Son : très bon dans l'ensemble
Lights : variable
Affluence : beaucoup de monde
Ambiance : excellente
Moment fort : Nader Sadek, Devourment, Ingested, Bloodbath, Jig-Ai…
Photos : ici

Ce Neurotic Deathfest ne pouvait pas commencer plus mal, avec l’annonce officielle, par Ruud Lemmen, de la fin de ce festival entre-temps devenu incontournable. « La boucle est bouclée », selon lui, et même si je partage son analyse et son raisonnement, je suis triste. Profitons une dernière fois du Neurotic.

Et les choses ne s’arrangent pas avec les deux premiers groupes. Soulburn, tout d’abord, a la lourde tâche d’ouvrir le festival. Le groupe ayant fait son comeback récemment avec un nouvel album sous le bras, on pouvait s’attendre à une prestation costaude pour se rappeler à notre bon souvenir, mais je ne retiendrai au final pas grand-chose de leur prestation. Idem pour Korpse, pas foncièrement mauvais dans la petite salle surchauffée, mais il manquait, là aussi, un petit quelque chose. On a déjà vu mieux comme entrée en matière à Tilburg, il suffit de se souvenir des éditions ouvertes par Aborted ou Benighted.

Morgoth, ensuite, le retour des Teutons sans Marc Grewe, remplacé par le chanteur de Disbelief. En gros, on ne verra pas fort la différence, le nouveau beugleur ayant autant de coffre que le précédent. Le niveau monte déjà d’un cran, le death bien gras de Morgoth passe beaucoup mieux et la salle se remplit déjà un peu plus (même si on est loin de la grande foule). Je vais volontairement l’impasse sur Regurgitate Life (déjà vu) pour manger un bout avant le premier gros morceau du w-e : Nader Sadek.


J’avais des groupes après l’annonce du remaniement sensible du line-up. Plus de Flo Mournier, plus de Travis Ryan, plus de Blasphemer… Il faudrait du très costaud pour les remplacer, et Nader Sadek nous a sorti de sa manche quelques remplaçants de luxe : Hannes Grossmann aux fûts, Tom Geldschläger à la guitare et Seth Van der Loo au chant. Et au final, aucun regret. Ce line-up a su, en peu de temps, s’approprier ces morceaux et délivrer une prestation pour le moins réussie. Les nouveaux morceaux passent bien l’épreuve du live, les anciens sont toujours aussi efficaces (« Sulffer » en tête, bonjour le pétage de nuques) et le tandem au chant, s’il n’a pas la versatilité d’un Travis Ryan, a su faire oublier son absence. Je pensais tenir mon concert du jour, mais c’était sans compter sur Devourment.

Là aussi, nouveau line-up par rapport à leur dernier passage il y a deux ans. Une prestation énorme, un son mammouthesque, gras, dégoulinant, une setlist avec son lot d’anciens morceaux groovy as fuck. J’ai passé tout le concert près de la scène, dodelinant de la tête tout en prenant un pied monstrueux. Cerise sur le gâteau : « Babykiller », le fond du slip qui tremble, la larmichette à l’œil. Une énorme mandale, un groupe qui aurait mérité la place de headliner à la place d’Entombed A.D.

Parce que la bande à LG Petrov a perdu de sa superbe, mine de rien. Enfin, non, ils sont toujours aussi bons, même sans Alex, mais vu que Back To The Front ne m’a que très peu convaincu, ces morceaux en live ne me passionnent pas non plus. Je rentre donc un peu déçu, tant pis pour Tribulation qui, pourtant, a apparemment livré un très bon concert. Il est temps de dormir, demain sera une rude journée…

 

… une rude journée qui commencera d’ailleurs par un apéro d’anthologie dès 10 h 30, à tel point que j’ai failli rater Disavowed à 15 heures. Vous voyez l’ampleur du carnage. Et ça aurait été dommage de rater Disavowed, parce qu’en matière d’opener, on tient là un bon morceau, avec un chanteur-slammeur qui se fera porter jusqu’en haut des gradins et un Kevin (de Benighted) en pleine forme. Bonne mise en jambes, avant un Centurian radical au possible. Là aussi, dommage qu’ils jouent si tôt, mais au vu de la qualité du samedi, il était difficile de contenter tout le monde. Je partirai cependant avant la fin afin de m’assurer une bonne place pour Ingested dans la petite salle à l’étage.


