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01. Pourrais-tu nous en dire plus sur l’étincelle à l’origine de ce projet ?

Pour moi, l’étincelle est venue de mon envie de travailler avec Billy Sheehan. Nous voulions collaborer tous les deux sous la forme d’un power trio et donc il nous fallait un troisième larron. Mon pote Eddy Trunk a alors suggéré Richie Kotzen et c’était une idée géniale. Nous étions en phase tous les trois, nous voulions proposer un projet old school dans l’esprit mais très moderne dans l’approche.

 

02. Pourquoi avoi choisi ce nom de groupe ?

L’idée vient de Richie qui nous l’a suggérée. Le choix d’un nom a été un processus très long, cela a pris des mois. Nous avions tous des idées et il a fallu trancher. Richie aime beaucoup ce nom et donc c’est parti comme ça. C’est assez ironique si tu y réfléchis car je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis treize ans, je suis un ancien alcoolique et je me suis soigné. Donc c’est assez spécial pour moi.

 

03. Que peux-tu nous dire de la chimie entre vous trois en studio ?

La magie a été immédiate. Après véritablement quinze minutes en studio tous les trois, nous étions déjà en train de composer de nouvelles chansons. A la fin de cette première journée, nous avions en main quatre ou cinq titres très avancés, ce fut rapide, simple et naturel. Les sept ou huit premières compositions sont nées d’interactions en nous. L’un proposait une idée, les autres enchainaient et rebondissaient sur les idées des autres etc… Après un premier jet nous en discutons, nous les modifions si nécessaires, nous ajoutons ici et là des éléments supplémentaires jusqu’à arriver à notre satisfaction commune. J’aime cette façon de travailler, c’est comme cela que fonctionne TRANSATLANTIC, FLYING COLORS et DREAM THEATER. C’est ma méthode favorite.

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04. A ce jour vous avez donnés environ la moitié de la tournée européenne de THE WINERY DOGS. Comment cela se passe-t-il jusqu’à présent et es-tu surpris de la réaction du public ?

C’est absolument incroyable, nous jouons tous les soirs à guichets fermés, c’était le cas hier soir encore ici à Paris. Au Japon, en Amérique du Sud, à Londres, aux Pays-Bas c’est le cas partout où nous allons. C’est super et les réactions ont été très immédiates, beaucoup plus que tous les autres projets auxquels j’ai pu prendre part dans le passé. Si tu prends FLYING COLORS, certains vont adorer d’autres vont détester, ADRENALINE MOB certains vont adorer d’autres vont détester même DREAM THEATER certains adorent et d’autres passent complétement à côté. Avec THE WINERY DOGS la réaction est immédiate, dans l’instant, la musique se connecte d’elle-même avec les gens. C’est peut-être que le musique apparait plus directe et universelle.

 

05. Avec toute cette expérience accumulée, sais-tu déjà en commençant un projet si tu rencontreras un gros succès ou pas ?

Je sais que j’ai une grosse base de fans et ces gens suivent et achètent la grande majorité des albums que je propose via mes différents projets. Mais tu ne sais jamais si ce que tu fais à un instant donné va être bien reçu et accepté. En particulier pour moi ces trois dernières années, depuis mon départ de DREAM THEATER, j’ai multiplié les projets dans des genres assez différents. Donc bien sûr, cela ne correspond pas aux goûts de tout le monde. Ce que je sais c’est que quand je me lance dans un nouvel album, projet ou groupe, je veux que ce soit le meilleur possible dans le cadre/style musical choisi. Et je veux travailler avec des musiciens que j’admire et que je respecte. Je donne le meilleur de moi-même quelque soit ce que je fais. A partir de là, c’est hors de mon pouvoir et le public décide.

