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01. Pour les métalleux qui ne vous connaissent pas, pourrais-tu nous en dire plus sur le groupe ?

Helena: Nous nous appelons EKLIPSE et nous sommes un quatuor à cordes. Nous proposons des reprises de chansons rock à notre sauce, en version orchestrale adaptée à nos quatre instruments. Nous ne favorisons pas spécialement de chansons du répertoire du heavy métal. Notre choix est varié, des trucs assez modernes et très populaires comme Justin Timberlake mais aussi des tubes orientés rock connus de tous. Le tout est instrumental, sans chanteur.

 

02. Comme tu le dis, vous ne reprenez pas spécialement des chansons métal donc pourquoi pensez-vous que la communauté métal pourrait être intéressée ?

Nous prenions un risque mais nous avons commencé à offrir cette musique sur scène en compagnie de NIGHTWISH il y a deux ans de cela pendant une partie de leur tournée. Ce fut un joli pari mais nous avons toutes un solide background musical sui nous rapproche de cette communauté. Ma théorie est assez simple, nous nous sommes surtout produites avant des groupes de power métal symphonique mais nous partagions à chaque fois la première partie avec un second groupe très métal. Donc le package de la tournée fonctionnait bien ainsi, le public avait la partie symphonique avec nous, la partie métal avec le second groupe de première partie puis le tout mélangé avec le groupe principal. C’est le mariage parfait et le public a très bien réagi à chaque fois.

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03. Liberté, Egalité, Sensualité un nouvel EP va sortir très bientôt, dans quelques semaines. Quels sont tes sentiments à posteriori sur cette nouvelle aventure ?

Nous fondons de grands espoirs sur cet EP afin de mieux nous faire connaître du public français et espérons intégrer d’une façon ou d’une autre de votre paysage musical. Nous souhaitons pouvoir venir jouer chez vous très souvent, le plus possible. Cet EP est vraiment dedié uniquement à la France et il n’y aura pas de versions adaptées pour d’autres pays. Pas de versions anglaises ou japonaises de prévues. Nos concerts en France avec NIGHTWISH ont été géniaux et nous avons voulu vraiment faire un effort pour progresser dans votre pays et faire grandir la bonne impression laissée deux années auparavant.

Le public a été génial lors des concerts, chantant sur nos reprises même si nous n’étions pas très connues d’eux puisque notre album venait de sortir. Cela nous a marquées et donc il devenait évident de devoir poursuivre sur cette voie et battre le fer tant qu’il était chaud envers notre public français. Donc avec notre management nous avons laissé ce projet grandir et maturer et c’était désormais le bon moment pour se rappeler au bon souvenir de nos amis français.

 

04. Comment travaillez-vous en général, et comment cela s’est-il déroulé pour Liberté, Egalité, Sensualité ?

Nous avons modifié notre façon de travailler par rapport à l’album précédent. Au début cela passe par beaucoup d’essais, tu tentes et souvent cela rate donc tu refais en modifiant des petites choses jusqu’à arriver au bon équilibre. Cela nous a fait enregistrer beaucoup de chansons, plus que prévues. A l’époque il fallait que nous apprenions à nous connaître nous quatre et à travailler en harmonie. Pour le deuxième album et cet EP le processus a été facilité par l’expérience que nous avions emmagasinée et notre meilleure connaissance les unes des autres. Les tournées ont renforcé notre collectif et cela rend les choses plus faciles. Nous avons beaucoup progressé.

 

05. Question idiote mais il semble que beaucoup de musiciens classiques apprécient particulièrement la musique métal. Et le public métal lui rend bien en saluant souvent les groupes de rock qui proposent des concerts avec orchestre. Mythe ou réalité ?

Tu as raison et la raison de cet état de fait est très facile à donner, je crois. Les deux genres musicaux reposent beaucoup sur le talent et la maîtrise technique. Il faut s’entrainer encore et encore et atteindre un bon niveau nécessite bien des efforts, cela représente un sacré défi. Certains groupes sont extrêmement techniques en jouant beaucoup sur des rythmes inhabituels et complexes. Personnellement, je voudrais bien qu’un guitariste me montre dans le détail comme il exécute un solo de guitare pour que je puisse apprendre de sa technique et peut-être l’utiliser pour faire évoluer mon jeu au violoncelle.

