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Le 5 avril dernier, votre serviteur a eu le plaisir de longuement s’entretenir avec Matthieu Morand que vous connaissez à travers ELVARON, SYMAKYA, LA HORDE ou encore AKROMA. Il est venu nous parler de son dernier opus, la Cène. Voici la retranscription de cette heure de discussion ouverte, passionnante et sans tabou avec un artiste sympathique et talentueux. Merci à lui de nous avoir accordé ainsi de son temps:

 

01. Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, qui est AKROMA ?

Le projet est né en 2003 et nous avons monté le groupe avec Alain Germonville qui est l’ancien chanteur de SCARVE. J'avais envie d’écrire quelque chose d’extrême et j’avais déjà le sujet des sept péchés capitaux en tête. Nous avons traité ce thème au sein du premier album. A l’époque en 2003, je jouais dans ELVARON dans une veine métal prog et je ne pouvais pas assouvir alors mes envies d’extrême. Je connaissais Alain depuis des années, il chantait dans de nombreux groupes de Nancy. Je l’ai rencontré par hasard, et, de fil en aiguille je lui ai parlé de ce projet et cela lui a plu.

Donc je me suis mis au boulot, une musique assez extrême avec quand même des touches progressives au niveau des structures et du concept, sept morceaux de sept minutes chacun. Nous avons passé trois ans sur le premier disque et à sa sortie l’accueil a été incroyable, nous avons été très surpris et heureux.

 

02. Trois ans parce que vous n’aviez le temps et les moyens de ne travailler dessus que par petites touches ?

Ce fut beaucoup de travail dans l’écriture. Pour la première fois je travaillais vraiment tout seul sur un disque. Avec ELVARON je suis le principal contributeur mais j’ai aussi de l’aide. Donc un gros boulot solitaire pour la musique et un long travail également pour les textes. Enfin la réalisation aussi nécessité beaucoup de temps avec sept guitaristes invités chacun faisant un solo. Donc il a fallu bien des efforts pour récupérer les parties de chacun, enregistrer moi-même la musique, jongler avec les emplois du temps pas forcément super compatibles. Bob venait d’être papa donc retard.

Mais finalement pour le deuxième opus autour des dix plaies d’Egypte, la réalisation a été quasiment aussi longue, aussi trois ans. C’est peut être un cycle sain et normal. Sur le nouvel album, la Cène, c’est encore pire car cela nous a pris cinq ans. Il y a plus de chansons, beaucoup plus d’orchestrations et donc un travail énorme à boucler. La composition a été très longue. Et là vraiment la réalisation a été très chronophage, récupérer tout le monde,  les parties des douze apôtres s'est révélé être un beau défi.

 

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03. Pourquoi ce choix d'un concept album et ce thème religieux de la cène ?

C’est vrai que dès le début nous ne nous sommes pas facilités la vie en choisissant déjà un thème biblique pour le premier album à travers les sept péchés capitaux. Même chose pour le dix plaies d’Egypte et puis là en réfléchissant au troisième album on s’est rendu compte que les sujets bibliques collaient bien à l’univers d’AKROMA. Finalement le choix de ces thèmes reste un prétexte pour écrire un scénario et une histoire. La Bible elle-même regorge d’histoires avec énormément de symbolique des nombres. Le côté mystique vient de la musique et des textes, pas par le côté religieux.

Il n’y a pas de démarche revendicative chez nous, c’est une histoire, un prétexte avec la Cène comme pour les deux autres. J’aime bien prendre l’image de David Fincher. Fait-il une attaque de la religion dans Seven ? Moi en tant que spectateur je ne pose pas la question. Et dans le métal pour certains groupes cela peut être un folklore. Mais pour nous ce n’est pas le cas, le raccourci ne se justifie pas pour AKROMA. Il n’y a pas de message de controverse pro ou antireligieuse.