 

06. THE WINERY DOGS est-il le projet d’un unique album ou voyez-vous tous les trois un futur à ce groupe ?

Personne ne sait jamais ce qui va se passer avant que les événements se précipitent et ne se développent. Je peux dire que je souhaite que THE WINERY DOGS connaisse une longue et belle carrière mais je n’en sais rien. On verra la tournure que prennent les choses, comment tout cela évoluera. Je vis désormais dans l’instant et j’arrête de faire des plans sur la comète. Je multiplie les projets et les groupes et puis j’attends de voir ceux qui déploient leurs ailes et prennent leur envol. L’avenir m’est inconnu. Ce que je peux dire c’est que Billy, Richie et moi-même souhaitons capitaliser et poursuivre longtemps avec THE WINERY DOGS. Nous aimons ce groupe et nous faisons tout ce qu’il faut pour libérer nos emplois du temps dans l’année à venir pour jouer un maximum tous ensemble. Actuellement c’est notre objectif, développer le plus possible ce projet.

 

07. Le DVD live de FLYING COLORS sort ces jours-ci. Quels souvenirs gardes-tu de cette aventure avec tes camarades ?

Nous avons absolument adoré travailler ensemble, sur l’enregistrement de l’album et toutes les dates de la tournée. Il te sera difficile de trouver des personnes plus sympathiques et agréables que les membres de FLYING COLORS. J’ai rarement été dans un groupe où tout le monde s’entendait si bien. Ce sont des mecs supers et une musique géniale. Nous aimerions tous renouveler rapidement l’expérience mais nos agendas sont déments. En particulier Steve qui doit faire face aux demandes de DEEP PURPLE. Il n’a pas de pouvoir sur l’emploi de temps du groupe et donc c’est DEEP PURPLE qui impose son rythme. Nous devons essayer de travailler avec ces contraintes. Là réside le problème le plus compliqué à gérer pour nous réunir et travailler sur un nouvel album.

Ces DVD, Blu-ray et cd sont de beaux hommages à un super moment et une fantastique première tournée. J’attends avec impatience le disque suivant quand cela sera possible. Nous avons déjà commencé à travailler sur ce deuxième album. Nous avons réussi à trouver une fenêtre de cinq jours pour nous réunir et composer au début de cet année. Et cela a été très productif puisque nous avons sous la main déjà quatre nouvelles chansons. C’est en cours mais nous travaillons par petits bouts quand cela s’avère possible. Impossible de le garantir mais nous espérons vraiment pouvoir proposer ce travail à nos fans en 2014. L’avenir nous le dira.

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08. A la lecture de ta page Wikipédia, j’ai été impressionné par la liste de tes sorties ces dernières années. En moyenne, (à part 2004 et 2008) tu as publié entre 3 et 5 cds (albums, live…) par an ces 10 dernières années. Comment cela va-t-il finir et penses-tu tenir ce rythme infernal encore très longtemps ?

Cela va finir à ma mort ! (rires). Je suis simplement un dingue de travail, je ne sais pas comment m’arrêter et ne plus être créatif. Même à ma période avec DREAM THEATER, je me chargeais des bootlegs officiels du groupe donc cela représentait entre quatre et huit sorties par an en plus des projets parallèles. Maintenant depuis mon départ de DREAM THEATER, je multiplie les groupes et les projets. Si je compte bien depuis trois ans et mon départ de DREAM THEATER, j’ai publié huit albums studios (sans compter les albums live) et j’ai joué sur scène avec plus de douze groupes différents. C’est juste que j’aime travailler, j’aime être créatif et j’aime donner aux fans. Cela ne changera jamais.

 

09. Nous pouvions pourtant imaginer qu’après la période DREAM THEATER tu allais prendre un peu de recul et passer plus de temps avec ta famille ou loin du business musical…

Ce qui ont pensé ça ne me connaisse vraiment pas bien. Cela n’a jamais été mon intention de faire un break. Je crois qu’au moment de mon départ de DREAM THEATER, les propos suivants ont été mis dans ma bouche : « j’ai besoin de faire un break avec DREAM THEATER ». Et les gens ont pu mal interprétés ces paroles en pensant que je disais que j’avais besoin de faire une pause. Ce n’est pas du tout cela. Je voulais faire une pause vis à vis des mecs avec qui je travaillais sans arrêt depuis vingt-cinq ans. J’avais besoin de trouver une nouvelle inspiration. Mais je n’ai jamais voulu freiner mes activités, ce n’a jamais été mon intention. Et en plus je ne saurais pas comment faire ! Si j’ai six semaines de vacances entre deux tournées ou sessions d’enregistrement, je deviens dingue après seulement cinq jours ! Je m’ennuis mais aussi ma roue personnelle continue de tourner, je dois faire des choses et créer.

