oshy_12012014_AmphetamLe premier EP des Rémois d’AMPHETAMIN, Substitute (chronique ici), avait su, en 2010, toucher et émouvoir notre petit cœur de métalleux. Après un tel apéritif, les convives étaient en droit d’espérer un plat principal roboratif, conservant la subtilité et la large palette de saveurs des bouchées précédentes. La pochette donne d’entrée de jeu le ton, ce n’est pas encore cette fois que nos amis contribueront à améliorer l’humeur pessimiste du moment. L’ambiance générale reste, comme sur Substitute, propice à la mélancolie, au repli sur soi. Cette introspection sera forcément éprouvante mais peut s’avérer salvatrice.

Avec application, par petites touches, couche après couche, AMPHETAMIN construit son univers sonore et nous embarque dans un lourd voyage. Les guitares posent les bases et se voient complétées, enrichies des claviers et du chant. La batterie, juge de paix, marque le tempo et fixe les limites du cadre musical. Les cuivres sont très utilisés et apporte une touche supplémentaire, un contact froid et métallique. Les voiles mélodiques se retirent pas à pas pour finalement dévoiler un paysage intérieur entre violence et découragement. Les Rémois marrient à merveille ces deux dimensions et parviennent à trouver un bel équilibre entre riffs rageurs et passages plus aériens, atmosphériques. Cette subtile horlogerie nécessite un soin constant, exercice pleinement maîtrisé par Sebastian, J.B. et Morgan. Un beau travail a été réalisé sur le chant et les progrès par rapport à l’EP précédent s’avèrent impressionnants. Sebastian susurre moins et se permet même l’audace de véritablement chanter, d’alterner au sein d’une même composition la hauteur et les intonations pour coller au plus près aux émotions du moment. C’est une vraie réussite sur « E-rased » pour ne citer qu’un exemple.

Les influences THE CURE et JOY DIVISION sont bien toujours présentes mais AMPHETAMIN a aussi su élargir son horizon pour se rapprocher d’un ANATHEMA, ou même d’un MARILLION parfois dépressif période Brave. Sans renier les touches progressives et post-rock de leur musique, le groupe avance et continue à développer son identité. Ils expérimentent et prennent des risques, ici en proposant un titre éponyme, fleuve, de plus de treize minutes. Exercice casse-gueule par excellence, nos compatriotes s’en sortent haut la main via une nouvelle très belle prestation d’ensemble, avec mention spéciale pour le chanteur. Soulignons aussi la qualité de l’enregistrement, le son s’avère limpide et rend vraiment hommage à toutes les subtilités des compositions proposées.

Après un gallot d’essai prometteur en 2010, AMPHETAMIN enfonce le clou et confirme tout le bien que nous pensons d’eux. A la fois inspirés et talentueux ils pourraient en surprendre plus d’un. Plus j’écoute At the Dawn of Twilight plus l’image d’un OPETH époque Damnation (ou KATATONIA) s’impose à moi. Pas sûr que cela rentre dans les projets du groupe mais il serait intéressant de voir les Rémois se frotter à un registre plus agressif et lourd. Un sacré bon disque en tout cas, disponible gratuitement ou au prix que vous voulez (histoire de les soutenir) sur la page bandcamp du groupe.

Oshyrya (8,5/10)

 

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Autoproduction / 2013

Tracklist (45:30 mn) 01. Lunae Lumen 02. E-rased 03. Pain(t)ful Memories 04. Wish & Fall 05. At the Dawn of Twilight 06. Autumn III 07. A Shadow on Me