Son: Correct, surtout pour le Bataclan.
Lumières: Simples mais classes pour At The Gates, bien foutues pour Behemoth.
Affluence: Complet.
Ambiance: bonne, option fans hardcore pour Behemoth.

Je ne comprendrai jamais ces concerts qui commencent à l’heure ! Mais voilà, j’ai donc raté l’opening de cette tournée pompeusement baptisée Ecclesia Diabolica Europa 2019 EV. Produite par Live Nation (merci le coup de bambou sur le portefeuille, juste après les fêtes), elle rassemble Wolves In the Throne Room, les vétérans suédois At The Gates et les survivants Behemoth. Les Polonais font l’objet d’une âpre discussion au sein de la rédaction, à laquelle j’ai donc décider de participer, en tant que touriste, en allant vérifier sur pièce. N’étant pas connaisseur de Black metal, je me suis dit que mon innocence vous offrirait une oreille neuve.

Las, grosse production oblige, Wolves In The Thrones a commencé à jouer à 19h, donc dès l’ouverture des portes… Le set a été expédié en 30 minutes, laissant sur sa faim ce barbu qui se console en buvant de la Ch’ti sur le trottoir. La soirée ne commence pas sous les meilleures auspices. Après avoir écouté quelques pistes de Thrice Woven, le dernier opus du duo d’Olympia (Etats-Unis). La traduction sur scène des longues plages invitant à l’introversion avait titillé ma curiosité, il faudra donc attendre.

Mais je suis bien à l’heure pour le show des Death métaleux d’At The Gates, qui m’avaient bien retourné la tête lors du dernier Netherlands DeathFest. Le quintet profite de l’affiche pour défendre sa dernière livraison, To Drink from the night itself. Sans chichis, la bande de Tomas Lindberg s’empare de la scène et déroule son set avec précision. Porté par la présence de Tomas, l’énergie est communicative. Les morceaux alternent entre le dernier opus et les fondamentaux. Dans ce dernier registre, Cold prend toujours autant les tripes tandis que, parmi les titres plus récents, Palace of Lepers sort du lot.

A ce stade, il faut bien convenir que l’auteur de ces lignes, qui reconnaît son inculture crasse en matière de métal, a tout de la groupie de base dès qu’il s’agit d’At The Gates. Il est fort probable que vous vous en fichiez, amis lecteurs, vous que j’aime appeler Hannibal, mais au moins vous savez d’où ce live report est écrit. Ce qui est toujours utile. L’objectivité n’existe pas en journalisme, il faut donc être honnête et revendiquer sa subjectivité.

At The Gates donc. Le combo phare de la deuxième vague de la scène death suédoise livre une prestation sérieuse, appliquée, qui déboîte sévère. Le son, très correct, du Bataclan, aide. Mais c’est surtout l’engagement de Tomas vis à vis du public qui fait la différence avec les suiveurs. Et, malheureusement pour eux, avec le groupe suivant.

Behemoth donc. Le groupe qui fut, il y a quelques années en arrière, un des phares de la scène black metal constitue donc “le clou” officiel de la soirée. Seigneur que les Ricains sont cons de ne pas avoir compris que la vraie tête d’affiche joue en milieu de soirée. Mais passons. A titre personnel, je les accueille avec une vraie bienveillance, tant le dernier album a titillé plutôt positivement (en regard des ressentis de la team Metalchro) mes oreilles. Je suis assez favorable à un propos musical brutal. Il fallait donc vérifier sur scène.

Oui, clairement, on en prend plein les yeux. Fumigènes, pyrotechnie, décorum entre fausse secte sataniste et triangle illuminati… Déjà. Les costumes du groupe en rajoutent dans le délire, une sorte de croisement entre le look glam rock, des moines revisités par Tim Burton et le maquillage de Kiss. Des bandes préenregistrées ambitionnent de rendre l’ambiance du disque. Là, en contradiction avec 99% du public, qui communie totalement dans la messe noire de Nergal, il faut bien reconnaître que quand on mobilise autant d’artifices, c’est qu’on cherche à faire oublier quelque chose. Et le problème reste que ce quelque chose-là, c’est la musique.

Une demie heure de ce show (business) finit de me dégoûter. Je quitte la salle. Ouais, Behemoth, I loved you at your darkest. Il y a donc bien longtemps. Je ne regrette pas mes quarante balles, hein. Les 50. minutes allouées à At the Gates les valaient amplement.

Nathanaël