscrire dans la durée. Là où certains albums mettent du temps à se dévoiler et nécessite plusieurs écoutes avant d’être totalement apprivoisés, Dagoba nous livre une galette directement consommable. Si j’étais méchant, je parlerais même « d’album Kleenex » : une écoute et puis s’en va prendre la poussière sur l’étagère… Une fois la première impression positive passée et malgré son côté ambitieux (le son Logan Mader, les petites touches symphonico-instrumentales), Post Mortem Nihil Est perd vite de son charme. D’ici trois mois, je doute très fort que je me réveille un matin en me disant « tiens, je me ferais bien le dernier Dagoba, il dépote quand même bien ». D’ici trois mois, par contre, je risque certainement de me lever un matin en ayant une furieuse envie de réécouter le dernier Svart Crown… C’est un peu comme ça qu’on distingue un « bon album » d’un « grand album ».

Mister Patate (6/10)

 

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Verycords / 2013

Tracklist (50:53) : 1. When Winter… 2. The Realm Black 3. I, Reptile 4. Yes, We Die 5. Kiss Me, Kraken 6. Nevada 7. The Great Wonder 8. The Day After the Apocalypse 9. Son of a Ghost 10. Oblivion Is for the Living 11. By the Sword 

(1) les plus radicaux citeront parfois Svart Crown et Benighted, avouons-le.