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Nombreux étaient les pisse-vinaigres en France à pester contre l’absence de grands événements métal dans l’hexagone. Le Hellfest a bien sûr mis un sacré coup de pied dans la fourmilière surtout avec une affiche exceptionnelle année après année. Et pourtant, en Lorraine, le Rock n'Roll Train Festival connait lui aussi un beau développement, il entame sa troisième année d'existence. Ce festival très sympathique, mené par des passionnés, vous offre l’opportunité de prendre votre pied grâce, encore cette année, à une pléthore de groupes connus et moins connus. Et tout cela à Longwy à 330 km de Paris !

Donc les franciliens, les gens de l’Est, du Nord, bref de toute la France et des environs, vous n’avez aucune excuses pour ne pas y aller. Il reste encore des places, ne vous privez pas ! Nous avons pu rencontrer Vincent, l'organisateur pour parler de son événement et en découvrir les coulisses.

 

01. Peux-tu te présenter à nos lecteurs, ton passé et ton background dans le monde de la musique ?

Vincent : Je suis Dragon de 1976, Vierge ascendant Balance… C’est bien cela (rires) ? Plus sérieusement j’ai 38 ans, je suis Président d’une association qui s’appelle All Inclusive qui organise le festival. J’ai créé une émission de radio qui s’appelle Rock n’Roll Train associant bien sûr le tube d’AC/DC du même nom. Et puis je suis passé de l’émission à l’organisation de concerts et donc tout cela a débouché sur la mise en œuvre de ce festival.

Sinon je suis métalleux depuis l’âge de treize ans, avec GUNS N’ ROSES, SKID ROW et MEGADETH, ALICE COOPER pour mes débuts et mes premiers émois. Ensuite les premiers concerts comme toujours GUNS N’ ROSES à l’hippodrome de Vincennes, METALLICA au même endroit, AEROSMITH au Galaxy d’Amnéville… Etant dans une région frontalière beaucoup de choses en Belgique, au Luxembourg et en Allemagne pour vivre complétement sa passion. On est gâté.

 

02. Avant le festival vous aviez fait des concerts individuels histoire de vous chauffer ?

Oui nous avions fait par exemple AQME et BLACK BOMB A chez Paulette à Toul, quelques-uns comme cela en one shot. Puis nous nous sommes lancés dans les festivals. Pas uniquement le Rock n’Roll Train Festival aussi un second, le CryStoner Fest 2015, qui a eu lieu début mai et ça a été vraiment bien, très orienté stoner, avec THE ATOMIC BITCHWAX et OIL CARTER. Le pied ! Là c’est en salle.

 

03. Vu de l’extérieur le festival est un exercice bien casse-gueule, pourquoi ?

Oui tu as raison, première édition en 2013 mais nous n’avions alors pas pris trop de risques car nous avions fait le pari de faire du gratuit et donc nous savions que nous pouvions équilibrer avec le soutien de beaucoup de sponsors, la mise en place d’un dîner spectacle pour financer le projet donc on a été prudent. Avec l’entrée libre mais la présence de 500 personnes qui ont consommé au bar, on a assuré l’essentiel. Là par contre, avec la deuxième édition, nous avons agi différemment et là effectivement nous avons pris de gros risques. Et d’ailleurs nous avons été déficitaires et nous n’avons pas encore été remboursés de tous les risques pris à l’époque mais nous le savions.

C’est ce que j’explique à nos partenaires, il faut du temps et ce type d’événement mettre quelques années à devenir rentable. Cette année nous perdront encore de l’argent, un peu moins que l’année d’avant et nous progresserons à chaque fois. Les gens le comprennent et nous soutiennent. Bien sûr si au bout de cinq éditions, nous restons dans les difficultés ce sera le signe que quelque chose ne tourne pas bien et qu’il nous faudra nous remettre en cause.

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04. Comment fixer la date entre les festivals en France et à l’étranger ?

