144301Rares sont les groupes qui, au fil des ans, ont réussi à mener leur barque aussi vaillamment et avec autant de constance que Marduk. Leur nouvel album, Rom 5:12, marque une nouvelle étape dans la carrière de ces infatigables black metalleux, avec quelques expérimentations parfaitement réussies qui font de ces Suédois un des plus grands groupes de black metal actuellement actifs.

Le titre de leur nouvel opus est déjà tout un programme. En effet, il s’agit d’une référence biblique qui dit ceci : « Par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché ». En bref, nous sommes tous pourris jusqu’à la moelle…

L’arrivée d’Arioch en 2003 m’avait agréablement surpris, tant ce nouveau beugleur insufflait une nouvelle âme bien plus noire encore dans une bête qui était déjà un des fleurons les plus sombres du monde du black. Enfin, on en attendait pas moins d’un chanteur qui avait auparavant officié pour Triumphator et Funeral Mist… Sa prestation sur Plague Angel était déjà excellente, et ses capacités en live ne sont plus à démontrer, étant donné qu’il est même parvenu à se réapproprier certains titres pour les rendre encore plus violents (un "Panzer Division" d’anthologie), mais son influence se fait bien plus sentir sur Rom 5:12 avec un registre incroyable, oscillant entre les borborygmes et les hurlements de bête blessée…

Toutefois, Marduk a énormément évolué depuis son dernier album et, à l’instar d’un Rammstein, nous propose un album riche et varié qui en déroutera plus d’un. Tout d’abord, adieu les morceaux au taquet du début à la fin (même si "Vanity of Vanities" risque de faire de gros dégâts dans les fosses), Marduk se contrôle et se maîtrise davantage, alignant des morceaux plus lents mais imparables, comme un "Imago Mortis" qui parvient, malgré sa lenteur, à distiller une haine et une violence incroyables, ou "1651", morceau enregistré avec le groupe de metal industriel Arditi, plage mid-tempo annonciatrice de calamités sur fond de batterie martiale et de grognements d’Arioch… À noter également, la présence sur "Cold Mouth Prayer" (qui devrait être le premier single) de Joakim Göthberg, ancien frontman de Marduk, pour un duo dantesque avec son successeur.

De plus, Marduk arrive encore à surprendre et à prendre ses auditeurs à contre-pied, avec "Accuser, Opposer", certainement un des meilleurs morceaux jamais composés par Marduk, qui commence par des incantations en latin pour ensuite faire place à un morceau sombre et pesant à souhait et mettant aux prises un Arioch littéralement possédé, éructant et crachant ses lignes de texte, à Nemtheanga, frontman du groupe Primordial, qui forme le contrepoids idéal à la folie de son compère sur ce morceau. La présence de chant « clair » peut sembler déroutante, mais elle permet justement de souligner encore la puissance et la haine véhiculées par le frontman des pandas de Norrköping…

Oui, Marduk a encore repoussé ses limites, bien plus loin que je n’aurais pu l’imaginer à l’écoute de Plague Angel et de leur live de Varsovie… Un album absolument indispensable pour tous les fans de Marduk et pour tous les fans de black metal en général. Quant à tous ceux qui affirment que leur meilleur album remonte à Heaven Shall Burn, je leur conseille d’écouter cet album attentivement…

Mister Patate (09.5/10)

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Regain Records / 2007
Tracklist (55:28) 1. The Levelling Dust 2. Cold Mouth Prayer 3. Imago Mortis 4. Through the Belly of Damnation 5. 1651 6. Limbs of Worship 7. Accuser, Opposer (feat. Nemtheanga) 8. Vanity of Vanities 9. Womb of Perishableness 10. Voices from Avignon