C’est difficile de parler d’un groupe pour qui on ressent un profond respect depuis très longtemps. Je fais partie de ces  rares personnes qui ont découvert la musique de Himinbjorg, une formation Pagan Black Metal savoyarde qui comptait dans ses rangs  un membre de Forbiden Site Mathrien D., à ses débuts lorsque leur démo Where Ravens Fly (97) fut ré édité en 98 par Red Stream, Inc. un label américain. C’était dans le courant de l’année 99 et on m’avait alors prêté ce skeud de Pagan Black Metal auquel j’avais tout de suite succombé. Je me suis par la suite empressé de le commander dans le courant de l’année 2000 via la VPC de feu Holy Records avec son successeur et premier véritable album de Himinbjorg  In the Raven’s Shadow. Deux pièces maitresses du Pagan Black Metal qu’il faut prestement recommander à toute personne se disant apprécier ce courant du Black Metal ! Le temps depuis s’est écoulé et je n’ai eu de cesse que de soutenir et suivre ce groupe malgré des sorties éloignées les unes des autre et de multiple changement de line-up (sur les trois dernières productions).

En effet j’écoute encore énormément les albums de Himinbjorg dont la musique a pas mal évolué au fil des années : des pérégrinations progressives du EP Third (2001) et de l’album Haunted Shores (2002 tous deus produit par Stéphane Buriez dans son LB Lab Studio), à la transe païenne très vindicative de Golden Age (2003) que Hamster avait chroniqué ici même (chronique ici), au plans Heavy et progressifs mais toujours chargés en bourrasques Pagan Black Metal de Europa (2005). J’avais été en revanche bien moins convaincu par son avant dernière réalisation Chants d’hier, Chants de guerre, Chants de la Terre… (2010) qui est bien plus intimiste et directe et donc moins épique que toutes les autres sorties du groupe.

La conjoncture actuelle étant plutôt propice a une sorte de revival Pagan Black Metal, j’en veux pour preuve les récentes excellentes sorties de Panopticon (ma chronique ici) qui doit remettre le couvert sous peu, Saör ou Downfall of Nur (ma chronique ici). J’espérais que Himinbjorg nous assaille comme il avait su si bien le faire par le passé avec de grandes compositions épiques, dynamiques, contemplatives et véhémentes à la fois.

Malheureusement et après plusieurs écoutes intensives de Wyrd forcé de constater que l’on est assez loin de mes espérances. Attention ! Je ne dis pas qu’il s’agit d’un mauvais album ! Je dis juste que pour ce qui est de l’intensité, du dynamisme et de la véhémence d’entant il vous faudra aller voir ailleurs car ici à part « Initiation » et « The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) » assez fades rythmiquement parlant et avec un manque de punch flagrant au niveau du blastbeat, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent ! Bon sang de bon soir ! C’est rageant surtout quand on compare à ce que le groupe était capable de faire sur In the Raven’s Shadow, Golden Age ou encore Europa ! Je ne sais pas ce qui cloche, si c’est une volonté de rester sur des midtempo ou un manque de fougue : toujours est-il que l’on ressent un manque de fluidité dans le jeu de batterie notamment dans les parties en up tempos (qui sont pourtant peu nombreuses). Le tranchant des lames de nos fiers identitaires se serait-t-il émoussé ? J’aurais tendance à dire que oui !

Alors certes il faut saluer le travail de production accompli par Zahaah (seul rescapé de la formation originelle) qui a une nouvelle fois tout composé, tout joué et enregistré dans son home studio ainsi que le mixage / mastering de Patric « Darkhyrys » au WSL Studios (France). De même que la collaboration avec Christophe Morvan ( TriYann et Soldat Louis)  pour les flûtes / cornemuses et Baptiste Labenne (Boisson Divine) pour les guitares folks / mandolines / cornemuses gasconnes car les instrumentations et arrangements Folk sont vraiment très bons, nombreux et récurrents tout du long de Wyrd. J’ai quand même apprécié quelques morceaux comme « The Sword of Dignity », les fins de « The Mirror Of Suffering », « The Circle of Warriors » et « Initiation »  avec leurs  superbes cornemuses ainsi que les superbes guitares Heavy et leurs leads assez magiques sur une composition comme « The Eternal Light ».

Ma déception est assez grande à l’arrivée et peut être avais-je tort de sur estimer Himinbjorg en plaçant tant d’espérances en lui. Wyrd est un album certes soigné mais qui fait preuve de peu d’audace et s’installe dans une routine qui ne lui va décidément pas ! Ma déception se transforme un peu en morgue quand je me retrouve à lire une récente interview de Zahaah qui fait un peu le barbot en se la racontant et dénigre l’actuelle scène Pagan Black Metal qu’il traite de stérile et peu inspirée. J’ai juste envie de vous dire d’aller faire le test par vous-même et de comparer cet album de Himinbjorg avec les références que je cite dans le troisième paragraphe de cette modeste chronique. Quant à Zahaah si il me lit, je lui souhaite pour le futur de retrouver un peu de sa superbe passée en lui recommandant toute fois  un peu plus de modestie car il risque de faire marrer beaucoup de monde dans les chaumières et ce à ses dépends ! A bon entendeur !

FalculA 6,5/10

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Bandcamp Officiel où Wyrd est en streaming.


European Tribes / 2015
Tracklist (48:00) : 01. Intro (Call to the Being) 02. The Sword of Dignity 03. The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) 04. The Circle of Warriors 05. Initiation 06. The Mirror of Suffering (The Circle of Ghosts) 07. The Shamanic Whisper 08. Another Shore 09. The Eternal Light.