Son : Equilibré, mais peut-être peu élevé pour du metal ?
Lumières : A la hauteur de l'Olympia, sans aller dans l'exceptionnel pour autant. 
Affluence : Dans les 2000 personnes?
Ambiance : Joueuse, même si un peu coincée parfois.
Moment fort : « Future World », certes de Helloween, mais composée par Kai Hansen, et jouée par Gamma Ray ce soir… en entier !

Après une journée pourrie comme on en voit rarement, c’est avec joie non dissimulée que j’arrive devant l’Olympia : du défoulement, il me faut du défoulement !
Je me présente donc comme une fleur devant la billetterie : « les accréditations, c’est après la porte. » Euh… après les vigiles ? Il semblerait… L’un d’eux m’accompagne donc pour se faire confirmer que j’ai bien une bonne raison de venir avec ce gros appareil photo, et au final heureusement qu’il se contente de savoir que je suis bel et bien sur une liste quelconque : mon pass photo a tout simplement été zappé, et vu mon humeur (et mes douleurs lombaires depuis 4 mois maintenant) je crois que je serais repartie aussi sec si on avait exigé que je dépose un appareil quand même assez coûteux dans des vestiaires, aussi sécurisés soient-ils…

Il y a encore peu de monde quand SHADOWSIDE entre en scène… :
…et honnêtement, les absents n’ont pas raté grand-chose. Leur heavy-metal a de forts accents trashisants, mais ça manque d’accroche musicale / mélodique si bien que ça devient rapidement assez lassant. Le public parisien les accueille d’ailleurs tout juste poliment : ça n’est pas que mon humeur qui rabaisse la qualité de leur prestation.
Notons au passage que la chanteuse n’est ni gothique ni lyrique, elle prétend juste faire du metal et ainsi assumer son tshirt rose bonbon avec fleur de lys en paillettes : comme elle a bien l’attitude qui va avec, ce qui ferait tarte dans un autre contexte passe ici tellement bien que ça n'est qu'après deux ou trois morceaux que je ne m' aperçois de ce tshirt théoriquement tout sauf metal. C’est plutôt rare de voir quelqu'un être autant en mode free-style sur scène, encore plus chez les filles dans le metal, alors notons !
Pour ma part, je dois confesser avoir passé un très mauvais moment pendant leur prestation, mais ça n’est pas (entièrement) de leur faute : quand je suis dans un état d’esprit négatif et que j’entends de la musique à laquelle je suis complètement réfractaire, j’ai tendance à me retrouver entre l’énervement gratuit et la crise de nerfs avec larmes automatiques « pour que ça sorte ». Inutile de dire que ce soir, entre la journée pourrie et l’énervement de l’appareil photo (+ qui me tire sur le dos pour rien, sachant que je me traine un mal de dos assez important depuis quelques mois, donc), je tiens une bonne couche d’état d’esprit négatif : je passe une bonne partie de ce concert à pester pour rien… on va dire que ça ne peut qu’aller mieux pour le reste de la soirée.

Après une pause musicale qui me frappe par sa faible intensité sonore, c’est au tour de GAMMA RAY d’investir l’Olympia :

[La version courte, par Baptiste]
Gamma Ray n'a jamais obtenu autant de succès que Helloween même au sommet de sa popularité, dans la deuxième moitié des années 90. Pour ce Hellish tour II, Gamma Ray joue donc avant Helloween et son set se réduit à une dizaine de titres. C'est un peu frustrant car la longue carrière de Gamma Ray compte un certain nombres de chansons que je juge incontournables mais qui sont nécessairement mises de côté ce soir. Et ce d'autant plus que Gamma Ray n'a pas choisi d'interpréter ses classiques : aucun titre n'est issu de Heading For Tomorrow, Insanity and Genius ou de Land Of The Free. Excepté un excellent « The Spirit » issu du mésestimé Sigh No More la grande majorité des compositions était ce soir extraite de To The Metal, de Powerplant et de Somewhere Ou In Space. D'une certaine manière c'est une prise de risques mais cela participe de la fraîcheur du concert.
Car il faut dire que si la musique de Gamma Ray est devenue de plus en plus prévisible avec le temps, les concerts sont toujours aussi réjouissants. Et ce grâce à un très bon son qui ne noie ni le chant ni les guitares et qui permet de profiter de tous les solos, du fait aussi d'un professionnalisme très décontracté et à la chaleur humaine de Kai Hansen, un homme qui arriverait à faire sourire un taliban. L'accueil du public fut à l'avenant et le délire évidemment au rendez-vous sur « Future World ».
Au titre des curiosités plaisantes, l'interprétation des deux nouveaux titres issus du EP Master Of Confusion, « Empire Of The Undead » et « Master Of Confusion ». Ils n'ont rien de bien renversant et accumulent même les clichés mais leur interprétation est passée comme une lettre à la poste car ils sont très accessibles.
Le point noir est le fait d'avoir joué l'ineffable « To The Metal », un titre aussi lourdaud qu'un camion benne renversé au bord de la route. Mais à voir l'accueil fait à ce titre, on se dit qu'au moins il trouve son public, selon l'expression consacrée.

