Même les meilleures lames s’émoussent. Et au final, même si nous n’assistons pas ici au naufrage du drakkar de la bande à Johan Hegg, il faut se rendre à l’évidence : tôt ou tard, les groupes arrivent à un tournant. Certains s’arrêtent alors au sommet de leur gloire (Emperor étant, à mes yeux, le meilleur exemple), tandis que d’autres s’engagent dans une spirale plus ou moins lente les conduisant sûrement vers une disparition bien moins glorieuse.

Dans le cas présent, il est compliqué d’identifier le point de rupture dans la discographie du groupe, tant Amon Amarth a toujours exploité le même filon et que, tout bien réfléchi, l’évolution stylistique du groupe est très limitée depuis maintenant plus de 10 ans (les mauvaises langues diront que le groupe sort le même album depuis 1998, avec plus ou moins de mélodie). Toujours est-il que Berserker, à mes yeux, est le premier album où le groupe semble réellement en quête d’un second souffle qui ne vient pas. Mis à part quelques petits sursauts d’orgueil, Berserker suscite en moi un sentiment de nostalgie, de l’époque où le groupe était encore une machine à tubes.

Le groupe a-t-il atteint son plafond ? Tout dépend de ce que l’on entend par plafond. Dans un certain sens, le groupe a déjà atteint son plafond il y a des années, et il se contentait de répéter avec succès une formule éprouvée. Ici, la machine a des ratés. « The Berserker at Stamford Bridge », par exemple, semble interminable, et ce n’est pas son final mélodique qui viendra sauver la mise. « Fafner’s Gold » est probablement l’opener le plus faible du groupe depuis Fate Of Norns. Faites le calcul, ça fait 15 ans que le groupe n’avait pas été aussi faiblard en matière de premier enfonçage de tympans.

Le cahier des charges du Petit Viking a beau être suivi à la lettre, on distingue ça et là les défauts dans la cuirasse. La corne à boire n’est plus en corne, mais en résine. Le drakkar est en carton. Les haches peineraient même à couper un saucisson. Le groupe pourra toujours se consoler sur scène en proposant un best of des compos qui ont fait la réputation des Vikings.

Mister Patate (5/10)

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Metal Blade Records / 2019
Tracklist (56:45) 1. Fafner’s Gold 2. Crack the Sky 3. Mjölner, Hammer of Thor 4. Shield Wall 5. Valkyria 6. Raven’s Flight 7. Ironside 8. The Berserker at Stamford Bridge 9. When Once Again We Can Set Our Sails 10. Skoll and Hati 11. Wings of Eagles 12. Into the Dark