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01. Pourrais-tu présenter le groupe et ses membres ?

GARDENJIA est né en juillet 2011 avec la publication de notre premier EP, Ievads par les trios members fondateurs Raffaele Galasso (chant, guitares, production) Giuseppe Miglietta (guitares, claviers)et Antonio Martire (batterie, claviers). Nous avions pris l’habitude de jouer ensemble avant la création de GARDENJIA. Nous avons aussi donné de nombreux concert à Puglia sous différents noms. Dans un second temps, Ezio Contino (saxophone) a integré le groupe et plus récemment encore, Paolo, un vieil ami nous a également rejoint à la basse.

 

02. De ton point de vue, quelques sont les évolutions musicales les plus profondes entre IEVADS et EPO ?

Selon moi, on peut noter de nombreuses différences, bien des améliorations à différents niveaux. Déjà avec Ievads, nous avons essayé de mettre à bas la forme classique des chansons, en développant de nouvelles structures. Mais c’est grâce à EPO que nous avons pris pleinement conscience sur le moyen d’aller encore plus loins. Avec Ievads, il ne s’agissait finalement de d’idées et notre ambition s’est matérialisée avec EPO. L’auditeur peut s’en prendre conscience en écoutant « In Disk », « Epo », « Ante Rem » ou encore « Shapes of Greys ». Cette dernière par exemple est une chanson particulièrement élaboré, si tu écoutes attentivement, tu peux voir que ce titre n’est pas structuré comme un chanson métal classique. Il n’y a pas de riffs structurant, pas de sections qui se répètent, de refrains ou de couplet.

La composition des riffs s’apparente à un courant de conscience. Il est vrai que tu peux imaginer les parties de guitares de « Shapes of Grey » comme un seul grand riff qui se poursuit sur toute la durée du morceau. Sans Ievads nous n’aurions jamais pu prendre conscience de notre capacité à créer de genre de chose. Chaque morceau d’EPO représente un microcosme, chaque riff a été composé avec à l’esprit de trouver une échappatoire aux barrières des superstructures traditionnelles. Même au niveau des paroles, il existe de grandes différences. Nous avons également pu introduire le chant en italien sur EPO et c’est pour nous une source de fierté.

 

03. Comment s’est déroulé l’enregistrement de cet album EPO et des nouvelles chanson pour la réédition Memorial Records ?

Cela a constitué une superbe aventure, un voyage en profondeur en nous-mêmes. Ce fut parfois frustrant parfois épique et cela a nécessité de grands et douloureux efforts. Nous ne rencontrons pas de difficulté à composer, nous avons la chance d’avoir une grande créativité et nous pourrions proposer un album tous les trois mois. Mais nous travaillons tous seuls avec un équipement très simple et cela complique les choses. « Epica » est inspiré d’Aguirre, un chef d’œuvre de Werner Herzog dont la musique a été composé par POPOL VUH. Ce film parle d’une myriade de sujets mais il insiste dans aucun doute sur la soif de pouvoir de l’humanité et le fait que le pouvoir rend les gens aveugles. C’est un thème très actuel, je pense, dans notre monde où des s*** comme Obama, qui se proclame pacifiste, bombarde sans aucune honte d’autres pays. « Ascension » est un voyage vers une sorte de rédemption. Cela amène l’auditeur à s’interroger sur la propre existence. Les paroles sont inspirées par la Divine Comédie de Dante.

 

04. Pourquoi avoir choisi de rééditer EPO ?

Vous auriez pu utiliser ces chansons pour un nouvel EP ? Personnellement, je n’étais pas très content du premier mixage. L’attention avait été tellement portée sur l’équilibre des guitares que le son d’ensemble avait un peu été perdu. A la fin du processus nous avons pris conscience que le son général était perfectible, trop glacial, cela manquait de vie. Le contrat avec Memorial Records a été une bonne excuse pour nous pour remixer l’ensemble, ce que nous aurions fait dans tous les cas. Les deux nouveaux titres ont été principalement composés par Giuseppe, justement pendant la période des remixes et cela nous a permis de les intégrer dans la nouvelle version du disque. L’intégration d’Epica et Ascension donne un début et une fin parfaite à l’album (pour nous en tout cas).

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05. Quelles sont vos principales influences ?

Nous avons un solide passé musical comme musiciens et fans. Cela va de la musique classique au métal moderne : MESHUGGAH, CYNIC, ULCERATE, GORGUTS, DEVIN TOWNSEND mais également OPETH, ANATHEMA, DEATH, NEUROSIS. Nous apprécions aussi la scène progressive/tech VILDHJARTA, TESSERACT… la vieille scène progressive avec AREA, GENTLE GIANT, KING CRIMSON plus que tout… Nous sommes attirés par la musique sombre et obscure, la vieille scène dark/new wave jusqu’au travail génial d’Angelo Badalamenti. Nous adorons BOHREN UNE DER CLUB OF GORE par exemple et tout le jazz classique. Pour finir ajoutons une pointe de Black Métal.

