Nan, c’est bon, tu peux le faire.

J’aurais dû me douter qu’il y avait anguille sous roche, que l’occasion était trop belle et que ma joie serait de courte durée. Hamster avait renoncé trop vite, me refilant la patate chaude avec une rapidité qui ne lui ressemble pas, à plus forte raison puisqu’il est question ici d’At The Gates, les géniteurs du fameux Slaughter Of The Soul, un des rares albums (si pas le seul) à avoir reçu la note maximale par le boss. À l’instar de Carcass, la bande à Tompa a laissé filer près de deux décennies avant de revenir, d’abord sur scène, puis avec un nouvel album. Carcass avait su me séduire une nouvelle fois avec Surgical Steel, At The Gates parviendra-t-il à réaliser la même prouesse avec At War With Reality ?

(Vous vous doutez qu’avec une telle intro, ça sent relativement le sapin pour ATG, non ?)

Après avoir aligné les écoutes, un premier constat, et non des moindres s’impose : At The Gates a joué la carte du comeback « safe », sans véritable prise de risques, et à ce petit jeu, les Suédois tirent leur épingle du jeu. On retrouve en effet la touche At The Gates, le mix entre agressivité et mélodie, le tout portant le chant toujours aussi convaincant de Tompa. Les fans voulaient du At The Gates pur jus, At The Gates leur sert sur un plateau d’argent un album parfaitement calibré pour ce public-cible. C’est maîtrisé de bout en bout, ça sonne bien (la prod’ aux petits oignons est plutôt sympa dans son genre), « on reprend les mêmes et on recommence », 19 ans après. À ce niveau, At The Gates ne se fout pas de notre gueule, et At War With Reality contient son lot de morceaux qui font mouche.

Malheureusement (et à l’instar de The Haunted), At War With Reality souffre du syndrome du coup de mou. Dans une moindre mesure qu’Exit Wounds, certes, mais il arrive un moment où l’album ronronne gentiment, la mélodie venant clairement prendre le pas sur l’agressivité… et même si c’est bien foutu, il manque un petit quelque chose qui viendrait relancer la machine. Aujourd’hui encore, quand je réécoute Slaughter Of The Soul, mon cœur s’accélère dès l’intro… Putain, cette galette à presque 20 ans et me colle encore des frissons ! At War With Reality a beau me contenter sur presque tous les plans, il ne suscite pas cette même réaction épidermique, ce frisson d’excitation qui part des tripes.

At War With Reality est un bon album, mais pour le comeback d’un groupe du calibre d’At The Gates, un bon album n’est pas suffisant. Il faut un grand album. Je suis peut-être mort à l’intérieur, ou pas assez fan du groupe, qui sait, mais ce comeback, à la limite, ne me secoue pas outre mesure. Ma seule véritable joie vient du fait que ce nouvel album implique une nouvelle tournée et la possibilité de se reprendre « Terminal Spirit Disease », « Slaughter Of The Soul », « Blinded By Fear » et tous ces autres classiques dans la tronche, en live, dans une salle surchauffée. At The Gates n’avait pas besoin de ce comeback. Les fans n’avaient pas vraiment besoin d’un tel comeback (même si le groupe avance l'enthousiasme des fans pour justifier leur retour) : un simple retour sur les planches, de temps en temps, m’aurait comblé bien plus que cet opus qui n’ajoute rien au mythe. Le seul mérite de cette galette est de sauver l’honneur de la Suède sur le plan du melodeath après le naufrage total d’In Flames. Une bien maigre consolation, si vous voulez mon avis.

Mister Patate (7/10)

 

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Century Media Records / 2014
Tracklist (44:16) 1. El Altar Del Dios Desconocido 2. Death and the Labyrinth 3. At War with Reality 4. The Circular Ruins 5. Heroes and Tombs 6. The Conspiracy of the Blind 7. Order from Chaos 8. The Book of Sand (The Abomination) 9. The Head of the Hydra 10. City of Mirrors 11. Eater of Gods 12. Upon Pillars of Dust 13. The Night Eternal