[La version longue]
Ah ben voilà ! Là, c’est autre chose !
Enfin, en toute honnêteté ça n’est pas un concert exceptionnel de Gamma Ray : c’est une bonne chose de changer un peu « la set-list de base », mais pas peut-être pas à l’occasion de concerts écourtés ? Sinon le fan repart frustré parce qu’il n’a pas eu son quota de « tubes »…  Par exemple, personnellement j’aime beaucoup New World Order, l’album, par contre je n’aurais peut-être pas choisi « Dethrone Tyranny », surtout pour en faire une version aussi… c’est moi ou on n’entendait pas « la guitare marrante » qui fait normalement l’intérêt de cette chanson ? « Master Of Confusion » est marrante mais un peu longuette aussi (et puis, à ce compte-là, autant enchaîner sur « Rich And Famous » hein !), etc. : en tant que fan qui aime à peu près toute leur discographie je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié la set-list, mais je veux bien croire que d’autres aient pu rester sur leur faim.
Mais surtout ! Kai [Hansen, guitare], franchement, arrête la bière, au minimum… ou mets un frein… J’adore ce type, sincèrement, mais il n’est plus que l’ombre de ce qu’il était sur scène. Pas simplement à cause de l’âge, même si ça joue sûrement (c’est qu’il a eu 50 ans cette année !), mais… je ne peux pas m’empêcher de penser que sans ce ventre à bière qu’il n’arrive plus à dissimuler (parce qu’il essaie encore, ce coquet), il les ferait encore ses toupies et autres âneries. Actuellement, Henjo [Richter, guitare] bouge probablement plus sur scène que Kai, pour vous donner une idée… Les enchaînements de cigarettes sont loin d’être idéals pour les cordes vocales aussi, mais il a apparemment trouvé une astuce technique pour palier ce problème (beaucoup d’écho et hop la note tient bien même sans faire énormément jouer les poumons, magique). Dirk [Schlächter, bassiste] fait toujours ses âneries dans son coin, même si je ne peux pas beaucoup profiter de ses simagrées puisqu’un certain nombre de grands me bouchent la vue. Et le nouveau batteur ? A vrai dire… je me demande s’il n’a pas simplifié plusieurs passages ? Plusieurs fois, je me souvenais d’une rythmique plus complexe que celle que j’entendais, et il va sans dire que la version plus complexe donnait plus de relief au passage… on verra avec le temps, peut-être (Zimmerman n’est pas un manchot après tout : ça n’est sans doute pas facile de lui succéder).