 

06. Votre musique présente un univers complexe, il peut être difficile de s'y immerger et de le comprendre. Vous avez écrit "EPO est notre manifeste". Que peux-tu nous dire sur votre philosphie musciale/artistique ?

Les contrastes. Nous introduisons de la mélodie dans un scenario post-nuclear, nous jouons avec des instants de clarté, avec des tempêtes de pure violence musicale. Nous créons de nouveaux paysages entre le passé et le futur. L’utilisation de différentes langues, principalement l’anglais pour les parties rythmiques, l’italien pour les refrains aide à souligner ce contraste. Notre musique tend en général vers l’exploration de la conscience humaine et son côté sombre, le conflit entre la nature et le comportement humain. La conflit entre la technologie et les hommes crée de territoire sacré, un Olympe personnel.

La dualité infinie de notre concept et le noyau de notre création et c’est pour cela que nous utilisons à la fois un chant clair et hurlé. Nous savons bien qu’il est périlleux d’en rentrer dans notre univers mais ceux qui aiment l’art savent que pour obtenir quelquechose il faut également donner quelquechose en retour. Comment nous allons souffrir et peiner à comprendre les intentions d’un cinéaste ou d’un peintre sera ensuite récompenser que les motifs de l’artiste apparaissent. Et ce que nous recevons est souvent plus précieux que ce que nous avons donné. Heureusement, l’art de suit les règles du marché.

 

07. Pourriez-vous expliciter le titre de l’album ?

Au sein de notre premier EP, la première chanson, « Gardenjia », parle de sclérose latérale amyotrophique (SLA également appelée maladie de Charcot). Quand j’ai commencé à réfléchir au titre de notre premier album j’ai repensé à l’article que j’avais lu qui parlait d’EPO (Érythropoïétine) comme moyen de soigner cet horrible syndrome. J’ai donc assez naturellement choisi EPO comme titre, cela semblait la suite naturelle de notre travail sur Ievads. Et le mot EPO a aussi un lien direct avec le film Dr Folamour de Stanley Kubrik, un de mes réalisateurs préférés.

 

08. Quels sont vos espoirs et vos attentes pour GARDENJIA à moyen terme ?

En tant que groupe, nous voudrions avoir l’opportunité et la chance de composer de de jouer. Pour le reste, nous ne bénéficions pas d’un large public, nous sommes encore un groupe ultra-underground. Nous espérons pouvoir nous produire en dehors d’Italie très bientôt.

 

09. Vue de France, la scène extrême italienne semble être en pleine ébullition (FLESHGOD APOCALYPSE, BLASPHEMER, PUTRIDITY, SEPTYCAL GORGE ou HOUR OF PENANCE). Comment l’expliquez-vous et que pouvez-vous nous dire sur la scène métal italienne ?

Je connais les groupes dont tu parles. C’est génial de voir des formations italiennes traverser les frontières et être reconnues par la presse et la critique internationale. Je pense personnellement qu’en plus du talent indéniable de ces groupes, l’opportunité offerte par les technologies de partage modernes a apporté une véritable démocratisation pour ces artistes tout autour du monde. Même s’il existe toujours une sorte de tyrannie anglo-saxonne au niveau artistique et musicale, qui continue d’imposer ses modèles culturels au reste du monde, nous voyons les premières failles dans ce système. Il a toujours existé de grands groupes en Italie, il est simplement plus simple de les trouver de nos jours.

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10. Merci, les derniers mots t’appartiennent…

Je vous remercie infiniment de l'occasion que vous nous avez donné, nous saluons vos lecteurs et nous espérons qu'ils donnent l'occasion à EPO. Beaucoup de salutations de l'Italie… (NDLR:en français dans le texte)

 

Comme d’habitude, le questionnaire Métal Chroniques pour conclure cette interview:

01. Quelle est ta chanson favorite ?

Il y en a trop, désolé !

 

02. Premier album acheté ?

Je ne m’en souviens pas, de la musique classique sans aucun doute…

 

03. Dernier album acheté ?

GORGUTS – Colored Sands

 

04. Quel est votre juron favori ?

aucun

 

05. Quel son ou bruit aimez-vous ?

Les vagues de la mer

 

06. Quel son ou bruit détestez-vous ?

Le son d’un cable de guitar endommagé

 

07. Si l’enfer existe, qu’aimeriez-vous entendre Dieu vous dire à votre arrivée ?

As-tu apporté avec toi tes DVDs de Kubrick ?

 

 

Tous nos remerciements à Eros Pasi de Memorial Records

Chronique de l'album ici

https://www.facebook.com/GARDENJIA