Cela me trotte dans le tête depuis pas mal de temps déjà et je vais un jour essayer. C’est très difficile de vouloir reproduire sur un violoncelle ce que joue une guitare à cause de la taille du violoncelle en particulier. Et le deux mondes se rapprochent de plus en plus. Et il le faut car, pour être honnête avec toi, il est maintenant très difficile de faire une carrière dans la musique classique et de bien gagner sa vie. Il faut faire face à cette réalité si tu es un musicien classique et il faut trouver des stratégies pour sortir du carcan habituel et proposer autre chose. Pour certains cela passe par l’enseignement tout en essayant de jouer avec des orchestres le plus souvent possible. Difficile d’en vivre sans faire de compromis…

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06. Si l’on revient un moment sur la période A Night in Strings, que retiens-tu de cette époque ?

Bien sûr les concerts, nous avons beaucoup aimé ces moments et j’en garde d’excellents souvenirs et puis plus simplement c’est là que j’ai trouvé la bonne façon d’agencer mes cheveux. J’aime beaucoup cela et j’étais heureuse de trouver ainsi mon style de coiffure. Combien d’heures pour arriver à ce résultat ? Tu serais surpris car j’ai besoin de cinq à sept minutes seulement. Maintenant je suis entraînée. Utilises-tu une matière explosive (rires) ? Simplement un produit pour les cheveux et une poudre spéciale, très collante avec une brosse. En cinq minutes le tour est joué !

Ce fut une petite révélation pour moi. Au début de la tournée avec NIGHTWISH j’avais adopté une autre coiffure et j’étais encore très hésitante. Puis un jour j’ai adopté celle-ci et quand je suis rentré sur scène ce fut évident, ainsi je me sentais être moi, cela me représentait bien en tant qu’artiste. Et pourtant j’avais déjà mon costume de scène et ce signe distinctif roue sur mon visage mais il manquait pourtant quelquechose. Et je veux dire que lors des tournages de vidéo c’est très pratique et assez sympa à voir, direct et intense.

 

07. Vous aviez tourné déjà plusieurs vidéos. Comment cela s’est-il passé et apprécies-tu ce type d’exercice malgré la répétitivité ? Beaucoup d’artistes considèrent qu’il s’agit d’un mal nécessaire…

Mais moi j’aime cet exercice. D’abord il se passe toujours des choses intéressantes pendant les longues périodes d’attente. En plus tu es chouchoutée avec souvent la présence de stylistes ou coiffeuses. Cela peut te donner de nouvelles idées. Par exemple pour le deuxième album, Electric Air, nous nous sommes rendues à Prague pour tourner et ce fut génial avec la présence d’une super artiste pour les photos. Je ne sais pas si tu les as vues mais elles sont superbes. Ce fut un honneur de bosser ave cette femme talentueuse. Un styliste renommé était là aussi donc le package a été très enrichissant.

Tu apprends à très bien connaître les gens en passant beaucoup de temps avec eux. Tu as parlé à beaucoup d’hommes qui ont pu moyennement apprécier l’expérience mas demande aux femmes et tu verras la différence dans leurs réponses.

 

08. Vous avez partagé la scène avec beaucoup de groups différents, de NIGHTWISH à plus récemment THE MISSION. Comment cela s’est-il passé et avez-vous vu des différences entre les publics ?

Oui même si j’ai du mal à te répondre précisément car nous avons passé un mois en compagnie de NIGHTWISH et seulement quatre jours avec THE MISSION. Cela a bien fonctionné dans les deux cas, les artistes étaient très sympas et le public nous avons été très bien accueillies par leurs publics. Nous n’étions pas inquiètes nous n’avons pas connu de mauvaises expériences jusqu’à présent. Je pense que notre arrivée sur scène peut s’avérer assez impressionnante, quatre jeunes femmes habillées et maquillées comme cela…

Cette intimidation du début, cette inconnue concernant ce que nous allons jouer, évite aux gens d’être agressifs avec nous. Nous allons rencontrer les gens sur notre stand merchandising après le concert et cette image froide et distante disparait alors. Nous sommes amicales et les gens apprécient cela. Normalement le public nous aime bien (rires).

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09. Vous jouez beaucoup avec cette image sexy/gothique. Ne pensez-vous pas parfois que cela favorise la forme au détriment du fond, le superficiel de l’image par rapport à la musique qui reste la plus importante ?

Je comprends ta question et je ne parle ici qu’en mon nom. J’ai réfléchis à cet aspect des choses et j’ai pu en parler avec des amies très marquées par le mouvement féministe. Je craignais leurs réactions mais en fait j’ai pris la position suivante : je fais ce que j’aime et je peux ainsi jouer du violoncelle au sein d’un groupe que j’aime beaucoup. Nous sommes toutes très concentrées et travaillons dur pour progresser. Je m’habille comme je l’entends j’ai ma position dans le groupe et sur scène. Notre public est surtout métal et masculin mais nous sommes acceptées comme nous sommes. Je pense que nous les impressionnons beaucoup.