Malgré tout, comme déjà dit, c’était un bon concert ! Le public est un peu étrange puisqu’il reste assez tranquille sur « Anywhere In The Galaxy » et « Men, Martians and Machines », par contre ça pogote sérieusement sur « The Spirit » ? Alors que le public reprend beaucoup moins en chœur cette dernière ? Vas comprendre, Charles… L’ambiance est en tout cas très agréable, comme j’étais devant pendant Shadowside je me retrouve au rang qui reçoit le pogo dans le dos : je vise la première ouverture pour reculer de quelques rangs, vu l’état de mon dos ça n’est pas une bonne période pour tenter des expériences. Au final je me retrouve au milieu d’un petit groupe de gens qui gèrent le pogo tout en s’y prêtant de temps en temps, braillent les chansons peut-être plus que devant : bonne ambiance ! A un moment je me retrouve même m’attrapée par les épaules et secouée de droite à gauche, de haut en bas, je passe en mode « poupée de chiffon » quoi [si vous ne savez pas à quoi je fais référence, vous avez manqué de grands moments dans votre enfance] : il y a quelques années (/mois ?) je me serais tellement contractée au premier contact que le type aurait immédiatement compris qu’il fallait arrêter, alors que là ranafaire la seule raison pour laquelle je finis par me retourner est que bon on ne va pas faire toute la chanson comme ça quand même… comme quoi elle marche bien mon auto-thérapie ! Et comme quoi l’ambiance est vraiment au n’importe quoi joueur dans cette fosse. Et puis bon, Kai a beau ne plus être au meilleur de sa forme physique, il a toujours la gentillesse et la bonhomie qui suintent par tous les pores, ça contribue forcément beaucoup à propager la bonne humeur dans le public ! Et puis avec un « Future World » -en entier-… que demander de plus ?

Bon concert donc, mais il y a quelques années un concert de Gamma Ray était l’assurance d’un concert excellentissime, on était dans un autre monde en ressortant de la salle. Alors que là… c’était « juste » bon. Il en aurait peut-être été différemment avec un concert plus long, toujours est-il que si on a connu les anciens concerts de Gamma Ray, on ne peut pas s’empêcher de penser « meuh… c’tout ? » quand les lumières se rallument… reprenez-vous un peu, les cocos !

Set-list de Gamma Ray :
Anywhere in the Galaxy 
Men, Martians and Machines 
The Spirit 
Dethrone Tyranny 
Master of Confusion 
Empire of the Undead 
Empathy 
Rise 
– solo : guitare (Henjo Richter)
Future World (reprise de Helloween)
To the Metal 
-Rappel-
Send Me a Sign

 

La moitié de la salle se vide pendant la pause (aaaah, l’appel de la buvette), mon dos tire comme jamais, le son est toujours bizarrement faible, et une bannière de citrouille pirate nous masque l’arrière de la scène, où se prépare l’essentiel des décors pour HELLOWEEN, qui semble vouloir sortir le grand jeu ce soir :
En effet, la majorité des moyens de la soirée sont mis à leur disposition. Evidemment Gamma Ray a eu des conditions tout à fait correctes (c’est une tournée en co-tête d’affiche), mais Helloween se taille la part du lion en ce qui concerne l’occupation de l’espace (même si la scène de l’Olympia est tellement profonde que sa moitié… est déjà beaucoup plus grande que la surface totale de beaucoup de scènes), les lumières sont plus travaillées, etc. Enfin, on a l’habitude dans ces tournées en co-tête d’affiche : parmi les deux groupes, celui qui joue le premier apparaît avant tout comme une première partie de luxe. Malgré tout, ces jeux de lumières me donnent une impression de déjà vu : souvent, je remarque que j’avais pris une photo d’un moment équivalent lors de leur dernier passage à Paris… honnêtement, je pourrais mettre des photos de ce concert de 2008 pour illustrer le compte-rendu présent, je pense que même ceux qui étaient à l’Olympia n’y verraient que du feu.

Dans l’ensemble, les chansons du nouvel album passent plutôt bien l’épreuve de la scène. Pour ne pas dire que je les préfére aux titres plus anciens, qui ont souvent un côté brouillon… peut-être que « les bandes » sont plus au point pour les titres plus récents ? Pour le chant en tout cas, j’ai des doutes à certains moments par rapport à ce que chante Andi Derris jusqu'à ce qu'il vende la mèche à la fin d’un morceau, vers le milieu de leur concert de mémoire : il est censé faire une super note, forte, un peu aiguë, tenue, -la- note quoi. Sauf qu’elle continue une ou deux secondes après qu’il éloigne le micro de sa bouche… il a beau sourire histoire de noyer le poisson, difficile de ne pas comprendre ce que ça sous-entend ! Même le public parfois je me demande s’il n’est pas sur bandes : j’entends les gens réagir de loin, mais le son est « global », impossible de dire si ça vient de la droite ou de la gauche, en tout cas personne autour de moi ne braille, alors que je suis dans un coin qui bouge et qui braille… et que « ça réagit » même à des moments où normalement le public parisien ne réagit pas trop… et qu’à d’autres moments, plus rares, j’entends vraiment le public réagir, en pouvant le localiser etc… euh… bizarre, dira-t-on ? Evidemment ça aide à faire un concert parfait pour sa version papier glacé, par contre pour l’immersion du public  « attentif » c’est moins efficace…