Et j’ai bien fait. Parce qu’Ingested fait partie de ces rares groupes de Deathcore, si pas le seul, qui me plait vraiment. Malgré un mal de gorge apparemment très douloureux, le chanteur assurera un show colossal, épaulé par des musiciens bien en place. Grosse grosse claque, les morceaux récents sont une tuerie et le groupe finira sur un « Skinned And Fucked » avec un guest du beugleur de Slaughter To Prevail (un sacré bestiau… dommage que son groupe ne soit pas aussi impressionnant). Passages distraits devant Gorod (pas moyen d’entrer dans leur set cette fois) et Dead Congregation (idem), entrecoupés de pause bar et nourriture, parce que la journée se finit sur un enchainement inhumain : Origin – Benighted – Bloodbath – Jig-Ai.


Bon, j’ai presque zappé l’intégralité du show d’Origin, étant donné qu’ils reviendront en fin d’année. Le peu que j’ai vu était une monstrueuse mandale. Jason Keyser fait partie, selon moi, des meilleurs frontmen au monde, et il a su apporter une touche « humaine » à la précision chirurgicale d’Origin en live. Vivement la tournée en fin d’année. Benighted, dans la petite salle, a fait très très fort. Comme d’habitude, quoi. La setlist fait des ravages, les anciens et nouveaux morceaux sont bien répartis, le groupe ne fait pas dans la dentelle. Sans zone photo ni barrières, la prise de photos tourne vite au casse-tête dans un pit en folie, j’abandonnerai vers la moitié du set et je partirai vers l’arrière de la salle avant l’énigme Bloodbath.


Alors, Papy Holmes allait-il chier dans la colle ? Réponse : NON. Oh putain, l’excellente surprise. Après un premier nouveau morceau, « Let The Stillborn Come To Me », le groupe passera rapidement en revue des morceaux de tous les albums, et Nick Holmes se montrera plutôt à l’aise tout au long du set. Peu bavard (l’opposé de Mikael « hippie de merde » Akerfeldt), il livrera une prestation rassurante, avec des classiques comme « Cancer Of The Soul », « Mock The Cross » et l’inévitable « Eaten » en rappel. Je range vite le matos et file dans la petite salle pour la fiesta Jig-Ai, avec ses confettis, ses paillettes, ses slammeurs déguisés et son goregrind groovy. Une prestation trop courte et qui aurait dû clôturer ce festival. Le Neurotic aurait dû partir sur une fête au lieu de la programmer le samedi soir. Une occasion ratée, mais je ne suis pas sûr que j’aurais été d’attaque pour Jig-Ai le dimanche soir…

 

 

… et en effet, le dimanche fut lourd. Après une entrée en matière brutale avec les Colombiens d'Internal Suffering, je ferai un rapide détour par la petite salle pour y voir Hideous Divinity l'espace de quelques morceaux. Pas mal du tout en live, avec la même force de frappe qu'un Hour Of Penance, les Italiens ne se ménagent pas, mais je quitterai pourtant la salle assez vite pour aller voir les Anglais de Neuroma. Chris, le frontman (également de Crepitation et de Kastrated), est tout sourire et ne se laisse pas démonter par la taille minuscule de la salle, de la scène et du nombre limité de spectateurs. Le death de Neuroma a beau ne pas être innovant, il n'en est pas moins rafraîchissant avant une bonne grosse dose de Death made in New York.


Internal Bleeding a fait très très mal. Du groove, quelques passages plus slam, un groupe bien en place, les papys du NYDM ont encore de très bons restes, et les nouveaux morceaux viennent s'ajouter sans mal à la setlist. Un seul regret : l'heure précoce à laquelle le groupe jouait. Vint ensuite Pyrexia, pour rester dans la même veine. Là aussi, beaucoup d'énergie, mais connaissant moins le groupe, j'aurai plus de mal à entrer dans le set. À réécouter sur album pour me refaire une culture générale.


Et puis ? La dernière ligne droite, le combo DM ricain qui frappe fort, Broken Hope – Immolation – Obituary. Broken Hope, d'abord, a enfoncé le clou du Death bourrin tendance yaourt dans le chant. Le dernier album m'avait un peu déçu, mais cette prestation live m'a rappelé à quel point il faut encore compter avec eux. Immolation, par contre, m'a rapidement gavé. Avec un guitariste en moins, retenu au pays par un imprévu dans sa famille (si j'ai bien compris), Immolation a joué la carte du set radical, sans répit. Et après à peine 20 minutes, j'ai décroché, n'attendant qu'une chose : que ça se termine.


Enfin, Obituary, dernier headliner de la dernière édition. En temps normal, j'aurais peut-être plus apprécié le show, mais la combinaison de la fatigue et d'une pointe de tristesse à l'idée que le Neurotic n'est plus m'a gâché la fin de soirée. Le groupe était en place, le son excellent, mais j'étais déjà la tête ailleurs, plongé dans mes bons souvenirs vécus à Tilburg.

Merci, Ruud, pour toutes ces années. Bedankt.