monolithe-1Quand des membres d’Anthemon, The Old Dead Tree et Despond unissent leurs forces pour créer un side-project, il en résulte Monolithe, un groupe-concept qui officie dans un registre doom/death planant parfois à la limite du funeral doom. Pari risqué que de se lancer dans le grand bain avec un premier album constitué d’une seule et même piste de 52 minutes, pari en partie relevé. Il va sans dire que cette oeuvre s’adresse avant tout aux fans inconditionnels du genre, les autres risquant d’être bien vite rebutés par l’extrême lenteur de la musique et la linéarité (certes relative pour le style) de l’ensemble. Sylvain Bégot, maître à penser et unique compositeur de Monolithe a pris soin de diversifier les ambiances et alterner les dynamiques afin de garder l’attention de l’auditeur éveillée jusqu'au bout de l’aventure.

De ce point de vue là, Monolithe I est une réussite. Les passages s’enchaînent presque toujours naturellement, tantôt aériens, souvent funèbres et parfois plus lourds et rythmés. Il suffit de fermer les yeux pour devenir l’auditeur privilégié de la B.O d’une épopée mystique, aux prémices de l’Ere Quaternaire. Enregistré ‘à la maison’ il y a maintenant plus d’un an, cet album bénéficie d’une production honnête. Le son caverneux fait la part belle aux reverbs en tous genres, ce qui ne manque pas d’amplifier le côté mystique de cet effort. Le chant de Richard Loudlin est principalement axé sur l’aspect guttural et linéaire. La voix intervient en effet de manière assez sporadique et discrète, rarement plus de 3 ou 4 syllabes d’affilée. A noter qu’une voix déclamée et suave ainsi qu’une autre plus chuchotée ponctuent quelques-uns des breaks les plus aériens.

Vous l’aurez compris, ce Monolithe I est donc avant tout une histoire de guitares. Celles-ci constituent les fondations de l’oeuvre et lorsqu’elles ne remplissent pas l’espace sonore à l’aide de lourds accords plaqués, elles se font plus intimistes par le biais d’arpèges ou de leads cristallins. Certaines mélodies reviennent d’ailleurs plusieurs fois sous différentes déclinaisons, telles un fil conducteur. Il est simplement dommage que les trois guitares ne soient pas plus souvent utilisées de manière distincte, à l’instar des quelques magnifiques soli harmonisés. La batterie est en fait une boîte à rythme, ce qui n’est pas dérangeant pour l’occasion car le côté froid de la machine sied plutôt bien au style éthéré du groupe. Les rythmiques lourdes comme une chape de plomb sont légion et les quelques accélérations de tempo sont intelligemment amenées. Là aussi un léger bémol cependant : quelques breaks improbables arrivent comme un cheveu sur la soupe vers la fin, décrédibilisant légèrement ce Monolithe I. Le clavier est le seul instrument qui pêche assez ouvertement.

Mis à part les nappes envoûtantes et les quelques arpèges de piano, le synthé s’illustre trop souvent de manière grandiloquente et le choix des sons me paraît parfois discutable. Au final, ce disque demeure une surprise plutôt agréable ainsi qu’un vivier d’idées très intéressantes. La composition tout comme l’interprétation et la production sont globalement très réussis et les quelques choix qui m’apparaissent plus maladroits ne gâchent pas franchement le plaisir. Monolithe II devrait être disponible à la rentrée, espérons que ces petits détails seront corrigés, que l’utilisation des guitares sera plus audacieuse et que les claviers seront utilisés avec plus de parcimonie. Que l’aventure continue !

Rano (08/10)

www.monolithe.free.fr

Appease Me Records / 2003
Tracklisting (51:57) 1. Monolithe