Les super-groupes, c'est un attrape-gogos, gamin, tu fais du name-dropping, les fans remuent la queue comme une vache dérangée par les mouches et ça se vend. Degré zéro d'audace. Même un vendeur de yaourt pourrait faire son beurre rien qu'avec le sticker posé sur la pochette de l'album.

Eh ouais, voilà le regard que je pose sur 99 % de ces All Stars Bands qui décrochent un contrat chez un label sans le moindre effort à cause de leur CV pendant que d'autres musiciens plus talentueux mais malheureusement anonymes rament dans un océan de merde. Parce que ce type de groupes n'a pas la moindre pression. Ses membres sont établis, ils ont leur groupe et ce projet annexe n'est qu'un passe-temps pour le fun. Vous comprendrez donc que la curiosité que j'accordais à Sinsaenum, un projet qui regroupe notamment Stéphane Buriez (Loudblast), Frédéric Leclercq (Dragonforce), Joey Jordison (ex-Slipknot) et Attila Csihar (Mayhem), avait un petit côté malsain. Voire morbide. J'attendais la sortie de route, l'album qu'on dépiaute avec joie. Mais Sinsaenum fait partie du 1 %. Celui qui tient la route. Celui qui accroche. Celui qui convainc.

21 titres (enfin, une alternance interlude/chanson/interlude/chanson/etc.), plus de 60 minutes au compteur : il en a dans le ventre, le bougre. Dès la première écoute (et je ne suis pas le seul à avoir eu ce sentiment), Sinsaenum m'a fait penser à Vital Remains, et ce malgré le fait que Vital Remains opte plutôt pour des compos très longues. Il y a la même ambiance, le même feeling sinistre tout en proposant un niveau technique très élevé (mais bon, vu le niveau des membres du groupe, on était en droit de s'attendre à du level). Les écoutes s'enchaînent, on sent une petite touche de Morbid Angel, un soupçon de Behemoth… Mon principal reproche porterait sur les interludes, trop nombreux, tronçonnant l'album en de (trop) nombreux segments. Certes, ils apportent un petit plus (The Project Hate l'avait aussi fait à l'époque sur l'album The Cadaverous Retaliation Agenda), mais l'album aurait pu gagner en concision et en efficacité si certains étaient passés à la trappe.

Echoes Of The Tortured est un bon album. La preuve ? Si on me l'avait fait écouter en aveugle, sans info sur le line-up, j'aurais très probablement accroché très vite. Est-il pour autant indispensable ? Mmmh difficile à dire. 2016 a été une année plutôt riche en sorties de qualité et les mois à venir nous réservent encore quelques bonnes surprises et des valeurs sûres. Et pourtant, je pense qu'il devrait plaire à pas mal de monde. Sans être révolutionnaire, il fait partie de ces albums racés et plutôt efficaces. En élaguant encore un peu plus l'album, Sinsaenum aurait pu faire partie des excellentes sorties de l'année. Il n'est, au final, "qu'un bon album"… Mais par les temps qui courent, on ne va pas bouder notre plaisir.

Mister Patate (8/10)

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earMUSIC / 2016
Tracklist (66:56) 1. Materialization 2. Splendor and Agony 3.Excommunicare 4. Inverted Cross 5. March 6. Army of Chaos 7. Redemption 8. Dead Souls 9. Lullaby 10. Final Curse 11. Condemned to Suffer 12. Ritual 13. Sacrifice 14. Damnation 15. The Forgotten One 16. Torment 17. Anfang des Albtraumes 18. Mist 19. Echoes of the Tortured 20. Emptiness 21. Gods of Hell