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Pas de doute, le groupe de Seattle qui signe ici son sixième opus, n'a pas choisi l'option si confortable de la redite du précédent album qui leur avait permis d'accéder à la renommée internationale. Exit Andy Sneap (indisponible celui ci s'étant engagé à produire le nouvel album d'Arch Enemy), c'est Kelly Gray (Queensryche, Dokken) qui est venu derrière les manettes. Bon choix à l'écoute de l'album : ) De ce côté là donc, pas d'inquiétude, le son est énorme et l'on retrouve les grandeurs et les défauts qui font le style de Nevermore. Au rayon rescapé, c'est de nouveau Travis Smith qui s'est chargé de l'artwork, assez spécial, et qui reflète bien les textes… Les parties de guitares (mixées en avant) de Jeff Loomis – seul aux commandes aux guitares depuis 2 albums avec ce dernier – se font simplistes à la rythmique mais le bonhomme sait jeter une avalanche de solis percutants et de haute volée (dès enemies of reality d'ailleurs). Le chant particulier de Warrel se révèle toujours aussi agaçant quand il en fait un poil trop dans l'emphase, à noter l'utlisation d'effets (sur Ambivalent). Le groupe se situe toujours au carrefour du thrash (les rythmiques dignes de Testament), du heavy (les solis de guitares et le chant), avec un soupçon de death (grâce à l'effet de certaines rythmiques massives). L'album se révèle au final plus agressif que dead heart in a dead world, les rythmiques s'avèrent carrées et impitoyables (à écouter : "never purify", un grand moment avec la section rythmique qui écrase tout sur son passage) sans pour autant négliger les aspects mélodiques. La ballade "tomorrow turned into yesterday" est le seul moment de répit que le groupe accorde à l'auditoire, efficace, mais un peu téléphonée tout de même… Conclusion ?

Un bon album du groupe, auquel il manque peut être l'effet de surprise des albums précèdents, signe sans doute que Nevermore s'est installé dans le paysage métallique. Cela dit, ce cru devrait sans difficulté ravir les fans.

Web Hamster (08/10)

Ce tout nouvel arrivage de cette excellente formation de Seattle me laisse perplexe, même après plusieurs écoutes. Nevermore est un cas à part de la scène metal U.S. D'abord parce qu'il est très difficile de lui coller une étiquette. Quelque part entre le heavy, le thrash et le power-metal avec un chant tout à fait unique du fort talentueux Warrel Dane. Un chant toujours en voix claires, à la fois avec des relents du metal god Halford et un arrière goût lyrique et quelque peu haineux. Depuis ses débuts dans Sanctuary, formation dans laquelle il rencontre Jim Sheppard à la basse puis Nevermore avec sa fructueuse collaboration avec Jeff Loomis, très bon guitariste et surtout excellent compositeur et le non moins brillant Van Williams à la batterie, Warrel Dane s'impose comme un très grand chanteur, immédiatement reconnaissable. Et voici donc ce cinquième album du quatuor qui a la très difficile tâche de succéder au très bon Dead heart in a dead world. La première chose frappante est ce son âpre, qui manque de relief et de puissance. Certes, il apporte une couleur particulièrement sombre à cet album qui est marquant par sa noirceur. Le problème est que l'impact de cet album a été en partie éradiquée (c'est Van Williams qui paie le prix le plus fort avec un son de batterie vraiment faiblard).

On le regrette d'ailleurs autant quand on écoute les précédents enregistrements du groupe. Kelly Gray a fait un excellent travail avec Queensrÿche mais comment a-t-il pu enregistrer une guitare avec tellement peu de tranchant ? C'est bien dommage car cela apporte un handicap à ce Enemies of reality. En ce qui concerne la musique elle-même, Warrel Dane l'a dit en interview, ils sont très fâchés et cela se sent : il y'a beaucoup de riffs bien méchants comme sur Ennemies of reality ou Ambivalent (un riff proche du death metal). D'autres morceaux comme I, voyager ou Seed Awakening (qui est certainement un des meilleurs morceaux que le groupe ait enregistré) sont bien représentatifs du style du groupe, puissant et mélodiques. Mais, l'album comporte aussi des morceaux plutôt moyens par rapport à ce que Nevermore nous avait habitués, à titre d'exemple Tomorrow turns into yesterday, dans la veine de The heart collector, est à la limite du commercial où bien Create the infinite (ça riffe bien mais au bout du compte on n'en retient pas grand chose) et l'orientalisant et torturé Nouremon (ennuyeux sur la longueur).

A noter que Jeff Loomis s'est découvert une vocation de guitar-hero, il n'a jamais autant joués de solos (et il confirme qu'il est un excellent technicien) mais cela n'apporte pas grand chose à l'ensemble, ce genre d'interventions sont moins judicieuses que celles que l'on trouve sur les albums précédents. Au final comme je l'ai cité au début un sentiment mitigé : cet album est bien mieux que nombre d'autres productions qui sont sortis actuellement, mais par rapport à l'excellence de Dreaming neon black ou Dead heart in a dead world, Nevermore n'a pas réussi à remiser aussi bien, en espérant que le groupe ne soit pas arrivé au bout du rouleau. Quant au DVD, il y'a donc ce clip de Believe in nothing, un petit film comme une série B que l'on peut voir en fin de soirée : Ils ont mis un peu les moyens et c'est plutôt pas mal ; les deux autres sont plus banaux : le groupe en train de jouer avec différents prises de vues. A noter qu' il y'en a beaucoup pour Warrel Dane dans les clips, bien plus à l'image que les autres membres du groupe. Enfin les extraits live ne bénéficient que d'un son plutôt médiocre mais fait regretter tous ceux, comme moi, qui ne les ont jamais encore vus en concert.

Vik (04/10)

www.myspace.com/nevermorefans

Century Media / 2003

Track listing (40:53) 1. Enemies of reality 2. Ambivalent 3. Never purify 4. Tomorrow turned into yesterday 5. I, voyager 6. Create the infinite 7. Who decides 8. Noumenon 9. Seed awakening