Nous ne sommes pas des poupées idiotes et nous savons ce que nous faisons. Nous sommes sûres de notre fait et cela se ressent quand nous entrons sur scène. Tout cela n’est pas une obligation extérieure, du management par exemple, qui nous demanderait de rentrer dans un moule. Nous restons maîtres du jeu. Ainsi cela me convient. J’en parle avec beaucoup de femmes qui ne trouvent pas que cela soit mauvais ou dégradant. Et les femmes du public ne sont pas hostiles envers nous, elles viennent parler avec nous facilement dans être intimidées. Personne ne nous pousse à aller trop loin, nous restons intouchables et en contrôle de notre image. Cela fonctionne bien ainsi.

 

10. De nombreux artistes (souvent de groupes extrêmes) qui se maquillent et se déguisent également expliquent qu’ils deviennent quelqu’un d’autre une fois le costume enfilé. Est-ce pareil pour vous ?

Oui c’est toujours comme ça au moment où tu rentres sur scène. Mais c’est vrai également même dans un orchestre classique au moment où tu te présentes devant le public. cela fait partie du job de musicien professionnel, il faut jongler avec différentes obligations et il y a parfois de quoi tomber dans une certaine confusion. Tu dois pratiquer et répéter encore et encore, en étant toujours très concentré, être le centre de l’univers pour monter plus tard sur scène et offrir une belle performance. Nous sommes souvent pas très loin de la schizophrénie.

Dans tous les cas tu mets un masque avant de jouer sur scène. Je pense que les autres musiciens seraient d’accord, ce n’est pas un rôle, nous ne jouons pas quelqu’un d’autre cela reste nous mais dans un configuration mentale spécifique entièrement tournée vers la performance à donner. Cela reste moi.

 

11. Vous essuyez pas mal de critiques sur le fait que finalement vous suivez avec opportunisme la voie ouverte précédemment par APOCALYPTICA sans rien apporter de bien nouveau. Comprenez-vous ces réactions ?

Je ne suis pas sûr qu’ils aient bien écouté notre musique s’ils pensent cela, le concept est totalement différent. On nous pose beaucoup cette question et nous sommes également beaucoup comparées à eux. C’est un honneur d’une certaine façon, cela ne me dérange pas. Nous proposons une démarche très différente, maintenant ils proposent des compositions originales, les reprises n’ont duré qu’un ou deux albums. Leur objectif principal n’est pas de reprendre des chansons. Ils ont un batteur et un chanteur désormais. C’est totalement différent. Mais si tu les connais, n’hésites pas à leur parler de moi (rires).

 

12. As-tu entendu parler d’un groupe russe appelé SILENZIUM ? Il vous ressemble beaucoup…

J’ai entendu parler d’elles mais je ne connais pas vraiment. Je regarderai leur site internet pour en savoir plus.

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13. Pour revenir à Liberté, Egalité, Sensualité, comment c’est fait le choix des chansons, des tubes en France mais pas très connus en Allemagne non ?

En fait certaines chansons ont également connu un beau succès en Allemagne. Il s’agit de « Poupée de cire Poupée de son » car France Gall a également fait carrière en Allemagne avec des chansons chantées en allemand. Tout le monde la connait. Pour les autres, j’ai été impressionnée par leur beauté et musicalité. « Marcia Baïla » est un titre très fort avec des jaillissements et une belle intensité. J’ai aimé cette folie et les paroles assez sombres, la vidéo… On m’a posé beaucoup de question aujourd’hui à propos de NOIR DESIR à cause de la polémique en France sur son chanteur. Nous savions que cette polémique existait mais ce n’est pas simple pour nous en tant que groupe de fille de parler de cela. Mais la chanson est géniale.

 

Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

1. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

C’est super difficile. J’ai étudié le violoncelle baroque, différent du violoncelle moderne et je dirai donc les Sonates de Vivaldi même si cela peut sembler cliché. Elles sont sous-estimées. Pour un choix plus rock, la musique du groupe punk TERRIBLE FEELINGS et la voix magique de Manuela Iwansson ou encore les albums d’OPETH comme Damnation.

 

2. Premier album acheté ?

Imaginations from the Other Side de BLIND GUARDIAN de la part de mon petit ami. J’ai acheté moi A Night at the Opera.

 

3. Dernier album acheté ?

J’ai acheté Damnation d’OPETH car j’avais perdu le mien.

 

4. Le clip vidéo favori puisque tu aimes cela ?

Un clip de Britney Spears car c’est toujours soigné et assez trash, comme « Toxic » ! Très frais. Aussi un clip de CAUGHT IN THE ACT, un boys band. On les voit eux tout simplement, sans t-shirt. Thrash à souhait, j’adore !

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

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