Il faut prendre en compte bien des facteurs. La météo d’abord donc tu restreins à Juin – Juillet – Août. Juin tu oublies car les programmations qui existent déjà sont incroyables, Août pareil car en Lorraine, les gens partent en vacances et vont plutôt du côté de la mer et donc reste Juillet. Début du mois, les Eurockéennes de Belfort et avant le 14 juillet car ensuite les gens sont barrés ailleurs. Donc on a pris le 11 et 12 juillet.

 

05. Comment décrirais-tu la philosophie générale de votre programmation ?

Notre idée est vraiment de devenir exclusivement métal et être un peu le petit frère, cousin ou neveu du Hellfest avec de nombreux styles différents pour que chacun puisse s’y retrouver et découvrir de nouvelles choses. Il n’y a pas de Black Métal cette année mais il aurait pu en avoir, tu auras du Thrash, du Death, ru Rock, de l’Heavy du Hardcore. J’aime cette variété et cet éclectisme, je ne veux pas tomber dans un festival spécialisé. On aborde de tout, car je suis ainsi, j’ai des goûts très larges entre PRO-PAIN, DELAIN, LACUNA COIL, CRUCIFIED BARBARA…

Je ne m’interdis rien et ne rejette aucun courant. Tu ne verras plus jamais de groupe comme LES STRANGLERS que nous avions l’année dernière, c’est terminé. Nous avons fait une croix sur cette identité-là. Par contre PORN QUEEN qui reste très Rock n’ Roll oui. Nous en avons souffert l’année dernière car ils n’ont finalement pas leur place dans ce type de festival. Cela a desservi l’événement car nous avions fait un grand écart et une partie du public n’est pas venu à cause de cela. Dans certains festivals plus gors avec de multiples scènes mais cela fonctionne mais nous, non. Restons dans ce que nous savons faire de mieux.

 

06. Pour cette édition 2015, quand avez-vous commencé ?

Et bien après l’édition 2014, nous nous sommes laissés un mois et demi de vacances pour bien tout digérer. En septembre dernier nous avons débuté le booking. Nous sommes 4 personnes à travailler là-dessus. Nous discutons entre nous sur nos envies, la philosophie de l’affiche, les groupes ou les genres que nous voudrions avoir. Tu sors de là avec une grosse grosse liste calibré selon les possibilités et nos budgets. Mais si Lars de METALLICA me lit et qu’il veut venir, ils sont les bienvenus ! On se dispatche alors entre nous les groupes et nous contactons alors les tourneurs en France, en Angleterre et en Allemagne. On vérifie alors la disponibilité des groupes, les budgets et si cela correspond à notre bourse on négocie. Tu as une enveloppe totale au départ et tu gère précisément cet investissement.

On se revoit alors tous avec le retour des tourneurs et tu réduis ainsi ta liste des possibles : pas dispo, trop cher, pas en Europe… Et donc ensuite on recontacte les tourneurs et on pose les options. Il y a souvent moyen de négocier c’est d’ailleurs souvent assez étonnant. Pour certains groupes, il ne faut pas s’effrayer du premier chiffre annoncé. Ils essayent… Certains sont plus sérieux et cela se joue alors à quelques % pas plus. Certains annoncent 25 000 et tu finis à 18 000, ce n’est pas négligeable.

 

07. Donc pour 2015, vous avez deux groupes américains de référence : BIOHAZARD et PRO-PAIN, ce fut difficile ?

Tu sais, parfois les plus gros sont les plus faciles à booker. BIOHAZARD est en Europe pour le Hellfest, ils avaient donc besoin de dates en Europe pour amortir le déplacement et maximiser leur exposition donc cela tombait bien. PRO PAIN tourne beaucoup en Europe et donc ils ont l’habitude. Et annoncer les têtes d’affiche est primordial pour convaincre et attirer les autres. Les tourneurs te demandent presque en premier qui tu as déjà sur ton affiche et qui tu comptes avoir. Cela parle et te crédibilise. Dès que BIOHAZARD est confirmé, tout le monde veut venir derrière.

