C'est toujours un lieu commun de dire que la parution d'un second album est un moment crucial dans la vie d'un groupe. À propos de The Darkness, nous dirions même qu'il s'agit d'un moment risqué compte tenu du succès important de Permission To Land mais surtout vu le caractère très marginal du style de la formation. Le hard rock aux accents glam des Britanniques est si décalé que certains ont longtemps cru à la farce. Il s'agissait donc pour The Darkness de détromper ses détracteurs et l'on comprend pourquoi le groupe a pris un peu de temps pour s'atteler à la tâche. 

Le disque est cependant bel et bien là, après deux ans d'attente : une durée suffisante pour éviter de se montrer trop hâtif mais pas assez longue pour être oublié. On sent que The Darkness a joué ici sur deux tableaux : sur le single qui ouvre le disque, les Anglais ont poursuivi dans une direction musicale très proche de celle du premier disque. Des riffs hard rock simples et un humour déluré sont les fils directeurs d'un morceau qui atteint facilement sa cible sans pourtant, à mon avis, profiter de la fraîcheur d'un « I Believe in A Thing Called Love ». D'autres morceaux se placent dans une optique très proche : « Bald » avec un gros riff mais aussi un refrain réussi et bien construit ou l'entraînant « Is It Just  Me ». Ces titres sont bons mais, selon moi, ne sont pas les plus mémorables. 

C'est l'autre facette du groupe qui devrait interpeller les auditeurs. On peut en percevoir une esquisse sur le break de « One Way Ticket To Hell » qui voit le groupe recourir à une inspiration clairement orientale. Une bonne partie du disque voit en effet le groupe puiser dans une musicalité plus pompeuse et orchestrale, à l'image significative de la ballade « Seemed Like A Good Idea At This Time » que certains exécreront cependant. Ou d'un « English Country Garden », lorgnant vers le Queen de la période « A Night At The Opera ». Les parties acoustiques d'un « Hazel Eyes » auront plutôt des réminiscences à la Led Zep même si le refrain surprenant nous renvoie au monde asiatique. Le groupe nous a aussi proposé quelques titres plus simples (l'excellent « Dinner Lady Arms » ou « Girlfriend »), plus pop (à une époque on aurait dit « FM »), qui ne dépareillent pas dans l'ensemble, loin de là. 

Il est vrai que ces dernier sont soutenus par un Justin Hawkins posant sa voix avec de plus en plus d'assurance et par des soli plus mélodiques et plus maîtrisés qu'auparavant (« Dinner Lady Arms »). On sent le groupe plus à son aise et plus ambitieux. Et intelligent aussi. 

On pouvait espérer qu'il saurait de nouveau convaincre tant sa musique s'y prêtait, mais il semble bien que les événements ultérieurs (ventes décevantes, départ d'un leader pour une cure de désintoxication puis split) relèvent plutôt de la Berezina.

Baptiste (7,5/10)

 

Warner / 2005

Tracklist : 1. One Way Ticket To Hell… And Back 2. Knockers 3. Is It Just Me 4. Dinner Lady Arms 5. Seemed Like A Good Idea At Me The Time 6. Hazel Eyes 7. Bald  8. Girlfriend 9. English Country Garden 10. Blind Man