Je ne sais toujours pas si j’aime cette nouvelle offrande d’Ihsahn, malgré les nombreux mois qui se sont écoulés entre la sortie de l’album et cette chronique. Les écoutes sont tantôt magiques, tantôt frustrantes, comme si chaque élément prenait un temps fou à être digéré pour être apprécié, tout en remettant en cause l’intérêt causé par un autre élément. Comme si cet album était un jeu de Jenga, où chaque brique retirée en bas de structure pour être placée au sommet minait des fondations qui me semblaient pourtant si solides.

D’un côté, je ne parviens pas à détester cet album. Premièrement parce qu’il regorge de tant d’éléments issus de nombreux genres qu’il serait presque irrespectueux de ne pas reconnaître le travail d’Ihsahn : un riff djent ici, une touche d’orgue Hammond à la Opeth, du jazz, de l’électro… Ihsahn pioche partout pour nous proposer un patchwork dont chaque case est imparable. Pris séparément, (presque) chaque élément est une réussite insolente.

Mais d’un autre côté, à force de vouloir en faire trop, Arktis. perd quelque peu de sa cohérence. Chaque élément a beau être réussi, c’est le liant qui fait parfois défaut. Là où un groupe comme Ulver est passé maître dans l’art d’afficher son talent sur tous les terrains, mais en optant pour une orientation bien spécifique par album, Ihsahn a fait le pari du fourre-tout, quitte à parfois perdre en focus. Au final, un seul morceau me laisse une impression vraiment négative, la clôture sur « Til Tor Ulven » et son spoken word en norvégien sur fond de piano avant un final en hurlements et disto. À mes yeux, l’album aurait pu parfaitement se conclure sur un « Celestial Violence » parfait.

Comment noter cet album ? Aucune idée. Dans un bon jour, j’aurais envie de trouver des excuses à Ihsahn, de mettre en avant son talent et d’en faire un visionnaire qui ose abattre les frontières des genres. Dans un mauvais jour, ce sont les quelques failles qui seraient mises en exergue, et j’aurais tendance à punir l’artiste pour ces frustrations qui m’empêchent de profiter pleinement de cet album.

Mister Patate

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Candlelight Records / 2016
Tracklist (48:07) 1. Disassembled 2. Mass Darkness 3. My Heart Is of the North 4. South Winds 5. In the Vaults 6. Until I Too Dissolve 7. Pressure 8. Frail 9. Crooked Red Line 10. Celestial Violence 11. Til Tor Ulven (Soppelsolen)