 

04. Sans trahir de secret, as-tu déjà une idée du concept du prochain ?

Eh bien… Nous évoquons des choses mais pour l’instant nous ne voulons pas nous précipiter. Là le nouvel album sort, il est plutôt bien très bien accueilli même des médias et radios et donc nous sommes très heureux. Cela récompense notre boulot Concentrons-nous sur le présent et nous verrons ensuite. Je veux prendre le temps de profiter sans me projeter très loin, et j’ai d’autres projets sur le feu avec SYMAKYA et ELVARON.

 

05. Pourquoi le choix du chant en français ? Cela risque de limiter le potentiel du disque non ?

Oui nous avons fait un choix et en commençant nous nous sommes bien entendu posés la question de la langue. Nous ne savions pas trop où nous voulions aller mais nous ne voulions surtout pas éliminer cette option avant de la tester. Et lors de la première session d’enregistrement avec Bob, il avait ses textes dans les deux langues et on a essayé les deux. Le premier test a été en français sur « la colère », un titre du premier album, et il avait à peine chanté quatre phrases que nous nous sommes tous regardés en nous disant que nous tenions quelque chose de particulier. En français, l’expression du sentiment passait mieux, cela devenait une évidence. On s’est dit que le chant dans notre langue s’imposait à nous et nous n’avons pas réfléchi plus loin en nous demandant si cela allait nous limiter dans notre diffusion.

La meilleure preuve est qu’AKROMA est beaucoup écouté et vendu en Amérique Latine, Brésil, Chili et Argentine et je ne pense pas que les mecs se posent la question de la langue. Nous développons un univers concept et conceptuel qui ne peut être compris que si tu parles français. Comme quoi la musique se suffit aussi à elle-même, comme nous quand nous écoutons des chansons chantés en suédois, japonais ou allemand. Le choix du français a été une évidence. 

 

06. Comment rassemble t-on la crème de la scène extrême underground française sur un tel projet ?

C’est toujours difficile, même avec deux albums déjà sous le bras. Il faut arriver à crédibiliser son projet, à le vendre quelque part aux autres. Il y a sur ce disque quelques chanteurs de groupes très établis voir culte pour MISANTHROPE, pionniers du style en France. Donc j’utilise au maximum mon réseau construit petit à petit depuis des années.

 

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07. Il te faut leur faire écouter ou certains disent ok sans rien avoir écouté ?

Oui il te faut des compos sous le bras à transmettre pour qu’ils écoutent mais certains aussi acceptent d’emblée, sans avoir rien écouté. Ceux que nous connaissons, Patrick (NDLR : Germonville) de MORTUARY c’est le frère d’Alain, Frank (NDLR : Laprévotte) de LA HORDE avec lequel je travaille déjà, Laurent (NDLR : Gisonna) de DEFICIENCY c’est un groupe de mon label… Pour les douze personnes que j’ai démarchées, nous leur avons tous envoyé la musique pratiquement terminée et enregistrée pour qu’il sache à quoi cela allait ressembler.

 

08. Donc tu as composé avec un chanteur en tête avant de savoir si le mec allait accepter ?

Non j’ai composé vraiment avec un apôtre en tête et nous avions déjà planifié quel personnage intervenait à quel moment. Nous savions que nous voulions des chanteurs de métal extrême et après je me suis inspiré du texte d’Alain écrit pour chacun pour définir une ambiance et composer une musique adaptée. Le choix de la personne s’est fait par la suite et il faut convaincre. Pour S.A.S de l'Argilière nous sommes rentrés en contact avec lui grâce à Gaël Féret le batteur de MISANTHROPE qui a officié un temps avec MORTUARY. Donc le contact a pu se faire.

Mais le plus dur reste à faire, tu sais que l’artiste a reçu ta musique mais encore faut-il qu’il accepte ton projet. Il est important de dire ici qu’à aucun moment des questions financières rentrent en jeu. AKROMA est un projet collaboratif et aucun des participants n’est rémunéré. Nous avons déjà un mal de chien à sortir le disque… C’est quand même une niche bien spécifique. Ce n’est pas une histoire de gros sous. Et en plus, dans le cahier des charges il fallait que les mecs enregistrent leurs parties eux-mêmes. Donc pas de mercenaires ici.

