367270En l’espace de trois albums, Hacride a su se faire un nom et se constituer une fanbase confortable. Par ailleurs, les critiques semblaient pour le moins unanimes et positives : « révélation du Death progressif », « pur », « aérien », « Meshuggah qui se prendrait pour Dream Theater » (bon, ce dernier commentaire ne sonne pas forcément comme un compliment, avouons-le), j’en passe et des meilleures… Et pourtant, on ne peut pas dire que la rédac ait sauté de joie en recevant leur nouvel effort sorti chez Indie Recordings (une maison réputée pour son sérieux et la qualité de ses sorties). Je me suis donc penché avec une oreille curieuse et attentive sur ce Back To Where You’ve Never Been.

Pffff, je sens que je vais encore me faire des amis.

Le problème ne vient certainement pas des talents de composition du groupe. Quand il s’agit de faire parler la poudre et de lâcher les chiens, Hacride s’y donne en effet à cœur joie : riffs massifs, grosse rythmique, le tout servi par une production cristalline et puissante… à ce niveau, les Frenchies font fort et sont plus que convaincants. Le problème vient plutôt de ce que j’appellerais « l’emballage ». Prenez le premier titre, « Introversion » : avant de véritablement entrer dans le vif du sujet, Hacride brode pendant 2 (trop) longues minutes, à tel point que j’ai presque envie de parler de « syndrome Gojira » (vous vous souvenez, L’Enfant Sauvage ?), de cette manie d’allonger inutilement le propos en proposant intros, intermèdes et autres interludes plus ou moins aériens, comme s’il fallait absolument meubler pour remplir un album entier…

Je dois reconnaître que tous les éléments de cet album sont là pour une raison bien précise, que tous ces passages plus aériens viennent ponctuer l’album, le rendre plus « digeste », mais ils cassent aussi la dynamique de l’album et ne soulignent pas suffisamment – à mon humble avis – le contraste avec les passages plus violents. En somme, Hacride nous propose un hybride entre un Gojira light et les œuvres de Guimauve Bideau – en moins sucré et en plus progressif. Une comparaison osée et plutôt réductrice, certes (certainement lorsque l’on connaît mon avis sur les derniers efforts de ces artistes), mais c’est malheureusement l’impression qui domine chez moi après de nombreuses écoutes. Back To Where You’ve Never Been me donne le sentiment d’un EP qu’on aurait étoffé, allongé, d’une poignée de bons morceaux serti dans un cadre garni d’innombrables fioritures… Mais quand on va au musée, c’est la toile que l’on regarde, pas le cadre.

Mister Patate (4/10)

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Indie Recordings / 2013
Tracklist (xx:xx) 1. Introversion 2. Strive Ever to More 3. Synesthesia 4. Overcome 5. Edification of the Fall 6. To Numb the Pain 7. Ghosts of the Modern World 8. Requiem for a Lullaby