08. Allez un scoop, qui est le groupe mystère ?

Ah, c’est une journée promo c’est con mais je ne peux pas te le donner. Cela reste en négociation mais donc que tout est signé, on le diffuse largement. (NDLR : finalement il s’agit de NO ONE IS INNOCENT). Ce sera une tête d’affiche, un groupe d’une certaine aura, très connu. Mais nous avons l’ambition de faire connaître et de mettre en avant la scène française. Nous avons huit groupes très connus et huit groupes plus découverte. Ces derniers sont quasiment tous français et c’est important pour nous. COSMOGON est luxembourgeois.

 

09. Cette troisième édition à lieu dans un superbe décor, site historique, cela a-t-il été difficile et quelles contraintes cela peut vous imposer ?

Oui tu as raison un site classé patrimoine mondial par l’UNESCO. Ce n’a pas été très difficile d’avoir les accords mais les contraintes sont nombreuses. Le maire était intéressé et nous avions fait nos preuves avant donc avec ce soutien ce fut plus facile. Le bon exemple du Hellfest aide bien sûr. Nous devons nous assurer de ne jamais détériorer le patrimoine mis à notre disposition. Il faut protéger certaines zones, séparer certaines zones donc la location de barrières surtout a un coût bien sûr. Mais il faut rendre le site comme nous l’avons trouvé.

Notre public reste très français, à 80% je pense, et nous avons beaucoup de mal à faire venir les publics frontaliers. On a encore du mal car les mecs restent souvent chez eux car ils ont de quoi en profiter via les multiples festivals organisés localement. Pourquoi alors passer une frontière ? Maintenant nous ne baissons pas les bras et nous accentuons la Com de ce côté-là. Les plus frontaliers viennent, Belgique surtout, mais peu au-delà. Cela ne reste pas évident et nous voyons là des pistes pour encore grandir et nous améliorer. Je joue sur le site et l’accueil exceptionnel du public.

 

10. Vous êtes suivis et soutenus localement ?

Oui nous sommes bien suivis par le tissu d’entreprise au niveau local. Ils nous aident, nous donne de l’argent et apparaissent sur les divers visuels. Beaucoup disent aussi qu’ils ont déjà donné et tout le monde souffre de la crise mais le ressenti général reste très positif. Nous sommes malheureusement encore un peu trop petits pour intéresser les sponsors les plus gros comme les brasseurs ou ce type de sponsoring. Mais cela viendra. Encore une fois localement, on nous prête du matériel, c’est un début. En ce moment nous sommes sur la promo comme aujourd’hui, la construction des différents dossiers comme tous les aspects sécurité à prendre en compte…

Il nous faut contacter les divers prestataires pour la mise en place des infrastructures par exemple. Et les malheureux événements récents n’ont pas compliqué ni alourdit les choses nous sommes proches de l’organisation de l’année dernière. Nous aurons du merchandising avec des exposants dont tout cela aussi cela s’organise. Nous multiplions les demandes, beaucoup d’exposants veulent se joindre à la fête. Là nous sommes beaucoup sur les visuels, les autocollants, le billet. Nous avons une Community Manager qui gère les aspects réseaux sociaux pour diffuser le plus largement possible l’évènement et encourager les préventes.

 

11. Que voudrais-tu dire pour faire venir les métalleux au Rock n’Roll Train Festival ?

Une affiche de rêve, une programmation exceptionnelle, un site magnifique et un accueil du public 4 étoiles, tous les ingrédients d’un festival réussi. Le tarif est modique avec 20 euros par jours, 35 euros les deux jours, 3 euros le camping. Longwy est une jolie ville. J’espère que nous aurons du public de l France entière. Notre capacité est de 4000 personnes par jour, nous serions satisfaits avec 2500 personnes chaque jour.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« You Can’t Bring Me Down » de SUICIDAL TENDENCIES. Et je finirai par les avoir, j’essaye tous les ans. Avec LACUNA COIL aussi que je veux avoir.

 

2. Premier album acheté?

GUNS N’ ROSES avec Use Your Illusion 2

 

3. Dernier album acheté ?

OIL CARTER, un très bon groupe de Toulon.

 

4. Le groupe ou artiste mort ou vivant que tu voudrais pouvoir avoir sur l’affiche de ton festival ?

METALLICA ! Sinon un artiste disparu j’aurais bien dit PANTERA mais avec Dimebag Darrell.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

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