 

09. Sans dénoncer personne, tu as tous ceux que tu voulais ?

Non bien sûr, j’ai eu plus de dix refus. J’ai contacté je pense autour de vingt-cinq chanteurs, certains de gros groupes et sur ces vingt-cinq, au final, douze ont accepté le pari. Le plus chiant ce n’est pas les mecs qui te disent non de suite, c’est ceux qui te disent oui et au bout d’un an te disent finalement qu'ils ne vont pas le faire. Et c’est arrivé bien sûr. Tu as tout planifié et c’est mort donc il te faut un plan B et un plan C au cas où. A un moment donné tu épuises aussi ton réseau et donc cela devient difficile pour atteindre de nouveaux gars…

Le seul exemple que je peux donner c’est Stéphan Forté d’ADAGIO à qui j’ai demandé car il a fait un peu de chant extrême sur ces albums comme Archangel in Black. Mais cela n’a pas pu se faire pour x raisons et ce fut vraiment dommage. J’aurai adoré l’avoir sure le disque mais au niveau timing cela ne collait pas. Mais je comprends. Mais comme je le disais ce n’est pas le plus chiant. Nous avons ramé pour nous retourner suite à l'abandon de certains, d’où le temps de réalisation.

 

10. Donc tu récupères les pistes de chant de chacun et tu assembles après le patchwork ?

Au niveau de la musique tout est enregistré par AKROMA en studio tous ensemble au même endroit. Nous sommes cinq dans le noyau dur du groupe : Thomas Das Neves le batteur, Pierre-Yves Martin : à la basse, Alain « Bob » Germonville au chant, Laura Kimpe au chant féminin et puis moi. Tout est enregistré et sauf les blancs des douze apôtres. Bob a écrit les paroles a chanté ses parties et les interventions des autres ont été toutes définies.

A ce moment-là, j’envoie le mp3 au chanteur en lui précisant que son intervention est entre 2 mn 15 sec et 5 mn 32 sec et qu’il doit chanter ça. Et pour surtout tu chantes dans ton style donc pour S.A.S de l'Argilière : « tu nous fais du MISANTHROPE ». Il faut que le mec l’interprète selon son style et sa patte. Nous lui laissons une liberté totale, il peut même changer les paroles, des mots, il fait comme il veut.

 

11. Et donc tu reçois son fichier en retour et… ?

Là, la chanson prend tout son sens ! Et Je ne pense pas que sur les interprétations des chansons telles qu’elles apparaissent sur le disque, tu puisses noter des ratés. Les mecs bossent sérieusement et puis ils vont apparaitre sur un disque. Pour certains avec une expérience établie, ils ne peuvent pas faire n’importe quoi.

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12. Donc j’ai bien compris, pas de mauvaises surprises, mais alors des bonnes, des approches que vous n’aviez pas du tout envisagées ?

Non pas vraiment car nous n’avions rien envisagé. Nous avons été soufflé par certains comme par Matthieu Jouvert de GRAZED qui interprète l’apôtre Thomas. Il a fait un truc de fou, totalement déjanté et génial dans l’esprit et l’interprétation. Mais tout était sinon calé d’avance. Et nous avons imposé les apôtres aux chanteurs sollicités sans possibilité de choix. Bien sûr on s’est posé la question pour Judas mais finalement pas de souci.

 

13. Comment trouve-t-on l'équilibre entre douceur des orchestrations et violence du chant et des riffs ? Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes….

La phase de composition se fait toujours en deux parties. D’abord ce que j’appelle l’ossature du morceau où j’écris uniquement la partie guitares. Et donc là cela sort des tripes. A partir de cette base j’écris les arrangements et les orchestrations, une démarche donc beaucoup plus réfléchies et posées. Pour cette deuxième phase, pas de tâtonnement, j’écris de manière académique à travers des partitions. Enfin j’attaque la réalisation avec Cubase, avec des séquenceurs… C’est difficile pour moi de te dire combien de temps cela a pu prendre car je ne fais pas que ça. Cela s’étale toujours sur des mois. J’ai toujours des idées, des bribes de (peut-être) futures chansons mais j’ai toujours un moyen de les enregistrer ou les écrire sur mon téléphone…. Je ne laisse rien passer et ensuite je le retravaille.

