Il faut se rendre à l'évidence, il y a bien une nouvelle scène metal américaine. Hatebreed et Killswitch Engage en sont les portes drapeaux les plus médiatisés ces derniers temps. D'autres groupes non moins talentueux attendent leur heure dans la pénombre. God Forbid en fait partie. Si la recette de base est la même, à savoir mélange de thrash et de hardcore, les God Forbid possèdent leur propre recette qui leur permet de se démarquer de la masse et d'affirmer leur identité.

Un côté hardcore, certes, mais nettement moins omniprésent que chez Hatebreed. Des passages mélodiques aussi, mais moins 'formatés' et immédiats que chez Killswitch. God Forbid affirme une identité thrash nettement plus prépondérante. Le quintet du New Jersey possède plus d'une corde à son arc, flirtant tour à tour avec le death metal, qu'il soit basique et old-school comme celui d'Obituary ou plus mélodique et moderne comme celui d'Arch Enemy, le power metal à la sauce Pantera ou encore le thrash des années 80 inspiré par Slayer et bon nombre de groupes de la Bay Area.
 
Ce petit côté rétro contribue à faire du groupe une figure d'exception parmi tous ces nouveaux arrivants. La technique est de mise sur ce 4ème enregistrement officiel (1 MCD puis 3 albums). Les frères Coyle constituent une paire de guitaristes talentueux et les soli mélodiques et très fouillés foisonnent tout au long des 9 titres. Leur qualité de riffeurs n'en est pas moins en reste, et ce dans tous les domaines. De la mosh part dynamique à souhait aux rythmiques saccadées les plus modernes en passant par tout l'art du riff thrash ou heavy, les Coyle sont experts en la matière et sont, de plus, soutenus par une section rythmique tonitruante.
God Forbid possède un autre atout majeur en la personne de Byron Davis leur chanteur. Celui-ci maîtrise un registre de voix assez vaste et impressionnant, rappelant Phil Anselmo époque Vuglar Display of Power, John Tardy lors des phases de chant les plus éructées ou encore Howard Jones (Killswitch Engage) sur certaines parties plus mélodiques et d'autres plus hardcore.
 
Comme le gang afro-américain à décidé de ne pas faire choses à moitié, ils se sont épaulés des meilleurs pour la réalisation de cette galette, à savoir Eric Rachel pour l'enregistrement, Colin Richardson pour le mixage et Travis Smith pour le graphisme.
La pochette de l'album est, une fois n'est pas coutume avec Smith, tout simplement sublime et la production de l'album parfaitement appropriée à leur musique, moderne mais sans pour autant sonner comme une copie carbone de celle Killswitch notamment… Un son un peu plus cru dans l'ensemble mais en aucun cas bâclé.
 
Cet album constitue en tout cas un joli pari qui pourrait permettre aux 5 affreux gangsta de récolter le gros lot en surfant sur la vague de succès des nouveaux groupes précédemment cités tout en rassemblant bon nombre de fans de metal plus traditionnel et old-school. Peut-être cette 4ème réalisation connaîtra-t-elle au contraire un relatif anonymat comme les précédentes mais ça, c'est le marketing et le bouche à oreille qui en décideront. La qualité musicale, elle, est indéniablement présente, mais le risque de paraître trop 'à l'ancienne' et pas assez catchy aux plus jeunes ou trop moderne dans le son et avec certains phrasés pas spécialement inhérents au metal aux moins jeunes pourrait desservir le groupe. Espérons que la communauté metal saura se montrer ouverte d'esprit pour ne pas passer a coté d'un tel groupe !
 
Rano (09/10)
 
 
Century Media – M10 / 2004
 
Track listing (41:41)
1. Force-Fed 2. Anti-Hero 3. Better Days 4. Precious Lie 5. Washed Out World 6. Living Nightmare 7. Soul Engraved 8. Gone Forever 9. Judge The Blood