En Europe, les américains de REDEMPTION n’ont pas l’aura qu’ils méritent. Depuis le temps, ils devraient bénéficier d’une solide réputation et d’une belle reconnaissance chez nous alors que finalement assez peu de fans les connaissent. Dans le genre métal progressif ils font office, pour beaucoup, de seconds couteaux par rapport à un DREAM THEATER et pourtant ils montrent et démontrent à chaque nouvelle sortie de sacrées qualités. Les ressemblances avec ce dernier sont nombreuses mais REDEMPTION apparait comme motivé et frais alors que Petrucci et co semblent se contenter de vivre sur leurs acquis.

Il faut quand même dire que Nick van Dyk, le leader créatif du groupe, joue avec le feu en disparaissant de longues années. Depuis leurs débuts, ils maintenaient un joli rythme en proposant un nouvel opus tous les deux ans mais là, près de cinq années séparent This Mortal Coil (Oct 2011, InsideOut Music) de ce The Art of Loss. Entre les tournées, les agendas chargés des uns et des autres, les problèmes de santé et le changement de label, REDEMPTION a pu se faire oublier d’une partie du public. Mais pour ce faire pardonner, ils reviennent avec un sacré pavé sous le bras, neuf nouvelles compositions pour plus de soixante-quinze minutes de musique.

On retrouve les américains comme nous les avions laissés en 2011, van Dyk proposant une nouvelle série de riffs tranchants et imparables. Avec sa technique sans faille et ce feeling caractéristique, ils enchainent les chansons avec grâce et talent. Il n’a jamais choisi la facilité et n’hésite pas à complexifier son propos que cela s’impose à lui. S’occupant également des claviers, il marrie parfaitement les deux instruments, apportant force et douceur dans un même souffle, agressivité et mélodie pour enrichir encore et toujours son propos. Les ressemblances avec un DREAM THEATER voir même parfois un SHADOW GALLERY sont nombreuses même si REDEMPTION parvient à tirer son épingle du jeu et fait bien attention de ne pas singer ses camarades.

En plus de la maestria de van Dyk, les américains ont toujours pu s’appuyer sur le talent fou de Ray Alder (FATES WARNING) pour insuffler un supplément d’âme à ces chansons et les amener toujours plus haut. Alder n’a jamais été pris en faute de bâcler son travail et il continue de briller de mille feux sur The Art of Loss. Impressionnant ! Avec un « Hope Dies Last » il met une jolie claque à tout le monde et se fait un malin plaisir à rappeler à tous qu’il faut compter sur lui. Même sur un tritre facile et mielleux comme « That Golden Ligh », il parvient à tirer son épingle du jeu. Et puis il excelle dans les très longues compositions comme « At Day’s End » où toute sa palette vocale peut être mise à contribution.

Les autres musiciens ne sont pas en reste et offrent tous une prestation qui diapason de leurs camarades. Le fidèle de toujours, Bernie Versailles, a du se mettre ne réserve de la république suite à des problèmes de santé mais Simone Mularoni a repris le flambeau en attendant son retour. Les guests n’ont pas non plus été oublié avec la présence des guitaristes Marty Friedman Chris Broderick, Chris Poland tous les trois ex-MEGADETH. N’oublions pas non plus l’apparition de John Bush (ARMORED SAINT) en duo avec Alder sur la reprise de THE WHO, « Love Reign o'er Me ».

Malgré de longues années entre ces albums, The Art of Loss s’inscrit dans la foulée et la continuité de Snowfall on Judgment Day (2009, InsideOut Music) et This Mortal Coil (Oct 2011, InsideOut Music). Seule la pochette déçoit un peu, trop basique et loin des merveilles du précédent opus. Van Dyk n’a rien perdu de son talent et, épaulé par une équipe hyper solide et talentueuse, il confirme son statut de grand de la scène métal progressive américaine. The Art of Loss s’avère être une belle réussite.

Oshyrya (8,5/10)

 

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Metal Blade Records / 2016

Tracklist (75:56 mn) 01. The Art of Loss 02. Slouching Towards Bethlehem 03. Damaged 04. Hope Dies Last 05. That Golden Light 06. Thirty Silver 07. The Center of the Fire 08. Love Reign O'er Me 09. At Day's End