Chez moi, j'ai souvent l’oreille accroché par des éléments rythmiques. Par exemple, et je ne sais pas si je devrais le dire, dans mon ancien appartement, chaque fois que je faisais la vaisselle, l’eau s’écoulait dans l’évier pendant une demi-heure et par intermittence il y avait des bruit d’écoulement, comme  un rythme et à l’époque je construisais des chansons à partir de ça. Comme quoi l’inspiration peut venir de tout et n’importe quoi, vraiment. C’est totalement chaotique, aléatoire et pourtant tu peux construire à partir de ça. Mais le plus souvent j’ai des idées pour la guitare et je les mets en œuvre rapidement. Je pars toujours d’une ligne de guitare pour faire mes arrangements, orchestrations.

Bref, pour revenir à ta question, il n’y a pas de volonté consciente entre violence et douceur, c’est naturel et cela fait partie du style AKROMA qui ne me semble pas très commun, en tout cas en France. Ce mélange entre une musique mélodique et un chant très violent ce fait mystérieusement.

 

14. Question de béotien mais au niveau des orchestrations, tu peux toujours en rajouter, donc à quel moment tu t’arrêtes ?

Il existe quand même des traités d’orchestration qui ont été écrits notamment celui de Berlioz au XIXème siècle. Il y a des notions de timbre par exemple et moi je suis limité de toute façon par l’orchestre en lui-même. Tu ne peux pas faire jouer un nombre infini d’instruments en rajoutant bêtement des couches. Ma limite reste ce qui est jouable réellement par un orchestre symphonique relativement imposant. Je voulais pouvoir porter cela sur un spectacle si l’opportunité se présentait. Et c’est pour cela qu’il n’y a pas de parties de synthés sur le disque tout est fait par des instruments d’orchestre. C’est important pour moi au niveau du rendu, j’ai fait un travail d’orchestration et de direction virtuelle comme un chef d’orchestre avec les nuances et les coups d’archer que je voulais quand cela doit être arco ou pizzicato… Mon approche a été vraiment celle d’une écriture orchestrale.

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15. Vous avez tourné un clip pour « Simon ». Comment cela s'est passé et aimes-tu ce genre d'exercice ?

Et bien c’est la première fois dans ma carrière que je faisais filmer un clip de manière professionnelle. J’ai trouvé cela extrêmement intéressant et surtout très différent à mes attentes. Cela s’est passé de manière très fluide et nous n’avons pas eu à refaire douze mille fois les mêmes choses. Nous avons tournée dans une véritable église, à Dieue-sur-Meuse. Et ce n’a pas été très difficile de convaincre le prêtre qui s’appelle Bertrand Monnier et qui est fan du groupe depuis plus de dix ans. Donc cela aide, il savait que nous n’étions pas armés de mauvaises intentions. C’est un prêtre extrêmement actif en Meuse pour essayer de dé-diaboliser l’image du métal et il travaille avec une association localement…

Nous nous étions engagés à respecter le lieu, pas de sang, de croix en feu, de vierges… Et à nouveau le thème biblique est un prétexte, on ne prend pas parti. Avec Maxime Fournier qui a réalisé, un jeune réalisateur parisien qui a fait des merveilles et nous avons tout bouclé en une journée. C’est un exercice très amusant et nous avons activement participé à tous les aspects car le mec nous a fait un prix donc le deal était que nous mettions les mains dans le cambouis. Quand nous ne tournions pas, nous nous occupions des lumières… Pour la scène où Laura est dans la nef latérale, c’est le batteur qui fait le réflecteur pour éclairer comme il faut, ambiance bougie.

