andrematos_mentalizePendant une semaine, vous pouviez lire ici-même une chronique où, en résumé, je me demandais où était passée la créativité d'André Matos, puisque j'entendais beaucoup moins d'arrangements et de subtilités que je n'en ai l'habitude sur ses albums. Mais, en résumé: le mp3 c'est le mal et Winamp c'est encore plus le mal. A savoir que j'ai dû changer d'ordinateur récemment et je n'ai retrouvé un lecteur correct que depuis quelques jours: je me contentais de Winamp depuis quelques semaines. Je me disais bien qu'il n'était pas normal d'entendre si peu de subtilités dans un album d'André Matos, produit par Sascha Paeth en plus. Mais j'avais beau modifier le son de Winamp… j'obtenais au mieux un résultat un peu plus correct mais rien d'extraordinaire. Alors que là, grâce à ce bon lecteur enfin retrouvé, la lumière m'est enfin apparue… 

Parce qu'évidemment, quand chaque instrument a la place pour s'exprimer, on entend la musique d'une manière tout à fait différente. Par exemple, I will return passe de poussive sous Winamp à marrante, agréable, avec ce qu'il faut d'arrangements etc… avec un bon lecteur. De manière générale, des cordes, souvent à peine audibles sous Winamp, apportent le relief habituel des chansons d'André. Le côté brésilien de certains arrangements ressort beaucoup plus; ils restent moins présents que sur Time to be free, mais ils sont bel et bien là. A vrai dire, autant dans Time to be free on pouvait mettre un tampon "arrangements classiques" sur telle chanson puis "arrangements brésiliens" sur telle autre, autant sur Mentalize toutes ces influences ont tendance à se fondre dans une même chanson. Avec en bonus un côté années 70 pour beaucoup de mélodies voire quelques structures. Ceci-dit, comme je le disais dans la version précédente de cette chronique: si on s'extasie de voir André s'inspirer presque à la note près (voire pas que « presque ») de morceaux classiques ou de rythmes brésiliens, pourquoi devrait-on crier au loup quand cinq ou dix secondes d'un morceau nous rappellent tel ou tel air ou structure « de moins de 100 ans » ? Enfin, la batterie me chiffonnait sous Winamp, mais finalement elle n'écrase pas les chansons au contraire, elle les porte voire les appuie… le travail d'une batterie quoi (même si je pense qu'Eloy Casagrande devrait voir à faire dans l'un peu plus subtil parfois… mais bon, il est jeune, il se défoule). 

Ceci-dit, je persiste à dire que le défaut principal de cet album est sa track-list. Je ne serais pas aussi catégorique que dans la première version de cette chronique, mais je trouve que plus on avance dans l'album plus on trouve des chansons qui ont véritablement une énergie, une âme. Et ça n'est pas une question de puissance sonore, puisque je considère qu'A Lapse in Time est une des chansons les plus "fortes" de l'album, pourtant c'est un simple piano-voix. Alors que dans les premiers titres… Leading on est certes une bonne introduction à l'album mais je trouve qu'I will return tient surtout de l'exercice de composition tandis que Someone else aurait gagné à avoir un refrain plus complexe… et comme le refrain revient souvent ça gâche beaucoup la chanson (ce qui est d'autant plus dommage que, vu la ligne de chant, si les instruments étaient mieux travaillés ça pourrait faire un très bon morceau, surtout avec ce texte et ce thème). Pourtant les chansons suivantes sont loin d'être simples, mais elles ont le petit plus d'âme qui me manque dans I will return et Someone else, voire Shift the night away. J'admets cependant que Power Stream est loin d'être très complexe, mais ça fait toujours du bien une petite chanson-défouloir de temps en temps. 

Le seul détail musical qui continue à me chiffonner est cette deuxième partie d'intro de When the Sun cried out, après les choeurs seuls: est-ce que quelqu'un qui a une importance pareille dans le metal mélodique a vraiment besoin d'un tel poncif du metal symphonique à chanteuse?! Alors que le reste de la chanson est vraiment bien en plus, avec ce côté « chaud/froid »… The Myriad est bizarre, mais j'adore la manière avec laquelle la musique est en fait pensée pour être le reflet des paroles… même si je pense que ça aurait pu être mieux fait/travaillé, mais peu importe. Mentalize (la chanson) a ses passages-cliché qui gâchent un peu les choses quelques secondes, mais c'est sans aucun doute "en préparation des concerts". Le plus important est que tous ces petits défauts qui me sautaient aux oreilles sont en fait diffus au milieu des instruments et autres arrangements, si bien qu'on y fait en réalité à peine attention: c'est beaucoup mieux comme ça. Je continue d'applaudire à tout rompre A Lapse in Time, simple piano voix avec tellement peu d'effet qu'on entend un métronome ou quelqu'un qui marque le rythme pendant le silence au milieu… c'est tellement plus beau quand la voix et les instruments sont bruts, ou aussi bruts que possible! Parce que c'est tellement plus naturel… "Trop de production tue la production", on ne le dira jamais assez. Le refrain de Violence est certainement un peu facile, mais c'est juste quelques secondes de moins au milieu d'un morceau excellemment bien composé, instrus compris (que c'est bien construit et joué, agaaaah!). On pourrait dire que cet album est moins subtil que Time to be free, mais bon il a toujours eu ses périodes le Dédé… et apparemment en ce moment est une de ses périodes période un peu plus "brut de décophrage". 


Au final, c'est un bon album d'André Matos… que je vous déconseille fortement d'encoder sur votre ordinateur, aussi pratique que ça puisse être. Surtout si vous n'avez que Winamp ou assimilé à disposition: vous passeriez vraiment à côté de la qualité de cet album. Moi-même je suis persuadée que l'album réel est en fait bien meilleur que les mp3 sur lesquels je suis bien obligée de me baser pour faire cette chronique. Je verrai bien quand j'aurai l'objet réel entre les mains! 

Conclusion 1: n'écoutez surtout pas une version rippée de cet album.
Conclusion 2: n'écoutez surtout pas cet album en utilisant Winamp.
Conclusion 3: est-ce une bonne chose de sortir des albums qu'on ne peut pas vraiment apprécier si on ne possède pas un matériel tip-top? *
Conclusion 4: est-ce vraiment une bonne chose d'envoyer des mp3 aux personnes chargées de chroniquer ce genre d'album? 

(* Le premier qui répond qu'il est normal d'avoir besoin de matos pour écouter du Matos se prend une armoire normande sur la tête. J'ai prévenu.)

Polochon (08/10)

www.andrematos.net

www.myspace.com/andrematossolo

SPV – Steamhammer / 2010

Tracklist (55:52) : 01. Leading On 02. I Will Return 03. Someone Else 04. Shift the Night Away 05. Back to You 06. Mentalize 07. The Myriad 08. When the Sun Cried Out 09. Mirror of Me 10. Violence 11. A Lapse in Time 12. Power Stream