Or c’est peut-être bien ça qui me gêne au final dans ce concert : pour un concert papier glacé, c’est très bien. Tout le monde fait son travail et pose, les titres sont efficaces, le son est globalement bon, la mise en place de la scène et les lumières sont bien étudiées : tout va pour le mieux. Mais le tout manque d’âme, d’un je ne sais quoi de folie, du truc qui ferait que vraiment on aurait envie de décoller. Même une ânerie comme le mini spectacle comique de leur dernière tournée, hélas absent ce soir, ‘fin n’importe quoi d’autre que du prémâché bien à l’avance. Et honnêtement, au bout d’un moment, tout finissait par se ressembler quelque peu : j’en étais à attendre que Kai puis Gamma Ray reviennent sur scène histoire de faire revivre tout ça. Et vu les commentaires glanés à la sortie du concert, je n’étais pas la seule…
Ceci-dit, c’est là que le public n’est pas logique : au final, ça a bien plus bougé et braillé pendant Gamma Ray (pas que ça reste de marbre et silencieux pendant Helloween, loin s’en faut, c’était juste « plus » pendant Gamma Ray), pourtant les gens viennent avant tout pour Helloween, et je suis prête à parier que quand Gamma Ray reviendra, ça sera devant une assemblée bien moindre que celle qu’a attiré Helloween ce soir… vas comprendre, Charles [bis].

Les rappels communs permettent de relever l’amusement général (déjà, jouer « Halloween », ça fait remonter le taux de bonne humeur, Kai Hansen présent sur scène ou pas !), Kai part au milieu du medleu pour revenir avec une casquette et de grosses lunettes noires « typiquement SM », on se dit que ça y est il a pété un câble pour de bon… mais c’était pour enchainer avec un bout de « Heavy Metal (Is The Law) », « à la Halford pour de bon » (puisque c’est Kai qui se charge de la chanter). Un peu déçue qu’il ne participe pas au chant d’ « I Want Out » d’ailleurs, mais bon, ils doivent avoir leurs raisons pour avoir fait ce choix; par contre, je suis impatiente de revoir cet « I Want Out » au PPM à Mons ce week-end (s’ils la refont ?) : les musiciens s’amusaient dans les coins à faire mine de se faire des blagues… mais je suis prête à parier que c’est sensiblement les mêmes mimiques d’un soir à l’autre ? Ma foi, nous verrons bien…

Set-list de Helloween :
Wanna Be God 
Nabataea
Eagle Fly Free 
Straight Out of Hell 
Where the Sinners Go 
Waiting for the Thunder 
Steel Tormentor 
– solo : batterie (Dani Löble)
I'm Alive 
Live Now!
Hold Me in Your Arms 
If I Could Fly 
Hell Was Made in Heaven 
Power 
-Rappel 1-
Are You Metal? 
Dr. Stein 
-Rappel 2-
Halloween / How Many Tears / Heavy Metal (Is the Law) (avec Kai Hansen ; dont solo de basse par Marcus Grosskopf)
I Want Out (avec Gamma Ray)

En résumé, bonne soirée, dont on aurait pu toutefois espérer plus. Parce que Gamma Ray eut été meilleur (/ passer du « qui pète tout » à « juste bon », ça peut faire des déçus !), et parce qu’Helloween est trop carré, ce qui les rend prévisibles. Certains ont préféré l’efficacité des citrouilles, parmi mes connaissances la majorité a préféré l’ambiance qu’a su amener le rayon gamma, avec les réserves d’usage pour ceux qui ont connu les claques qu’ils mettaient à chaque concert il y a quelques années encore. Au moins il y en a eu pour tous les goûts, dira-t-on !

-Polochon et Baptiste-
[Chronique de Straight Out Of Hell (Helloween).]