DRACULA Digipack artwork_cover_albumVoilà bien un projet musical qui commençait sous les pires augures. Constatez : un opera rock construit autour de l'histoire (on ne peut plus éculée) de Vlad Tepes alias Dracula et de ce vieux requin de Jorn Lande dans le rôle du voïvod maudit. Comme compositeur : Trond Holter, ex-guitariste du groupe de heavy US-glam Wig Wam, qui se voit attribuer la tâche de jouer les Jim Steinman, ce qui ne semble pas a priori un rôle taillé pour lui. Et pour donner la répartie à Jorn Lande en tant que femme du fameux comte : la norvégienne Lena Fløitmoen, inconnue au bataillon si ce n'est pour avoir chanté sur certain tributes (Abba, Prince). Tout ceci semble bien « faisandé » dès l'origine. 

Les a priori se dissipent vite

À y regarder plus prêt, on pouvait avoir quelques espoirs : d'abord car Jorn Lande semble s'être bien impliqué dans le projet puisqu'il co-composé l'entièreté du disque avec Trond Holter. D'ailleurs, la qualité sonore du disque témoigne de cette application : le son – œuvre des deux compères – est excellent. Quant à l'interprétation, si on n'est jamais surpris d'entendre Jorn Lande bien chanter, il faut reconnaître qu'il est à son top ici. Sa performance est une des meilleures qu'il ait produite dans bien longue (et inégale carrière). Du très puissant « Walking In Water » dont un clip a été extrait, au lyrique et épique « Masquerade Ball » en passant par le duo pop mais bien troussé « Swing Of Death ».

On atteint souvent l'excellent dans des registres assez variés, notamment par les efforts de compositions de Trond Holter qui arrive parfaitement à se défaire de ses influences glam/heavy US originelles pour lorgner vers un heavy metal puissant (« Walking The Waters »), un hard classique à la Rainbow (le mid-tempo très intelligent en ouverture, « Hands Of Your God »), ou un pomp rock qui laisse la part aux claviers (« Rivers Of Tears » et surtout le monumental « Queen Of The Dead »). Dans ce dernier cas, on pense évidemment à Queen, à Meat Loaf mais aussi au Savatage de Streets ou Gutter Ballets. Concédons qu'on savait que Trond Holter pouvait bien composer dans Wig Wam dont tous les disques étaient réussis. Mais ici la mue est réussie au-delà de toute attente.

Quelques réserves apparaissent

Certes, il manque certains titres d'ambition orchestrale ici et on aurait bien un morceau dépassant les sept minutes, mais si les chansons et les parties musicales sont riches d'idées. De même dépasser les 46 minutes n'aurait pas été malvenu quand ont lance un projet au long cours comme celui-là… Quant au choix de Lena Fløitmoen, à la voix trop banale et trop pop, il était perfectible. Le duo « Save Me » aurait sans doute gagné à être chanté par une interpète de caractère. Qu'aurait donné le disque avec une chanteuse de la carrure d'Ida Haukland de Triosphere ? Reconnaissons toutefois que de nombreux duos font mouche et, à sa décharge, qu'il n'est pas facile de chanter à côté d'un monstre vocal comme Lande.

Il n'est reste pas moins que ce Swing Of Death est de très bonne facture : bien joué, produit et construit, dénué de moments faibles, il témoigne surtout du fait que Jorn Lande est un des meilleurs chanteurs de hard rock en activité. Et qu'il peut toujours nous étonner pour le meilleur, comme sur ce Dracula – Swing Of Death.

Baptiste (8/10)

 

Site officiel de Jorn Lande

Frontiers / 2014

Tracklist : 1. Hands of Your God 2. Walking on Water 3. Swing of Death 4. Masquerade Ball 5. Save Me 6. River of Tears 7. Queen of the Dead 8. Into the Dark 9. True Love Through Blood 10. Under the Gun