 

10. Quand tu étais plus jeune, est-il devenu rapidement évident que tu allais essayer de suivre une carrière artistique ? Et pourquoi avoir choisi la batterie ?

Pour répondre à ta première question, oui j’ai presque immédiatement su que j’allais travailler dans le monde de la musique car j’ai été très tôt obsédé par la musique. Super jeune je chantais les BEATLES, les ROLLING STONES ou les WHO.. J’aimais tellement cela que je savais que ma vie se construirait autour de la musique d’une façon ou d’une autre. Mais je ne savais pas comment cela allait tourner où quel serait mon domaine de prédilection. Dans mon enfance, mon père été un DJ radio et cela me fascinait, tout ce qui avait rapport avec la musique me fascinait. Ce qui m’a fait choisir ma batterie ? C’est Keith Moon (THE WHO). Le voir jouer, la vision de ce musicien exceptionnel en action m’a bouleversé. Il avait une telle énergie, une telle passion derrière son instrument que j’ai alors voulu devenir batteur.

 

11. Comment ce projet s’est-il concrétisé ?

J’ai commencé au piano, à l’origine je prenais des leçons de piano et j’écrivais de la musique grâce à cet instrument. Mais ce n’étais pas assez rock n’roll pour moi, j’étais un gamin surexcité, hyperactif et je tapais sur tout ce qui me passait sous les yeux. Et puis comme je le disais, avoir vu Keith Moon a été une révélation et j’ai alors su ce que je voulais faire. J’avais heureusement le plein soutien de ma famille, quelque soit mes choix, ma famille était derrière moi et m’a encouragé à persévérer. Dès que mon intérêt pour la batterie s’est concrétisée, on m’a acheté une petite batterie pour débuter puis j’ai économisé de l’argent pour m’acheter un instrument plus gros. Mais ils étaient derrière moi car ils savaient que j’avais la passion pour la musique. Je devais être l’un des rares gamins de sept ans capables de te citer toutes les faces B de tous les singles des BEATLES. A l’âge de dix ans j’avais déjà des centaines de disque dans ma collection donc ma famille savait que mon obsession pour la musique était légitime et profondément ancrée.

 

12. Pour rester dans la famille ton fils Max est, comme son père, batteur. Son groupe NEXT TO NONE a fait la première partie d’ADRENALINE MOB le 6 avril dernier à Atlanta. Comment vis-tu cela en tant que père ?

Voir mon fils ouvrir avec son groupe pour ADRENALINE MOB lors de ces shows a été l’un des moments les plus importants de ma carrière. Oublies tout ce que j’ai déjà fait moi-même, c’est l’une des choses qui m’a rendus le plus fier, le plus reconnaissant. Je vois tellement de moi en lui, il me rappelle tant l’adolescent que j’étais moi-même à quatorze ans. Il aime la musique et il aime la batterie bien que sa génération ait tellement plus de distractions et de loisirs que moi à son âge. Il est toujours sur son ordinateurs, à jouer aux jeux-vidéos ou avec son smartphone et tout cela n’existait pas à mon époque. Je n’avais que la musique et me concentrais entièrement à cette tâche. Donc à cause de cela, il doit travailler plus dur à son âge que moi à la même époque. Mais en même temps il a la chance d’avoir un père batteur professionnel et donc de bénéficier de conseils ou d’opportunités dont je n’ai pas profité plus jeune.

Je ne lui enseigne pas la batterie, je crois qu’il est important qu’il apprenne de quelqu’un d’autre pour se forger un style et une identité musicale propre. Et puis je ne suis jamais là, je suis en permanence en tournée ou en studio tout au long de l’année. Il lui faut un professeur stable et je ne suis pas un professeur moi-même. Bien sûr il m’a vu jouer toute sa vie et il prend certains de mes trucs. Quand il joue c’est vraiment une version adolescente de moi-même. Je crois qu’il ambitionne une carrière comme batteur professionnel. Il vient de quitter son lycée pour s’engager au sein d’une école d’art spécialisée dans la musique. Sa volonté et son ambition sont bien là pour débuter une carrière. Bien sûr je lui soutiendrai quelque soit ses choix.

