antimatter-LightOutCoverQue les choses soient claires, il ne s'agit pas de metal, pas une seule seconde. Même si on peut discerner de ci de là quelques guitares saturées, le groupe de l'ex-Anathema Duncan Patterson et de Mick Moss officie dans un registre qu'on pourrait qualifier de musique semi-organique,semi-électronique et fondamentalement SOMBRE. Mais se laisser rebuter par ce fait serait une bien grave erreur car cet album est une merveille. ' Saviour ', son prédécesseur avait déjà posé les bases : des ambiances tantôt pesantes, tantôt planantes, toujours mélancoliques voir dépressives.

La principale évolution réside dans le fait que le tempo est encore plus lent. Exit les quelques titres entraînants tels que ' Saviour ', ' Psalms ' ou ' God is Coming ', le mot d'ordre de ce ' Ligths Out ' est l'oppression. Le premier morceau de l'album est d'ailleurs le plus glauque de l'ensemble, histoire d'annoncer la couleur. Bruits de sirènes menaçantes, quelques arpèges de guitare acoustique et d'inquiétants murmures… 'Lights out as you hit the ground' en sont les dernières paroles et BAMMM … on se réveille comme d'un cauchemar avec les arpèges d'intro de ' Everything You Know Is Wrong '. La boite à rythme fait son apparition ainsi que toute l'instrumentation. Cette fois c'est Mick Moss qui assure le chant principal et c'est la tendance principale de l'album. Les deux chanteuses ont un rôle moins prépondérant que sur le précédent opus.
Le morceau s'achève même avec un plan de synthé assez psychédélique et inédit pour du Antimatter. Puis les titres s'enchaînent tous plus beaux et désespérants de noirceur les uns que les autres : ' The Art Of A Soft Landing' (peut-être la perle ultime de cet album) et sa montée d'adrénaline intenable avant le crash final et inévitable ; ' Expire ', titre d'abord assez sensuel mais qui finit par expédier l'auditeur à l'asile d'aliénés avec sa fin qui tourne en boucle jusqu'à en rendre fou ; ' In Stone ', qui monte aussi en puissance jusqu'au monologue de fin qui vient nous rappeler nos peurs les plus intimes concernant l'inéluctabilité de notre départ ainsi que sa ligne de basse envoûtante à souhait. On pourrait aussi parler de ' Dream ', paradoxalement un single en puissance ou de ' Terminal ', magnifique instrumental de fin … Mais de toute façon chaque titre est un joyau. Cette musique, pourtant déjà divine, est sublimée par les textes du duo, toujours aussi sensibles, réalistes, personnels et touchants au point de provoquer l'introspection chez l'auditeur.

Il faut du temps pour apprécier cet album car il n'est pas facile d'accès. Il se peut même que certains soient rapidement dépités tellement l'ensemble est noir. Mais il faut écouter cet album au moins une fois, en intégralité, dans l'ordre et le réécouter une seconde fois, en intégralité, dans l'ordre et recommencer, recommencer, recommencer encore jusqu'au moment ou enfin, on se sent apaisé et soulagé par cette catharsis. C'est à ce moment précis qu'on à enfin saisit l'essence de ce 'Lights Out'. Et il devient alors impossible de s'en séparer … MONUMENTAL !

Rano (10/10)

http://antimatter.free.fr/uk/

Mick Moss et Duncan Patterson : tout
Hayley Windsor et Michelle Redfield : voix féminines
Percussions : Jamie Cavanagh et Antimatter.

Strangelight records – United music company / 2003

Track listing (..:..) 01. Lights Out 02. Everything You Know Is Wrong 03. The Art Of A Soft Landing 04. Expire 05. In Stone 06. Reality Clash 07. Dream 08. Terminal