Il semblerait bien que cela soit le dernier cette fois-ci. Infinite serait peut-être donc le dernier disque de Deep Purple, après une carrière de bientôt cinquante ans ! Avec ses hauts, ses bas, ses déchirements et ses réconciliations… et finalement un vrai apaisement depuis que Steve Morse est dans le groupe, soit une une vingtaine d'années maintenant. Il y a quatre ans, Now What ?! avait fait une grosse impression : soutenue par Bob Ezrin à la production, la bande à Gillan avait retrouvé une inspiration et une créativité inattendue pour un groupe qualifié hâtivement de « dinosaure » du hard rock. Car autant les dinosaures sont bel et bien morts et enterrés, autant Deep Purple propose toujours du neuf et souvent du bon, voire de l'excellent. 

Ici la démarche « décontractée » adoptée par le groupe est assez proche de celle du si réussi Now What ?! Et Bob Ezrin est toujours aux commandes de telle sorte que la texture sonore est assez proche de celle de son prédécesseur fameux. On nuancera toutefois un peu : Infinite est un peu moins ambitieux et un peu moins inspiré. Les titres sont d'ailleurs moins nombreux surtout si l'on tient compte du fait qu'une reprise des Doors, « Roadhouse Blues », pas indispensable, est intégrée. Par ailleurs, les touches « progressives » sont moins présentes et les développement instrumentaux plus concis. On remarquera aussi que le tempo s'est lentement mais sûrement ralenti depuis plusieurs années : à soixante-dix ans passés pour la moitié du groupe, la chose était sans doute inévitable. Le hard rock du Pourpre Profond est devenu surtout plus groovy, progressif et bluesy que fougueux. 

Cela donne à ce disque un calme et une sérénité qui éclate lors des moments les plus calmes comme sur le superbe « All I Got Is You » sur lequel Ian Gillan se retrouve particulièrement à l'aise. La première partie de « The Surprising » se place dans la même ambiance avant que le morceau ne se change en une pièce épique aux longs développements instrumentaux somptueux. Steve Morse et Don Airey s'avèrent totalement dans leur élément et l'on pensera parfois à ce que pouvait proposer Tony Banks avant que Genesis ne vire à la pop, durant les années 80. 

Les mauvaises langues diront que c'est largement le début d'Infinite qui porte le disque : « Time For Bedlam » et son vocodeur, « Hip Boots » au rythme délicieusement chaloupé et « All I Got Is You » constituent une ouverture de disque imparable. Et certes, on perd un peu en qualité sur la fin de disque (« On The Top Of The World », toutefois très honorable), mais il n'y a jamais de vraie panne d'inspiration. Par ailleurs Ian Gillan arrive souvent à transcender n'importe quel matériau musical : « Birds Of Prey » est là pour en témoigner. Le fait de « trafiquer » sa voix pour créer un effet vocal est d'ailleurs assez courageux quand on est une légende du rock comme lui. Et comme les tempos ne sont pas particulièrement enlevés sur le disque, la tendance à nasaliser son chant, est assez peu présente ; on ne peut que s'en réjouir. 

On ne peut être totalement sûr qu'Infinite soit le dernier disque de Deep Purple bien qu'à soixante-dix ans passés pour trois musiciens du groupe sur cinq, on puisse supputer que le Pourpre Profond clora sa tumultueuse carrière après une tournée appelée « The Long Goodbye ». Mais après un tel disque on se dit qu'un dernier tour de piste n'est pas superfétatoire, loin de là. Bravo messieurs !

Baptiste (8/10)

 

Verycords – 2017

Tracklist : 1. Time For Bedlam 2. Hip Boops 3. All I Got Is You 4. One Night In Vegas 5. Get Me Outta Here 6. The Surprising 7. Johnny's Band 8. On The Top Of The World 9. Birds Of Prey 10. Roadhouse Blues