Korn fait partie de ces groupes qui ont bercé mon adolescence. Je me souviens avoir passé des heures à écouter les deux albums en boucle dans le bus, jusqu’à ce que la K7 soit foutue, et ensuite avoir fait chier mes parents pour qu’ils me paient des K7 vierges pour refaire une copie des albums. Je me souviens de chaque morceau, je connais encore les rythmiques par cœur, et quand je repense à ces albums, je repense à cette époque, à l’école, aux potes, aux échanges de K7, au premier album de SOAD, à la nuit blanche pour mater le concert Family Values sur MTV (ouais, quand MTV passait encore de la musique à la téloche)… Le bon vieux temps, en somme. Et ce bon vieux temps, je me le reprends en pleine poire aujourd’hui. Parce que Korn nous propose un album qui fleure bon les 90’s, un retour aux sources fracassant.

L’enchainement « Insane »-« Rotting In Vain » en est le parfait exemple : deux singles imparables, deux morceaux dans la plus pure veine des premiers albums, la prod’ monstrueuse en plus. Même les lignes de « chant » de Jon Davis à la « Twist » sur « Rotting In Vain » y sont ! Ok, c’est de la nostalgie pure et dure, ok, ce virage « retour aux sources » est probablement dicté par une volonté de se tourner à nouveau vers les vieux fans de la première heure qui seraient peut-être plus enclins à mettre la main au portefeuille, mais que c’est bon !

The Serenity Of Suffering est une synthèse équilibrée des deux premiers albums de Korn et de Issues (je fais volontairement l’impasse sur Follow The Leader que j’associe davantage aux premières expérimentations du groupe et aux featurings en pagaille), un recueil de morceaux efficaces en diable. Là où Coal Chamber avait échoué dans sa volonté de revenir avec un album de Néo crédible, Korn relève ce défi haut la main. Sans véritable temps mort, Jon Davis et ses acolytes nous ramènent 17 à 20 ans en arrière, quand le Néo était le nouveau roi du Metal. Les protagonistes ont pris du poids et des rides, les fans de l’équipe aussi, mais la magie opère toujours. Korn fait partie de ceux qui ont été à l’origine de ce genre. Il était donc évident que ce groupe faisait partie des rares capables de le ramener à la vie.

Cet album est une Madeleine de Proust, clairement. Si l’on accepte ce postulat de départ, on ne peut que se réjouir de la qualité de cette galette. Et leur pardonner leurs expérimentations les plus étranges. Oui, oui, nous sommes bien en 2016… mais tout au fond de moi, on est de retour en 1996.

Mister Patate (7,5/10)

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Roadrunner Records / 2016
Tracklist (40:38) 1. Insane 2. Rotting in Vain 3. Black is the Soul 4. The Hating 5. A Different World (Feat. Corey Taylor) 6. Take Me 7. Everything Falls Apart 8. Die Yet Another Night 9. When You're Not There 10. Next In Line 11. Please Come For Me