Carnet du Dr Patate, spécialiste ès traumatismes psycho-musicaux
 
Lundi 15 décembre : Un de mes confrères m’a transmis un cas des plus troublants, une victime d’une névrose noire et blanche, plus communément appelée « trvite aiguë ». Le sujet en question prétend avoir 14 ans selon le calendrier transylvanien et être la réincarnation de feu Fenriz. Face à mon étonnement quand à cette conception (Fenriz n’est pas mort), il m’a répondu, le plus naturellement du monde : « Vous avez entendu le nouveau Darkthrone ? Oui ? Alors, vous comprenez ce que j’entends par feu Fenriz ». Le sujet est en pleine phase de déni, à la suite de l’écoute du nouvel album de Satyricon, et tient des propos incohérents, clamant haut et fort que ce méfait ne peut avoir été composé par les artistes qui sont à l’origine du majestueux Nemesis Divina… 
 
Mardi 16 décembre : l’état du patient évolue rapidement, et le déni fait place à une colère noire, suscitée par la vue du dernier clip de Satyr, "Black Crow on a Tombstone". Il fulmine, vocifère, tempête et hurle à qui veut l’entendre (moi, en l’occurrence) que Satyr n’est qu’un produit formaté de la Star Ac’, un Horatio Cane de pacotille au look de rockstar pour minettes pucelles écervelées. Malgré mon statut de spécialiste, il m’est difficile de lui donner tout à fait tort, mais l’important est, à l’heure actuelle, de le remettre sur pied et de le calmer… Espérons que sa crise ne s’aggrave pas, car je crains qu’il ne me soit alors impossible de le récupérer…
 
Jeudi 17 décembre : mes espoirs s’amenuisent petit à petit. Le sujet avait pourtant, en toute apparence, repris du poil de la bête et commençait tout doucement à apprécier, dans une certaine mesure, certains morceaux plus musclés de cet album, mais il a rechuté : il est désormais abattu, déprimé, l’œil torve et le teint pâle. Le chaos a envahi son esprit, embrumé ses perceptions, et il se laisse hypnotiser par les rythmiques entêtantes du sieur Frost, qui, il faut le reconnaître, remplit parfaitement son rôle sur cet album. Adieu le mid-tempo prolongé, rebonjour le matraquage (occasionnel) de fûts en règle. Peut-être devrais-je creuser dans cette direction, insister sur ces aspects positifs pour convaincre mon patient de la qualité de cet opus… mais ne suis-je pas moi-même en train de m’auto-convaincre, et ce malgré l’hideuse vérité que cet énergumène m’a jetée au visage ? Cet album est-il si bon ? Je commence moi-même à douter…
 
Lundi 22 décembre : mon patient est souriant, aujourd’hui, et je pense qu’il est enfin parvenu à surmonter cet écueil. Il m’a fait part lui-même de sa résignation, ajoutant : «  De toute façon, Satyricon n’a plus rien fait de bon depuis 1996. Merci, Docteur, de m’avoir ouvert les yeux, je vais de ce pas me faire un bon petit Nemesis Divina ! ». Excellente suggestion, je crois que je vais en faire de même…
 
Mister Patate [5/10]
 
 
Roadrunner Records / 2008
Tracklist (42:55) 1. Commando 2. The Wolfpack 3. Black Crow on a Tombstone 4. Die by My Hand 5. My Skin is Cold 6. The Sign of the Trident 7. Last Man Standing 8. Den Siste