 

13. Sur toute ta carrière quelle est la chanson que tu as composée qui te rend le plus fier et pourquoi ?

Bien sûr « You Saved Me » sur cet album de THE WINERY DOGS est très spéciale et importante pour moi car elle est dédiée à ma femme, mon partenaire de toutes ces années. Mais je ne dois en citer qu’une, je choisis « The Best of Times » présent sur le dernier album de DREAM THEATER auquel j’ai participé, Black Clouds et Silver Linings. Je l’ai écrite pour mon père et à un moment très important et douloureux. Ce n’est pas la chanson elle-même ou les paroles qui ont une si grande importance pour moi (même si c’est le cas) mais les circonstances de sa création. J’ai pu lui jouer cette chanson sur son lit de mort, nous nous tenions la main et nous étions en train de pleurer tous les deux. Ce fut une expérience très très intense. Elle a aussi été jouée à ses funérailles. Dans un cas comme celui-là, la musique et les paroles représentent tellement plus qu’une simple chanson, c’est une partie de ma vie. Et donc c’est la plus importante à mes yeux.

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14. Serais-tu intéressé pour prendre part à un projet de métal extrême. Imagines si SLAYER t’aavait appellé après avoir viré Dave Lombardo ?

Oui bien sûr, tu m’étonnes ! J’adore la musique heavy et extrême. Soyons très clair, je n’étais pas seulement le mec qui orientait DREAM THEATER vers des chemins plus sombres et agressifs, j‘étais aussi le fan le plus acharné de tous pour le rock prog, pour le classic rock, le fan le plus dingue de tout ! Cette dimension, heavy est une grande partie de mon historique et de ma formation. J’ai fait ces concerts Metal Masters avec les mecs de SLAYER, ANTHRAX, PANTERA et MEGADETH et ce sont tous de bons amis. Faire ces concerts et mutiplier les jams avec eux a été une expérience si amusante. C’est moi qui ai choisi de reprendre sur scène Master of Puppets et The Number of the Beast. J’aimerai vraiment faire quelque chose de très heavy. Malgré tous mes projets, rien de ce style n’a encore vu le jour.

 

15. Que penses-tu des nouvelles technologies comme Twitter ? bénédiction ou malédiction ?

Les deux bien sûr ! Pour moi en particulier c’est une bénédiction car j’adore ces interactions et être connectés à mes fans. Et je l’utilise régulièrement. Mais il s’agit également d’une malédiction car j’ai une tendance obsessionnel-compulsive et je passe donc des heures sur Facebook et Twitter. C’est un grande partie de ma vie et cela prend beaucoup de temps. Cet aspect-là est difficile à gérer mais sinon, en général, je trouve cela bien, un vrai progrès.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques" pour terminer cette interview:

1. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

Une chanson ? Cela n’a pas d’importance car quelquesoit la chanson, me connaissant, je m’ennuierais immédiatement. Je t’en donne quelqu’unes « Life on Mars » de David Bowie, « A Salty Dog » de TRANSATLANTIC (reprise de PROCOL HARUM). Côté albums : The Wall des PINK FLOYD, Sgt Pepper des BEATLES, Tommy THE WHO. Je ne peux pas en choisir un, désolé.

 

2. Premier album acheté ?

Les quatre albums solo de KISS. Je me souviens avoir économisé et avoir demandé à ma tante d’aller au magasin pour les acheter.

 

3. Dernier album acheté ?

Le nouvel album de NINE INCH NAILS.

 

4. Quel son ou bruit aimes-tu ?

L’orgasme féminin

 

5. Quel son ou bruit détestes-tu ?

Le réveil c’est une bonne réponse mais aussi le bruit ambiant car cela me rend dingue ici au Hard Rock Café. Je ne peux pas me concentrer et avoir une discussion dans ces conditions.

 

Tous nos remerciements à Olivier GARNIER (Replica Promotion)

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Chronique de l'album ici

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