Behemoth-evangelionIl y a deux ans, presque jour pour jour, alors que les dernières notes de "Christgrinding Avenue" s’égrenaient et que le calme revenait autour de moi, j’étais tiraillé entre une satisfaction indéniable et une certaine crainte. En effet, malgré l’enthousiasme suscité par The Apostasy, je craignais que Behemoth n’en soit arrivé à un niveau tel qu’il ne serait plus en mesure d’encore évoluer. Tout au plus parviendrait-il une nouvelle fois à réitérer une telle prouesse, mais je voyais mal comment Behemoth pourrait encore faire mieux que The Apostasy.

Mais c’était mal connaître Nergal qui, perfectionniste jusqu’au bout des ongles, ne comptait certainement pas se contenter de faire aussi bien. Malgré un rythme de sortie effréné (Evangelion est en effet le 6e album du groupe en 10 ans), Behemoth n’a toujours eu de cesse de toujours repousser ses limites, et ce nouvel album ne déroge pas à la règle. Dès les premières écoutes, les choses se clarifient immédiatement : oui, Nergal est parvenu, une fois de plus, à propulser son groupe à un niveau supérieur. Que ce soit par des morceaux directs et surpuissants, tels que Shemaforash et ses influences orientales, ou par des morceaux plus pesants (Alas, Lord Is Upon Me, débutant sur un mid-tempo lourd avant une montée en puissance imparable), Nergal nous dévoile une nouvelle fois son talent, plus particulièrement sur Lucifer, l’un des morceaux majeurs d’Evangelion. Ici, point de blast beats effrénés, mais un morceau « posé », maîtrisé de bout en bout par un groupe au sommet de son art. 

Cependant, il serait injuste de réduire Behemoth à l’œuvre d’un seul homme. En effet, si Nergal est la tête pensante du groupe, Inferno en est le cœur, véritable métronome infernal qui dicte son rythme sans relâche… Sa réputation de batteur d’exception n’est certes plus à faire, mais son jeu a encore gagné en finesse, notamment sur les parties de cymbales de "He Who Breed Pestilence". Ses détracteurs lui reprochaient sa tendance à trop facilement opter pour le blast ininterrompu, ils devraient, cette fois, être satisfaits par l’évolution de son jeu : tout en restant un monstre de brutalité et de précision, Inferno est, lui aussi, parvenu à nous surprendre.

Mais un album de Behemoth ne se limite pas à la musique. En effet, le titre de l’album et l’artwork reflètent également une recherche approfondie. Ainsi, le thème de la couverture, la Grande Prostituée de Babylone, évoque la relation conflictuelle du groupe avec la religion (la Grande Prostituée chevauchant la Bête à 7 têtes étant le symbole, pour certains, des opposants au catholicisme). À l’évidence, Nergal et ses compères n’auront rien laissé au hasard…

Deux ans après la sortie de The Apostasy, presque jour pour jour, je ressens, une fois de plus, ces sentiments contraires qui m’avaient étreint à l’époque… Une nouvelle fois, Behemoth semble intouchable. Une nouvelle fois, il semble avoir atteint son apogée, mais peut-on vraiment en être sûr ? Evangelion peut être considéré comme l’opus magnum du groupe, l’apothéose d’une carrière déjà bien remplie. Cependant, étant donné l’évolution constante du groupe au fil des ans, tout porte à croire que cet excellent album ne sera qu’une simple étape de plus dans l’ascension irrésistible d’un groupe qui est appelé à devenir une légende.

Mister Patate (09.5/10)

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Nuclear Blast Records / 2009

Tracklist (41:54) 1. Daimonos 2. Shemaforash 3. Ov Fire And The Void 4. Transmigrating Beyond Realms Ov Amenti 5. He Who Breeds Pestilence 6. The Seed Ov I 7. Alas, Lord Is Upon Me 8. Defiling Morality Ov Black God 9. Lucifer