Au fil des ans et des sorties, le duo le plus bruyant au monde a su se forger une réputation de machine de guerre bien huilée sur album. Certes, le rendu final en live a pu, parfois, laisser à désirer, mais en studio, rares sont ceux qui arrivent à proposer une déferlante de haine aussi jusque-boutiste qu'Anaal Nathrakh. Desideratum avait repoussé les limites du genre grâce à ses ajouts électro. The Whole Of The Law, la nouvelle offrande du groupe, a-t-elle su passer la barre mise si haut il y a deux ans.

Tout d'abord, un constat, et non des moindres, Anaal Nathrakh a fait un petit pas en arrière, en réduisant la touche électro qui avait fait le charme (et la force de frappe) de Desideratum. Dans l'ensemble, The Whole Of The Law est plus traditionnel, plus organique (même si, ici et là, quelques éléments électroniques viennent encore aiguiser le propos). Mais cette régression apparente est trompeuse. Anaal Nathrakh cogne toujours aussi fort, toujours aussi bien, des titres comme "We Will Fucking Kill You" sonnent comme une promesse, comme la menace d'une ratonnade sonore imminente. Et plutôt que de tomber dans la redite, le groupe ose, avec un "Extravaganza!" aux vocalises follement aiguës et hallucinées. Quelle ambiance de fin du monde !

D'aucuns reprocheront à Anaal Nathrakh de s'être enfermé dans un carcan. Oui, The Whole Of The Law rappelle, à certains égards, ses prédécesseurs Vanitas et Desideratum. Et pourtant, malgré ces ressemblances, ce nouvel album semble encore plus radical, encore plus épuisant, encore plus cathartique, sans pour autant tomber dans l'excès. J'ai écouté cet album 7 fois de suite, sans interruption, et je n'ai ressenti aucun épuisement. Au contraire, j'aurais encore pu aligner les écoutes de ce petit bijou de misanthropie auditive. À noter que la version limitée reprend aussi les reprises de "Powerslave" d'Iron Maiden et de "Man At C&A" des Specials dans un registre plutôt différent. Et c'est là aussi que l'on doit reconnaître le talent du groupe qui a su s'accaparer des compos pour en faire quelque chose de tout à fait neuf, de tout à fait jouissif.

L'album de l'année ? Comme en 2014, et comme en 2012, la lutte s'annonce serrée avec The Project Hate MCMXCIX qui a annoncé la sortie de son album vers la fin de l'année. En 2012 et 2014, les Anglais avaient fini sur la première marche du podium, devançant d'un cheveu le monstre suédois. Jamais deux sans trois ?

Mister Patate (9,5/10)

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Metal Blade Records / 2016
Tracklist : 1. The Nameless Dread 2. Depravity Favours the Bold 3. Hold Your Children Close and Pray for Oblivion 4. We Will Fucking Kill You 5. …So We Can Die Happy 6. In Flagrante Delicto 7. And You Will Beg for Our Secrets 8. Extravaganza! 9. On Being a Slave 10. The Great Spectator 11. Of Horror, and the Black Shawls 12. Powerslave (Iron Maiden cover) 13. Man At C&A (The Specials cover)