En tant que chroniqueur, nous avons l’avantage d’être régulièrement confronté à des albums sortant franchement des sentiers battus. Et avec l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, une sorte de culture mondiale s’est installée. Certains crient à l’aseptisation générale alors, qu’au contraire, la variété et la multiplicité des propositions n’a jamais été aussi grande. Pendant longtemps, il fallait chanter en français et surtout en anglais pour espérer percer et atteindre un groupe nombre de gens. Maintenant, quel que soit la langue utilisée, vous avez vite chance. Pour prendre un cas extrême, le chanteur sud-coréen PSY a fait un carton mondial avec une chanson interprétée dans sa langue maternelle. Si vous êtes un peu amateur de folk métal, cela ne vous dérange plus d’écouter des groupes chanter en russe, en suédois ou en patois gaélique du nord.

Tout cela pour dire qu’en découvrant Valgori, le troisième album de l’artiste breton Brieg Guerveno, la langue n’apparait plus comme une barrière et l’auditeur attentif laissera parler la musique. Il s’agit du d'un homme, auteur, compositeur et interprète breton, passionné par les musiques progressives, le rock 70's, les musiques extrêmes et enfin et surtout sa culture, sa région et sa deuxième langue maternelle. Certains pourront se scandaliser de cette démarche mais ce serait passer à côté de l’essentiel. Guerveno a su petit à petit se créer un univers artistique et s’épanouit à travers un rock néo-progressif riche et touffu. Après Ar bed kloz en avril 2014 et Bleuniou an distruj en mars mars 2015, voici Valgori. Notre ami s’éloigne des rivages folks explorés précédemment pour une démarche résolument plus rock. Au petit jeu des comparaisons, nous pourrions citer Bruce Soord et Steven Wilson. Sans atteindre la maestria de ces deux références, Guerveno se défend pas mal et parvient à développer sa touche personnelle. Les compositions sont assez longues, entre cinq et neuf minutes, et incitent l’auditeur à suivre un chemin tortueux. Le propos reste assez sombre tout au long du disque mais saluons la variété des rythmes et des atmosphères subtilement distillés pendant une heure. Au niveau du chant, Guerveno évoque Vincent Cavanagh d’ANATHEMA. Encore une jolie référence, un gage de qualité pour le breton.

Valgori possède bien des qualités pour séduire l’amateur de rock progressif moderne et inspiré. Aussi bien sur la forme que sur le fond, le travail effectué s’avère remarquable de professionnalisme. Sans être extrêmement innovant, Brieg Guerveno tisse sa propre toile et affiche une solide identité artistique. Le chant en breton n’est pas des plus mélodiques mais cela ne gêne en rien le plaisir éprouvé à l’écoute de ces huit compositions. Il a raison de défendre ses racines surtout quand celles-ci sont ainsi mises en valeur dans un si joli écrin. Brav eo !

Oshyrya (08/10)

 

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Paker Prod / 2016

Tracklist (61:06 mn) 01. En Desped 02. Fallaenn 03. Poltred 04. An Hivizenn 05. Hirnez 06. Kelc'h 07. Pedenn 08. Valgori