Pauvre John Payne… Abandonné comme un malpropre par Geoff Downes lorsque ce dernier décida de reformer Asia avec son ex-comparse John Wetton… le bassiste-chanteur s’est retrouvé « le bec dans l’eau » après s’être consacré durant des années à la deuxième mouture d’Asia, alors que justement le groupe traversait une passe bien difficile. Depuis John Wetton est malheureusement décédé, mais Geoff Downes a préféré maintenir le vieux bateau en faisant appel au mercenaire multi-tâche Billy Sherwood et n’a pas daigné réappeler John Payne. Ce dernier, après un GPS pourtant plutôt prometteur, maintient lui a flot un autre navire : Asia featuring John Payne, associé à Erik Norlander aux claviers. Jusqu’ici Asia featuring John Payne se contentait de tourner, en faisant appel à différents musiciens extérieurs pour les concerts, mais la question s’est posée à un moment d’enregistrer un disque.

Selon le point de vue du groupe, c’est par hommage envers John Wetton, que l’idée du nom Asia featuring John Payne a été abandonné au profit de Dukes Of The Orient. Franchement je ne vois pas le lien de cause à effet, mais passons. La chose est d’ailleurs d’autant plus étrange que Asia featuring John Payne continuera de tourner sous cette dernière désignation et donc qu’il n’y aura sans doute pas de tournées pour ces Dukes Of The Orient. Tout ceci est pour le moins brumeux donc.

Et ce d’autant plus que l’on pourra vite constate que le nom d’Asia Featuring John Payne était parfaitement adapté à ce que propose Dukes Of The Orient : c’est-à-dire la suite de Silent Nation d’Asia. On retrouve donc toujours la belle voix emphatique de John Payne (« Fourth Of July »), une tonalité épique et souvent grandiloquente insérée dans des compositions à la structure prudemment progressive (« A Sorrow’s Crown »). C’est évidemment la voix de John Payne qui se taille la part du lion et à l’entendre on ne peut que déplorer que ce dernier ne soit pas reconnu à sa juste valeur. Eric Norlander, bien présent, est cependant très discret dans ses solos et ce sont les guitaristes invités qui s’en chargent. On ne peut dire que Jeff Kollman ou Guthrie Gowan déméritent franchement mais on les sent sans doute plus au travail que franchement inspirés. Les parties de batterie de Jay Schellen manquent de folie de leur côté aussi.

En fait malgré de franches réussites comme le majestueux « Amor Vincit Omnia » ce Dukes Of The Orient reste trop balisé du fait d’une trop forte homogénéité dans les tempos, mais aussi du fait de redondances dans les chansons qui s’avèrent souvent un peu trop répétitives. L’album n’en demeure pas moins plaisant et agréable à écouter, du fait de son interprétation de qualité et de la voix de John Payne, mais aura du mal à toucher plus qu’un cercle d’aficionados ou de nostalgiques.

Baptiste (6,5/10)

 

Frontiers / 2018

Tracklist : 1. Brother in Arms 2. Strange Days 3. Amor Vincit Omnia 4. Time Waits for No One 5. A Sorrow’s Crown 6. Fourth of July 7. Seasons Will Change 8. Give Another Reason