Ce fut très marrant. Et ce n’est pas exclu d’en faire d’autres selon le retour, nos moyens et le scénario que nous pourrions monter. Si j’avais le choix et un budget illimité, l’idéal serait de faire Judas et d’illustrer le dénouement de l’album. Je ne veux pas dévoiler l’intrigue… Cela voudrait dire avoir les douze chanteurs, un gros budget décor…

 

16. Gros travail sur la partie visuelle et graphique de l'album le livret. Comment as-tu bossé avec l'artiste ?

Pour cet album nous avons bossé avec Florian "Le Chromatorium" Le Guillou à la création graphique. Je suis très sensible à cet aspect et cela revêt une grande importante pour AKROMA et ceci depuis le premier album, cet aspect est indissociable de la musique et des textes à nos yeux. Pour la Cène, nous avons changé de graphiste. Ce fut le résultat d’une rencontre, une envie de changer, d’avoir un œil neuf sur notre musique. J’avais vu le travail de Florian et j’ai senti que son univers pouvait coller à notre projet, qu’il pouvait saisir l’essence de notre travail. Et il a fait des merveilles, il a super bien bossé et je le recommande à tous mes collègues.

L’histoire de cette pochette est assez rocambolesque. C’est lui qui est venu avec cette idée, il avait carte blanche. Et il a visé au centre, génial. Ce fœtus entouré de cette couronne d’épines dit tout, il n’y a rien à expliquer. Il ne pouvait pas faire mieux. Florian a aussi fait tout le livret. Au début nous voulions reprendre la célèbre peinture de Léonard de Vinci mais sont rentrés en jeu des questions de droit que nous n’avions pas prévues. C’est assez compliqué donc le travail rapide et de grande qualité de Florian, avec une vision juste, nous a séduit.

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17. Ton avis sur les ténors du genre black symphonique comme BEHEMOTH ou DIMMU BORGIR ?

Je connais très mal la carrière de BEHEMOTH, je suis plutôt amateur de DIMMU BORGIR qui reste une grosse influence pour nous. Et toute la controverse sur le fait qu’ils soient devenus accessibles et donc vendus pour certains ne cesse de me surprendre. Les mecs ont vraiment écouté ce qui passe à la radio ? Il faut relativiser et en plus on s’en tape. Je ne vais pas me faire des amis mais il ne faut pas pousser.

J’ai vu récemment à la TV une émission où les mecs se filment dans un bar entre « acteurs » du métal. Et un des mecs disait : « oui les mecs qui sont signés chez Nuclear Blast, ils font que de la m… » car ils n’ont plus la rage en étant chez un gros label. C’est complétement idiot comme idée, et DIMMU BORGIR considérés comme des vendus cela me défrise… Ils n’ont jamais fait de true black Métal et je trouve très bien qu’ils soient plus exposés et que des artistes représentent la scène quelque soit leur esthétique. Je ne veux pas rentrer dans la guerre.

 

oshy_itw_Akrom_0718. Que peux-tu nous dire de tes activités de patron de label (FANTAI’ZIC Production) ? Nécessité lié au business ? Tu commences à t'ouvrir à des groupes hors de tes projets, quelles sont tes ambitions ?

Tu as bien résumé. J’ai créé le label en 2004. Au départ, cela me permet d’abord de faire de la coproduction et de mettre le nom d’une association sur une réalisation de groupe. Et finalement quand Thundering et consorts se cassent la gueule, en 2009, c’est là que je me retrouve devant un mur. J’avais déjà sorti cinq albums sur ce label alors défunt et du jour au lendemain, en 2009, tous les disques sortent du circuit de distribution. Les albums n’étaient plus disponibles sur les plateformes type iTunes et autres, tout le stock a été revendu aux enchères… Donc ce fut très violent, le lendemain j’allais à la FNAC et je voulais acheter un album d’ELVARON et la réponse était, "ELVARON connait pas". Tout sort du réseau. Donc si je ne passe pas ce mur, non seulement je n’avance pas mais en plus j’existe plus. Donc je me suis sorti les doigts…

