Combien de groupes ont osé faire un revirement brutal dans une évolution classique qui veut que les groupes avec l'âge mettent de l'eau dans leur vin ? Existent-ils encore des gens qui pensent que St Anger sera de la veine de Master of puppets où bien qui espèrent que Paradise Lost reviendra aux sonorités de Gothic ou Draconian Times ? Une chose est sûre, Katatonia n'a pas hésité à casser sa lente évolution vers la pop dépressive.

Viva emptiness est, des quatre derniers albums du groupe, le plus violent et le plus diversifié. Malheureusement pour les fans de la première heure, Jonas Renske ne chantera plus jamais en voix death, pour la simple et bonne raison qu'il ne peut plus le faire. Cela n'a pas empêché le groupe de durcir le ton. Et le quintet s'est comporté avec intelligence, car Last fair deal gone down est sans doute un sommet en matière de metal dépressif, il était difficile pour eux de remiser sans se répéter après que l'évolution sur les trois derniers albums fut ascensionnelle en matière de qualité. Mais Katatonia n'a pas définitivement tourné la page sur cette période, en témoignent des titres comme A premonition ou One year from now très dans la veine de Last fair deal gone down.

C'est surtout un titre comme Ghost of the sun qui ouvre cet album qui va étonner le fan, comme moi, établi depuis Discouraged ones. Ghost of the sun est empreint de violence tout en restant dans la veine mélodique typique du groupe. C'est Daniel Liljekvist, batteur de la formation qui apporte avec son jeu très dynamique (on a l'impression qu'entre Last fair deal gone down et Viva emptiness, il a mangé du lion !) une part non négligeable au nouveau son du groupe. Viva emptiness est aussi sans doute l'œuvre de Katatonia la plus difficile à appréhender, il faut de nombreuses écoutes pour se rendre compte que Katatonia vient encore d'accoucher d'un chef-d'œuvres.

Et en plus ils savent nous étonner avec un morceau atypique comme Burn the remembrance et son ton moins dépressif avec cette guitare légère à la limite du funky ou encore le très pop et presque joyeux Omerta avec une petite couleur celtique pour trancher avec le riff de Wealth dans une veine néo-metal puissante, ou encore le riff au flanger de Evidence. Les claviers n'ont jamais été aussi présents que sur cet album et on trouve comme toujours de véritables merveilles en matière de mélodies de guitare pondues par Anders Nyström ( a titre d'exemples le riff de Walking by wire). Et pour compléter cette œuvre artistique, ils ont encore fait appel au génie qu'est Travis Smith qui les a encore gratifié d'un visuel d'une beauté glacial. Superbe, une fois encore.

Vik (08/10)

http://katatonia.com/

Peaceville – Wagram / 2003

Track listing (..:..) 1. Ghost of the sun 2.Sleeper 3.Criminals 4. A premonition 5.Will I arrive 6.Burn the remembrance 7.Wealth 8.One year from now 9.Walking by a wire 10.Complicity 11.Evidence 12.Omerta 13.Inside the city of glass