A ce moment-là, je ne voulais plus d’intermédiaire. J’avais assuré mes arrières avec la structure en 2004. Et donc je suis reparti à zéro pour m’assurer d’une distribution et d’une disponibilité de mes albums, uniquement eux d’abord, dans les bacs. Donc j’ai eu la chance de rencontrer un bon distributeur qui nous met les disques en rayon. Et donc rapidement, en tant que label, même si tu ne sors que tes albums, tu es sollicité. Je reçois des choses régulièrement. Il y a trois ou quatre mois de cela je reçois un super truc venant d’Ukraine, ils voulaient que je les signe. Mais avec les événements géopolitiques là-bas, je n’ai plus de nouvelles. J’ai beaucoup hésité à sortir des albums en dehors de mes projets mais j’ai finalement publié le DEFICIENCY sans prendre beaucoup de risques car l’album était déjà sorti mais sans distributeur. Je l’ai fait rentrer dans mon catalogue et il devenait donc disponible en numérique. Leur projet m’intéresse et je les ai signés pour qu’ils bénéficient eux-aussi de ce que j’avais pu avoir avec Thundering au début des années 90.

Je pense avoir fait un bon choix, je savais que les mecs allaient se défoncer pour le disque et c’est un groupe local, vers chez moi. Je vise d’abord avec FANTAI’ZIC des groupes lorrains, une mission de service public au niveau local. Je reste ouvert aux propositions, j’écoute et je réponds toujours. Je ne veux pas faire du volume, .je ne sors pas plus qu’un album tous les six mois. Jusqu’à début 2016, mon calendrier de sortie est déjà fixé. Nous devons sortir dans les mois qui viennent le nouvel album de LA HORDE puis celui d’ELVARON et puis un SYMAKYA, trois de mes albums. Et alors début 2016, DEFICIENCY peut-être s’ils souhaitent continuer à bosser avec moi. 

 

19. Des nouvelles de tes autres projets comme SYMAKYA et ELVARON ?

ELVARON l’album est écrit et en cours de réalisation. Maïa Mazaurette va nous en écrire le scénario mais aussi des textes à partir de ma musique. Pour SYMAKYA, pour l’instant rien n’est écrit mais j’ai beaucoup d’idées, tout dans la tête. Pour LA HORDE, la réalisation est pratiquement terminée, en espérant le sortir en octobre.

 

20. Que penses-tu de la scène métal hexagonale vue de Lorraine ?

Et bien je la vois surtout en Lorraine malheureusement. Je dois bien avouer malheureusement être beaucoup moins actif en tant que spectateur que je n’ai pu l’être dans le passé. Moi j’ai toujours cru et soutenue nos groupes. Je trouve notre scène française très novatrice, elle prend des risques parce que nous sommes en France, bien éloigné des courants mainstreams. Nos meilleurs groupes sont ceux qui osent et ne se fixent aucune limite. Il existe beaucoup de groupes mais le problème de notre pays se concentre surtout au niveau des infrastructures : labels, salles…

A Nancy, il existe pas mal d'endroits mais pour jouer il te faut produire ton show et cela me gonfle. L’aspect concert me fatigue. AKROMA sur scène sera envisageable dans de bonnes conditions, avoir les artistes, théâtralisé le spectacle… Comme pour les albums, nous ferons les choses si nous pouvons les faire dans de bonnes conditions sinon nous nous abstiendrons.

 

Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

1. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« Cygnus X-1 Book II: Hemispheres” de RUSH sur l’album Hemispheres. Elle fait vingt minutes, le summum de tout, je l’écoute depuis la naissance… J’ai grandi avec cette musique.

 

2. Premier album acheté ?

Trilogy de MALMSTEEN

 

3. Dernier album acheté ?

DREAM THEATER le dernier

 

04. L’album qui a allumé ton étincelle artistique ?

Pas un disque mais une cassette vidéo : Concert à Tokyo de MALMSTEEN en 1985. Grâce à cette vidéo j’ai eu envie de faire de la guitare. J’étais jeune et avant de voir cette vidéo, je croyais que Malmsteen c’était le chanteur (rires)

 

05. Son ou bruit que tu aimes ?

Non, rien de spécial ne me vient là à l’esprit.

 

06. Son ou bruit que tu détestes ?

Le polystyrène, je ne supporte pas.

 

Chronique de l'album ici

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